Les Editions du ROCHER nous proposent un document d’une actualité et d’une humanité évidentes : L’école en prison, une porte de sortie, écrit par Cécile de Ram et Sylvie Paré.
Anciennes institutrices, elles sont toutes deux enseignantes à la maison d’arrêt de Nanterre depuis plus de 10 ans. Ces deux auteurs nous livrent, à tour de rôle la réalité de leur présence quotidienne dans cette prison pour hommes.

“Celui qui ouvre une porte d’école, ferme une prison.”
Cette célèbre citation de Victor Hugo mise en exergue du livre de Sylvie Paré et Cécile de Ram est une invitation a découvrir les choix, les difficultés, les ambitions de l’enseignement en milieu carcéral.
Ce texte écrit à quatre mains, est une sorte d’état des lieux de l’apprentissage en maison d’arrêt, qu’il s’adresse aux mineurs pour qui l’école est obligatoire ou aux adultes majeurs qui se retrouvent dans des salles de classe ne pouvant accueillir que 12 détenus maximum.
Qu’il s’agisse de cours de Français, de Mathématiques, d’Histoire, de la préparation d’un BEP compta., d’un BAC Pro. ou d’une formation professionnelle, chaque demande est étudiée en commission de classement par l’administration pénitentiaire.
Des cours de Français Langue Etrangère (FLE) sont également systématiquement proposés aux détenus non francophones.
“La connaissance est toujours un butin”. Maxime Gorki.
A tour de rôle, Cécile et Sylvie nous exposent leurs doutes et leurs engagements, leur passion, leur possible empathie …
Tout est prétexte a s’ouvrir à la connaissance, à la culture, a enrichir le vocabulaire, pour faire oublier pendant un moment le cliquetis des clefs, les portes qui s’ouvrent et qui se referment bruyamment.
Tout est bon pour créer de l’intérêt : réalisation de planches de BD, ateliers d’écriture, “un moment de liberté pour les détenus : écrire, c’est se retrouver, c’est aller au-delà de soi, c’est témoigner”.
Ce sont l’association Encres Vagabondes et la mairie de Nanterre qui ont rendu possible cet atelier d’écriture.
Lectures de textes d’auteurs, création de situations d’écriture, rencontres avec des écrivains, visites de musées, découverte des peintures, des artistes sont autant d’opportunités offertes à tous les détenus, car beaucoup ont un réel besoin de Culture.
Bien sûr il y a “l’échec scolaire, l’instabilité, la consommation de toxiques, l’image dévalorisée de soi, l’absence de motivation, la fatique et la gestion des problèmes liés à l’incarcération, les écarts d’âge”, autant de facteurs avec lesquels les enseignants doivent composer avant d’entrer en classe chaque jour.
Dans sa préface, Valentine Goby, couronnée par le prix des libraires en 2014 pour son roman Kinderzimmer, cite Hanna triste héroine du Liseur de Bernard Schlink, qui apprend a lire en détention avec Wiesel, Arendt … comme pour atteindre une sorte de rédemption ou plus justement un “rattachement à l’humanité vivante”.
Intuitivement, c’est peut-être le souhait d’une partie des 140 détenus sur les 1000 incarcérés qui intègrent tous les jours le centre scolaire de la prison de Nanterre.
Témoignage étonnant, émouvant, âpre et dur par moment, cet ouvrage m’a touché dans ce qu’il a de profondément humain et comment mieux vous suggérer la lecture de ce document autrement que par la description qu’en fait Robert Badinter :
« Un ouvrage de qualité qui rappelle l’action importante que mènent des enseignants chaque jour en prison, et qui touchera, je l’espère, un grand nombre de lecteurs. »
Merci Dominique pour nous faire partager un tel sujet.
L´école en milieu carcéral m´était inconnu. C´est pourtant, peut-être, un passage pour la réintégration, surtout après une longue peine.
Merci pour ce commentaire, le livre est passionnant c’est une photo à l’instant T de l’état de l’école en prison. A lire …