Laisser les cendres s’envoler : Nathalie Rheims (édition Léo Scheer)

Face à la mort d’une mère génitrice, les hommes ne sont pas égaux. Nathalie Rheims nous en démontre le phénomène.

Nathalie Rheims laisse pénétrer le lecteur dans sa plus profonde intimité : celle du décès maternelle. Elle revient sur le poids du silence qui a séquestré sa famille pendant des générations. Elle décrit sa relation distante avec sa mère qu’elle te tente de comprendre. Sa mère, éprise d’un artiste “gourou”, l’abandonne à son triste sort à l’âge de l’adolescence. Pour notre narratrice, la mort consciente de sa mère débute par ce drame. Cette séparation la plonge dans un profond désarroi qui s’accentue par une anorexie physique et silencieuse.

La narratrice voue une haine profonde au ravisseur du cœur de sa mère. Il faudra le décès réel de sa génitrice pour réaliser le gouffre de sa solitude.

Nathalie Rheims réussira à mettre des mots sur sa souffrance après des années de silence austère et peut-être salvateur pour son équilibre mental. Mais sort-on toujours indemne du drame de la mort de sa mère?

Nathalie Rheims revient sur son enfance troublée et liée par le silence. De son éducation, issue d’un monde bourgeois, juif et codifié, elle ne sort pas son égratignure au cœur. La résistance froide de sa famille face au bouleversement de la vie de sa mère et par conséquent de la sienne, reste énigmatique pour l’auteur. Elle cherche des réponses mais face au dénis de chacun elle se retrouve désarçonnée.

Ce roman est émouvant car la vérité est mise à nue. Nathalie Rheims se construit dans la fuite de ces liens familiaux obscurs. Elle refuse de transmettre à une descendance cette loi du silence. Ce roman a pu voir le jour car ses ancêtres ont disparu et que les lois de la famille se sont distendues.

Certains pourront reprocher à l’auteur son manque d’empathie mais son schéma éducatif est une enclume difficile à soulever. Nathalie Rheims analyse de manière psychanalytique les divers mouvements de sa vie et admet avec difficulté : le poids de l’hérédité.

Sortie prévue le 22 août 2012

Voici quelques citations tirées du roman:

“J’ai perdu ma mère. Elle a disparu il y a plus de dix ans. Ma mère est morte, je le sais. Mais, lorsque j’y pense, je ne ressens aucun chagrin, pas la moindre émotion. Tout reste plat comme une mer gelée, pas un seul petit frémissement à la surface de l’eau. Quand je pense à elle, il ne se passe rien.”

“Je savais les mots trop dangereux, et qu’apprendre le silence, c’était parler la langue familiale. Je ne savais pas encore, mais je le découvrirais assez tôt, que ne pas hériter me délivrerait de ce sortilège.”

“Tout m’étais indifférent. Je n’attendais que le moment béni d’oublier. Chacun jeta une rose en passant. Lorsque ce fut mon tour, le cercueil avait disparu sous les fleurs. Ce n’était pas un adieu. Il avait eu lieu depuis longtemps. C’était une distance supplémentaire, irréversible, l’enterrement de mon chagrin.”

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