A Nice, le premier festival CinéRoman vient de s’achever. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce fut une totale réussite. Créé par Daniel Benoin, directeur du théâtre Anthéa d’Antibes et son épouse Nathalie, ce festival mettant à l’honneur les films adaptés d’œuvres littéraires, a été couronné de succès. On ne pouvait rêver mieux pour clôturer cette année spéciale célébrant les cent ans des studios de la Victorine. Pendant quatre jours, le public s’est pressé aux masterclass et aux débats organisés au théâtre de l’Artistique et à la cinémathèque et toutes les séances des films projetés en avant-première en présence des équipes affichaient complet.
Le festival a démarré sous la pluie avec la venue d’Yvan Attal et de Charlotte Gainsbourg pour la présentation du film réalisé par ce dernier, Mon chien stupide, adaptation du roman de l’auteur américain John Fante. Comme pour Ma femme est une actrice et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, Yvan Attal est à la fois devant et derrière la caméra. Dans Mon chien stupide, il incarne Henri, un écrivain, en pleine crise de la cinquantaine. Il réfléchit à sa vie et considère que sa femme et ses quatre enfants sont les seuls responsables de ses échecs. Mais, un jour, un chien, mal élevé et obsédé, fait irruption dans le jardin de la maison et va peu à peu s’installer dans la vie de la famille, la bouleversant inévitablement. Le film, tantôt amusant, tantôt touchant, a fait une belle impression auprès du public. Il sortira le 30 octobre et bénéficiera sans aucun doute d’un excellent bouche-à-oreille.
Le lendemain, la réalisatrice Lucie Borleteau était accompagnée de Karin Viard pour présenter Chanson douce, adapté du roman de Leila Slimani, qui avait remporté le prix Goncourt en 2016. La comédienne, excellente comme à son habitude, incarne Louise, une nounou de plus en plus inquiétante. Engagée par un couple de bobos parisiens (Leila Bekhti et Antoine Reinartz) pour s’occuper de leurs deux enfants, elle se montre bienveillante et attentionnée au point de devenir très vite indispensable. Il faudra attendre le 27 novembre pour voir le film en salles.
Puis, ce fut au tour d’Arnaud Viard, le réalisateur et de Jean-Paul Rouve de venir présenter au public niçois Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, adapté librement du recueil de nouvelles d’Anna Gavalda. Ce film choral a touché en plein cœur les spectateurs du Pathé gare du Sud. Jean-Paul Rouve est bouleversant en homme qui remet toute sa vie en question, après avoir revu son premier amour. Il faudra patienter jusqu’au 22 janvier pour voir le film.
Enfin, pour clôturer cette première édition, les organisateurs ont ravi le public en faisant venir Roman Polanski et Jean Dujardin pour présenter J’accuse, adapté du livre de Robert Harris. Il fallait réserver sa place plusieurs jours à l’avance pour espérer assister à la projection. Dans ce film magistral qui a obtenu le Grand Prix du Jury au dernier festival de Venise, Jean Dujardin incarne le colonel Picquart, un héros oublié de l’Histoire, qui s’est battu contre l’institution pour identifier le vrai coupable et réhabiliter Alfred Dreyfus. J’accuse avec également Louis Garrel, Emmanuelle Seignier, Vincent Pérez, Grégory Gadebois et de nombreux comédiens de la Comédie française sortira le 13 novembre.
Durant la soirée de clôture, le président du jury Frédéric Beigbeder, accompagné de Danièle Thompson, Aure Atika, Helena Noguerra, François Berléand, Stéphane De Groodt et François Samuelson, a décerné le prix de la meilleure adaptation d’un roman au cinéma à Safy Nebbou, pour Celle que vous croyez, adapté du roman de Camille Laurens. Nicole Garcia a reçu le prix Ferret : on se souvient qu’elle a tourné à Nice Le fils préféré et Un balcon sur la mer. Quant à Roman Polanski, il a été honoré par un prix spécial de l’adaptation, amplement mérité. J’accuse est son 23ème film adapté d’une œuvre littéraire.
Pendant les quatre jours du Festival, de nombreux acteurs et réalisateurs ont fait le déplacement à Nice pour le plus grand plaisir du public. François Marthouret puis Julie Gayet sont venus faire des lectures. La comédienne et productrice a ainsi lu quelques pages du roman de Catherine Poulain, Le grand marin, qu’elle va prochainement adapter au cinéma. Michel Boujenah, Zabou Breitman, Nicole Garcia, Jean-Paul Rouve accompagné de David Foenkinos ont donné des masterclass. Frédéric Beigbeder, Yvan Calbérac, David Foenkinos ont débattu sur l’adaptation au grand écran et l’écriture romanesque. Un sujet passionnant dans la mesure où près de la moitié des œuvres cinématographiques est adaptée de la littérature.
Avec un tel succès pour sa première édition, le festival CinéRoman est sans aucun doute promis à un bel avenir.