Deux ans déjà qu’Ana Mirallès n’était revenue en France. A l’invitation de Valérie et Patrice, libraires de la « BD » à la Croix Rousse, Ana est de retour ce 09 décembre 2014 pour le tome 12 du dernier album de « Djinn », « un honneur retrouvé », qu’elle signe avec Jean Dufaux, scénariste.
Nous la trouvons encerclée de Bandes Dessinées et de Lecteurs, concentrée sur une petite table.L’artiste s’applique sur une page blanche d’album. Elle dessine vivement et sûrement, le regard affûté contrôlant sa main.Sous une banale pointe de mine, la Djinn apparait dans ses drapés orientaux et ses courbes sensuelles. Dans le tohu-bohu, un cercle silencieux et paisible de création s’est imposé.
Brisant ce moment, nous la retrouvons autour d’un thé bienfaiteur.Ana Mirallès nous révèle que son but est de créer du rêve. Le sens du détail de ses dessins permet à l’esprit de voguer par delà les réalités. A preuve, certains lecteurs lui racontent des cases qu’elle n’a jamais dessinées.Illustratrice, Ana inscrit son travail dans les volontés du scénariste. Pour elle, la véritable beauté est celle qu’on ne peut voir. Les superbes héroïnes de Djinn ne sont que des clichés. Ana déplore que la beauté devienne parfois une marchandise.
L’artiste prend ses distances avec certains des personnages de « Djinn » qui affirment sous la plume de Jean Dufaux que « le meilleur moyen pour accéder au pouvoir est le sexe » car « le sexe perturbe l’ordre établi ». Or, pour y arriver, la beauté féminine s’inféode aux canons esthétiques. « Rien ne s’obtient sans rien », mais pour autant doit-on succomber au machiavélisme?
L’observation de Doña Mirallès absorbée sur sa table de dessin nous donne la réponse : la grâce de l’art pictural ne peut exister que par la grâce du geste de l’artiste
Ludovic Levy