Tout le monde connaît la définition de l’inceste. Mais qu’en est-il de l’inceste psychique ? Quelles conséquences pour les victimes ? C’est ce que raconte Agathe Jouhanneau, victime d’inceste psychique, dans son témoignage “Papa tais-toi”, aux éditions Livio.
Résumé
Il vient de mourir. Enfin. Je ne pensais pas qu’il irait jusqu’à cet âge. Durant neuf décennies et demie, il a mangé, bu et fumé sans modération. Toute une vie d‘abus. Il a passé quatre-vingt-seize ans sur cette terre, et l’autre nuit il est parti, étouffé, incapable de respirer une fois de plus. Le monde sans lui n’est plus le même monde. La tonitruance s’est tue. J’ai de la peine en pensant au papa de mon enfance. Ces deux derniers mois, j’ai attendu sa fin comme une promesse de libération. Ce n’est pas le cas. Sa disparition ne change rien en moi. Je reste la même ou presque, sans doute un peu plus légère, plus sereine, comme si sa mort le punissait et que cette punition me rendait justice. Il est resté sept ans en maison de retraite avant de s’éteindre. Je ne suis pas allée le voir une seule fois. Je n’irai pas à ses obsèques. Chacun en pensera ce qu’il voudra, moi seule ai vécu ma vie.
Mon avis
Dans “Papa tais-toi”, publié chez Livio, Agathe Jouhanneau raconte le calvaire qu’elle a vécu. Un calvaire invisible, peu connu, mais qui a dévasté sa vie. Elle témoigne pour faire connaître cette agression si peu connue, voire reconnue. L’inceste psychique est vicieux, il ne laisse pas de traces physiques, mais détruit autant que l’inceste dit “classique”. Le témoignage d’Agathe Jouhanneau est important, pour prendre conscience des signes. Pour réaliser à quel point notre cerveau peut modeler nos souvenirs pour nous protéger, mais comme le corps à son tour traduit alors nos souffrances. On l’a cru folle, puis dépressive, on l’a mise sous médicaments, elle a fait près de 40 ans de psychanalyse. Toute une vie à chercher les causes de ses maux, et toute une deuxième à essayer de s’en relever.
Le sujet est fort et le témoignage important, cela est indéniable. Pourtant, je regrette l’écriture que j’ai trouvée cafouilleuse, avec de nombreuses erreurs de ponctuation et de mise en forme qui m’ont perturbée et m’ont régulièrement sortie de l’histoire. On gardera quand même en tête l’impact que peuvent avoir les agressions sexuelles et psychiques et les marques qu’elles laissent, à vie.