La Bretagne aquarellée d’Henri Marret

Le musée des beaux-arts de Quimper consacre jusqu’au 17 Mars 2014 une exposition à l’œuvre du peintre Henri Marret et plus particulièrement à ses aquarelles du littoral breton, révélant son amour pour la magie de ces paysages aux lumières et couleurs uniques.

L’exposition « Henri Marret, parcourir la Bretagne » proposée par l’historien de l’art Patrick Descamps donne à voir une autre facette de l’artiste prolifique, avec un travail plus intime, libre et néanmoins continu tout au long de sa carrière. En effet si Henri Marret est connu pour le rôle central qu’il a joué dans l’art de la fresque pendant l’entre Deux-guerres et en particulier grâce à la paternité artistique de Maurice Denis et plus largement des ateliers d’art sacré, ses aquarelles demeuraient jusqu’alors oubliées. La présente exposition au Musée des beaux-arts de Quimper s’appuie sur un fonds d’atelier de plus d’une centaine d’œuvres conservé par les descendants de l’artiste.

Marret s’est passionné très jeune pour les arts graphiques, doté d’une grande sensibilité le petit garçon dessinait des modèles de parures au côté de son père bijoutier, affirmant son dessin et faisant vivre ses compositions au rehauts aquaréllés ; puis il rentre dans les ateliers à la toute fin du dix-neuvième siècle où il éduquera son œil aux effets de lumière aux côtés d’Eugène Thirion. Il connaîtra ensuite son premier succès au Salon des Artistes de 1901. Sa production maîtrisée mais toujours très soucieuse de plaire à la critique sera centrée sur le sujet, on le rapproche de la « bande des noires » (Charles Cottet, Lucien Simon, André Dauchez et René Ménard) caractérisée par une palette chromatique assez sombre avec des composition très bâties, s’opposant ainsi à un effacement progressif des formes et du sujet entamé par les impressionnistes. Après la première guerre mondiale, Marret excelle dans la représentation des villes détruites par la gravure sur bois. Mais, le support pour lequel il est marqua l’histoire de l’art est bien évidemment la fresque dans laquelle il excellait, notamment religieuse, où l’homme profondément catholique rendit grâce par la réalisation de chemins de croix pour nombre de lieux sacrés ou encore par sa monumentale composition de la vie de St-Vaast près la cathédrale d’Arras commandée en 1940. Ici c’est l’autre facette qui apparaît, personnelle, avec ses carnets d’aquarelles qu’il emplira de son regard sur les paysages bretons principalement avant avant la grande-guerre.

Catalogue de l'exposition paru chez Locus Solus
Catalogue de l’exposition paru chez Locus Solus

Henri Marret fit probablement son premier séjour dans le Trégor en 1896, on est donc très loin de la terre inconnue du début du siècle, la destination est devenue prisée des peintres, rendue accessible notamment par le chemin de fer. Mais que l’on ne s’y trompe pas, si depuis 1860 Pont-Aven est devenu une nébuleuse créative, l’affluence créé des rencontres de plus en plus éphémères entre les artistes et l’expérience solitaire prédomine, chaque peintre étant par la suite identifié à un lieu au cœur de son travail. Mais la curiosité de Marret le poussa à voyager, de la pointe du raz à l’estuaire ligérien, en passant par le Golfe du Morbihan et la côte sauvage. Si après la grande-guerre Marret n’exposera presque plus de paysages aquaréllés, il gardera toute sa vie une affection pour cette technique qu’il expérimenta à chacun de ses voyages en terre bretonne jusqu’en 1937, peignant sur le motif dans ses carnets voyageurs. Le bord de mer, les belles chapelles de l’arrière-pays, les chaos rocheux ou l’immensité des étendues dunaires se perdant dans l’horizon d’un ciel mystérieux – tels seront les sujets de prédilection du peintre. Si on peut y trouver une forme d’ascétisme en une figuration forte et assumée, l’équilibre des teintes, l’originalité des cadrages montrent l’émerveillement esthétique d’un curieux face aux paysages d’une région dont il ne se lassa jamais.

A l’occasion de cette exposition, un très bel ouvrage paraît chez Locus Solus revenant sur le parcours artistique d’Henri Marret : ses changements techniques, le rôle de la critique dans sa vie ; mais surtout la découverte de ses aquarelles intimes qui nous transportent sur l’itinéraire artistique méconnu d’une passion bretonne. Les très belles reprographies permettent d’apprécier outre la variété des sujets, l’évolution même de ses aquarelles durant près de 35 ans : des premières œuvres aux compositions solides et aux pigments concentrés jusqu’à la production plus tardive aux contrastes moins marqués, jouant sur les espaces et la lumière par des teintes diluées aux tons pastels. Une très belle idée de cadeau pour le père Noël si les esthètes ont été sages !

Informations pratiques: Exposition « Henri Marret, parcourir la Bretagne » jusqu’au 17 Mars 2014 au Musée des Beaux-arts de Quimper – Catalogue homonyme chez Locus Solus, 22€. Plus de renseignements sur : http://www.mbaq.fr/ et www.locussolus.fr

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