Confessions d’un enragé ou la transformation d’un homme en chat !

L’artiste à surveiller chez Glénat, en cette rentrée c’est : Nicolas Otero ! Avec « Confessions d’un enragé », un roman aux graphismes attrayants en “one-shot, nous entrainant dans une plongée psychologique et évolutive de la vie d’un enfant, attaqué par un chat et contractant une maladie peu connue car éradiquée dans nos contrées civilisées : la rageLe récit d’une vie, pas à pas, entre combats intérieurs, humour, amour et furie ! Disponible depuis le 31 Août 2016 !

©Éditions Glénat
©Éditions Glénat

Les premières pages :

Maroc, été 1979 … dans la médina de Rabat … sa chaleur, ses senteurs exotiques, son souk, ses visages souriants … Liam Kateb a 4 ans ; il se souvient de cet été là, de l’exaspération que son frère provoquait chez lui, avec ses chamailleries de gosses, du barbecue que ses parents avaient préparés, de l’innocence et de la pureté de l’enfance insouciante, du bonheur intense de tous les moments partagés, entourés des gens qu’il aime … Puis ce moment, qui a fait basculer sa vie : un petit chat, seul sous un arbre, immobile, miaulant tous ces poumons lorsqu’il est allé récupérer le ballon de sa « coupe du monde » quotidienne jouée avec son frère !
Un petit chat qui semblait inoffensif et perdu et qui méritait bien une caresse … puis, le choc ; en un éclair, Liam se retrouve le visage lacéré et, c’est recouvert de sang que son grand frère le ramène à la maison … Liam s’est fait attaqué par un animal contaminé par la rage : ces jours sont comptés et cette rencontre marquera sa vie à tout jamais !

Nicolas Otero mène le récit de sa bd, un peu comme l’histoire d’une « possession diabolique » : après cet accident, la « maladie » ou plutôt, le « virus », va « l’accompagner intérieurement », comme si Liam, le personnage principal, se promenait sans cesse avec un « passager clandestin », un parasite vivant, qui définit ses faits et gestes au fil de sa vie !

©Éditions Glénat
©Éditions Glénat

Il matérialise cette douleur, cette sensation de petite mort intérieure, qu’est la contamination par une maladie « non curable », comme un saut « brut » et amer, un passage certain du monde enfantin dans le monde adulte, privé de douceur et de candeur : baigné dans un monde médical toujours perçu effrayant, froid par les enfants et l’absence de manière d’exprimer ces maux, vu la précipitation dans laquelle les médecins se retrouvent devant une urgence « vitale immédiate» telle que celle de ce petit garçon, il va interpréter sa possession en s’imaginant que le chat qui l’a attaqué vit en lui et lui propose un deal : le combattre ou se transformer !

©Éditions Glénat
©Éditions Glénat

Liam, ce petit garçon souriant et gentil, en cours de construction de personnalité, ne se connaît pas vraiment, manque d’expérience en situation et imagine que ses tracas et ses excès sont principalement dû à ce pauvre chat malade qui l’a attaqué … avec une part de vérité sur les séquelles de la maladie tout de même que Nicolas Otero nous explique au fil des pages grâce à un professeur !

Ajouté au traumatisme d’un déménagement impromptu, déracinement dans ce cas, afin de mieux être soigné en France, puis à la nécessité de s’adapter à un « nouveau » monde, pas très tendre, dans un quartier où les enfants s’amusent à tyranniser un petit chat pour faire pleurer sa petite propriétaire … Sa vie va s’avérer être une cascade de « déchirures » affectives successives : en s’imposant des « règles » de vie à respecter tout d’abord, car Liam ne doit pas « réveiller » le virus endormi quelque part dans son système nerveux, s’empêchant d’avoir des sentiments, le contraignant à une solitude profonde ; la séparation avec son seul ami, son chien joyeux , à cause d’un voisin idiot comme il en existe tant ! Un sans cœur qui ne peut comprendre que l’enfant s’est attaché, comble de l’ironie pour un « enfant chat », à un chien !! Lui permettant ainsi de développer petit à petit, une « haine »profonde, tout d’abord contre ce voisin et son fils handicapé puis contre d’autres personnes croisant son chemin au fil des années .

L’injustice, la différence, et l’incompréhension ne sont –ils pas la plus grande source de « rage naturelle » contre l’humanité ?!

©Éditions Glénat
©Éditions Glénat

Il développera alors un côté animal, devenant sombre, silencieux et constamment à vif, jusqu’à l’adolescence, où l’explosion d’hormones, les substances illicites, assagiront, passagèrement, sa « rage pathogène », et ou l’amour réel agira comme une drogue salvatrice avant de déchainer à nouveau les symptômes de son mal !

Les illustrations, entre innocence et réalité, l’humour et la poésie du conteur font de cette bd, un moment chaleureux de partage et de compassion envers le protagoniste principal ! L’auteur s’amuse de comparaison cinématographique : « mini-wolverine », « chat-garou », d’un petit clin d’œil a Gotlib dans le texte :« rhaa lovely », de référence musicale : « ses amis, ses amours, ses emmerdes » (Aznavour) … !!!

On notera le talent de Vérane Otéro : Fabuleuse couverture et colorisation parfaite de l’entière BD ! On est totalement plongé dans l’ambiance des souks ! Grâce à vous et aux fabuleuses illustrations, on ressent presque la chaleur des rues de Rabbat et l’ambiance qui y règne !!! Superbe travail !

Quand vous lirez « Confessions d’un enragé » aux Éditions Glénat, vous assisterez à la transformation d’un être humain en félin, vous découvrirez l’interprétation d’un petit garçon solitaire à l’imagination débordante sur sa maladie, et vous vous attacherez impunément au félin adulte qu’il devient !Une histoire vivante et attachante au possible, à mettre dans vos bibliothèques expressément !

A propos stef emma

Rat de laboratoire, BDphile, et couteau en second sur Le bon goût des choses ( végétarien, végétalien)

A lire aussi

“Première affaire” au cinéma : rencontre avec la réalisatrice Victoria Musiedlak et l’actrice Noée Abita

Mercredi 24 avril, sortira au cinéma “Première affaire”. Pour son premier long métrage, Victoria Musiedlak …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com