Deux cigarettes dans le noir, un récit bouleversant !

Julien Dufresne-Lamy, enseignant en région parisien (lettres) et écrivain, est l’auteur de deux romans : Dans ma tête, je m’appelle Alice, paru en 2012 et Mauvais joueurs, paru en 2016. Il nous propose aujourd’hui son nouvel ouvrage intitulé Deux cigarettes dans le noir, paru en janvier 2017 aux Éditions Belfond.

Clémentine est enceinte et après de violentes contractions, se précipite à la maternité. Au volant de sa voiture et dans un égarement certain, elle renverse une femme. Elle ne s’arrête pas.

« Il faut apprendre à être touché par la beauté, par un geste, un souffle, pas seulement par ce qui est dit et dans quelle langue, percevoir indépendamment de ce que l’on “sait” ». Pina Bausch

Très peu de temps après l’accouchement, elle découvre que Pina Bausch, chorégraphe connue et reconnue dans le monde entier pour son talent, est décédée. Clémentine sombre dans ses souvenirs de cette nuit où elle aura vu, dans son rétroviseur, des cheveux gris. C’est Pina Bausch qu’elle a renversé, cela ne fait aucun doute pour elle. Elle aura donné naissance et détruit la vie d’une femme. La vie et la mort dansent ensemble sur la même musique.  Une errance débute sur un fond de culpabilité.

Son fils devient Pina, Pina devient une sorte de point d’ancrage, sa fixation. Le lecteur plonge dans une vie confuse, indéchiffrable et d’une instabilité inquiétante.

Mais ce qui fait l’originalité, et l’élégance du texte, c’est cette danse qui se mêle à l’écriture. Deux cigarettes dans le noir, c’est une écriture parfois saccadée, parfois à bout de souffle. Elle rappelle les ballets de Pina Bausch, qui sont d’une merveille sans nom mais également d’une mélancolie étourdissante. Ces deux mondes, celui de Clémentine et celui de Pina Bausch, se répondent divinement bien.

La rythmique est parfaite. Les souffrances de Clémentine, dans un entrechat désespérant, nous sautent au visage.

Julien Dufresne-Lamy construit un monde, un univers, une tension. La célèbre citation de Jean Dembelé prend ici tout son sens : « On ne vit pas de la danse, on vit avec ».

Un récit bouleversant, qui n’aura pas manqué de me surprendre, de me bousculer. Une gifle, sèche et énigmatique.

Simplement brillant !

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