Inutile de vous faire les présentations du grand Jodorowsky, scénariste, et du non moins grand Georges Bess, illustrateur, à qui l’on doit, nombre de séries très connues … C’est avec ce nouveau cycle d’une de leurs séries phare des années 80, qu’ils nous reviennent en beauté : « La légende du Lama Blanc », éditée tantôt par les « humanoïdes associés », c’est à présent avec les Éditions Glénat que nous avons le plaisir de retrouver cette aventure mêlant la dure réalité d’actualité et de la poésie à une dimension cosmique !
Avec ce tome 2 intitulé : La plus belle illusion.
L’histoire :
Gabriel Marpa, surnommé le « lama blanc », vit retiré dans le temple d’Or, il a réussi à devenir légal d’un dieu à force de spiritualité et de méditation. Lorsque le Tibet se retrouve envahi par l’armée rouge dans les années 1950, détruisant les temples, assassinant le peuple, et voulant annihiler la religion bouddhiste par tous les moyens, quelques moines bouddhistes se mettent en chemin pour retrouver leur « guide spirituel » : le fameux « lama blanc ».
Dans ce tome 2 :
Le vent souffle sur les sommets enneigés… on aperçoit deux silhouettes de chasseurs, en quête de gibiers qui se fait rare depuis que les chercheurs de minerais ont empoisonné les terres …
Tout à coup, surgit une antilope… l’un des chasseurs un peu jeune se précipite, ne se doutant pas que la bête essaye déjà d’échapper à un bien funeste destin : quelques léopards l’ont suivi de prés … s’ensuit l’accident. Tandis que Kr-el, essaye de défendre son père, Ah-iou, et cette maigre pitance, les léopards ont raison de sa vie.
Pendant ce temps, sur les hauteurs du Chomolungma, Mandarava et Issim, ayant hérité des pouvoirs du « lama blanc », poursuivent leur rite initiatique pour atteindre une forme immatérielle. Complètement blessés par la souffrance du clan de Kr-el, ils décident de faire parler le défunt une dernière fois afin d’apaiser la tristesse et le désespoir généré par sa perte.
Plus bas, le Tibet s’enflamme contre la répression impitoyable qui sévit : en cause, le général chinois Lao, qui n’hésite pas à corrompre et se proclame, mandaté du peuple de Mao-Tsé-toung. Il déclare faire renoncer le peuple à toute pratique bouddhiste.Dans l’ombre, les Allemands préparent également dans leurs laboratoires secrets un explosif plus puissant que les bombes nucléaires …
Plusieurs histoires différentes se construisent dans ce tome 2 intitulé « La plus belle illusion » et le lecteur à tendance à se perdre un peu au cours des pages … mais il vous faut être patient, le maître Jodorowsky sème la confusion pour mieux nous étonner lorsque le point commun de tous ces récits indépendants nous sera dévoilé dans les prochains tomes !
Après tant d’années, cette fabuleuse aventure n’a pas pris un cheveu blanc ; on a toujours plaisir à se laisser mener par ce scénario profond et intelligent avec comme toile de fond, ce Tibet, disputé depuis, des millénaires entre La chine , l’Inde, la Mongolie et le Népal… une terre enneigée au milieu de nulle part, ayant vu toutes sortes de nomades et de dynasties se proclamant tour à tour maitre de cette terre où la religion bouddhiste, religion méditative, cosmologique et philosophique, sera finalement majoritaire. Mandarava, une de ces protagonistes principales, est d’ailleurs dans la réalité une femme gourou née sous des augures miraculeux. Il s’amuse à nous initier à l’histoire entremêlée de fiction et de poésie.
On ressent un aboutissement dans les graphismes toujours aussi incroyables de ce grand voyageur de Georges Bess qui s’attarde sur le détail de chacune de ses illustrations. Tout est beau !
Si vous êtes déjà un fan de Jodorowsky, je n’ai nullement besoin de vous aguicher par un quelconque discours, vous devez déjà avoir ce petit bijou de série dans votre bibliothèque depuis quelques années déjà !! Si vous ne l’êtes pas, et que vous commencez votre initiation à la BD, vous pourrez profiter de cette fabuleuse aventure qu’est « La légende du lama blanc » grâce à cette réédition aux Éditions Glénat, une série à la fois enrichissante et lucide de par son côté historique et sa vision des conflits tibétains incessants, mais également de par cette irréalité apportée par l’imagination débordante des deux auteurs : un hymne à la beauté de la vie !