Carbet,Martinique : La ruée vers l’or

C’est sur la plage du Carbet, à l’approche des élections municipales, qu’elles ont éclos. En mars 2020, le sable s’est trouvé recouvert de multiples installations commerciales. Sous l’œil bienveillant des autorités de la commune, bars et restaurants se sont agrandis ou même ont été créés, comme une ruée vers l’or, l’or noir du sable noir de la côte caraïbe.

Depuis de nombreuses années, des projets de développement avaient été imaginés, certains même rêvant de faire de l’endroit un nouvel IBIZA, ce temple de la jet-set et des soirées endiablées. L’Etat lui-même y avait contribué, en laissant à la municipalité la gestion de la plage et en fermant les yeux sur les irrégularités de toutes sortes entraînées par la poursuite d’un développement sans égards pour la population ni pour l’environnement.

Aujourd’hui, les AOT (Autorisations d’Occupation Temporaire) ont fleuri. D’abord accordées à des habitants de la commune -souvent eux-mêmes pêcheurs, elles s’étendent désormais à des entrepreneurs de l’île, attirés pour leur business model par le faible coût de la location sur le sable.

Le monde de la nuit a eu sa part d’activité, faisant un temps du Carbet à la fois un lieu de fêtes particulièrement attractif pour les visiteurs et un enfer pour les riverains ravalés au rang de trouble-fête.

La plage n’est désormais plus un espace public, un espace « pour tout le monde ». Et que dire des impératifs oubliés de végétalisation du littoral ou même des tortues marines supposées y revenir pour pondre leurs œufs ?

Amis, aujourd’hui, le coronavirus nous oblige à une pause inattendue.

Amis, le coronavirus nous invite à réfléchir à demain, à rechercher de plus justes équilibres.

Qui fera le bilan des atteintes au droit, au vivre ensemble, au cadre de vie, à l’environnement ?

Qui fera le bilan des véritables retombées économiques de cette ruée vers l’or ?

Jean-Pierre MAURICE