J’ai souhaité, au travers de la mise en scène, intégrer le plus possible le public à cette magie qui opère à la création d’un récit. Inutile de lui mentir, le spectateur reste toujours pleinement conscient qu’il se trouve au théâtre et qu’une troupe de comédiens vient lui raconter une histoire. Autant, alors, le rendre actif et utiliser son imagination en le faisant lui-même acteur de son propre voyage. Évidemment, il n’est pas question de le laisser seul, sans lui donner les moyens d’éveiller son imaginaire. La troupe, la scénographie, les costumes, la lumière, la musique, le son : tout est là pour l’accompagner dans ce voyage féérique aux frontières
de la comédie classique et du théâtre familial.

Dans ce magnifique écrin qu’est le Théâtre le Ranelagh, la scénographie, construite sur un réseau de cent ampoules électriques, fait la part belle à la lumière.
La forêt, lieu central de l’histoire, sera signifiée par des arbres tombant du ciel, construits autour de ce réseau d’ampoules descendant du grill. Si elle est éclairée de manière classique quand des êtres « humains » y évoluent, elle s’illumine littéralement de l’intérieur dès qu’elfes et lutins y vagabondent, guidant l’entrée du spectateur dans le royaume des fées. Chaque ampoule de ce réseau est indépendante, permettant un jeu de chorégraphies étincelantes, et donnant une vie propre à cette forêt magique. Ce système unique offre aux spectateurs des jeux de lumières vivants et fascinants.

Pionnier d’une mise en abyme théâtrale, Shakespeare se joue des conventions et fait jouer aux personnages une pièce de théâtre dans le théâtre, durant tout le cinquième acte. J’ai souhaité m’appuyer sur cette originalité de l’œuvre pour offrir au public un regard unique dans les coulisses et l’intimité d’une troupe de théâtre, telle qu’elle devait l’être au temps de son illustre auteur.

Les costumes d’époque accentuent merveilleusement cette évocation. 

Ainsi, dès l’entrée dans la salle, les spectateurs peuvent observer les acteurs se costumer, discuter, se maquiller, et vivre avec eux leur préparation.
Pendant la pièce, tous les changements se font à vue, dans deux petites loges situées de chaque côté du plateau, repoussant un peu plus la frontière entre acteurs et public.
C’est également ce dispositif esthétique qui permet de monter la pièce à six comédiens – sans aucune compromission avec le texte – là où elle devrait en compter vingt-deux.