L’Étrange Festival 2016 : Trash Fire, la flamme d’un désir consumé

Du 7 au 18 septembre, le Forum des Images accueille la 22ème édition de l’Étrange Festival. Après nous avoir offert une pépite noire – Pet de Carles Torrens. Voici l’act II de “l’amour et ses déboires” avec Trash Fire de Richard Bates Jr. Une comédie dramatique acide et thérapeutique pour tous les amoureux transis.

Trash Fire

Le Pitch : Isabelle et Owen forment un couple explosif et parfais conflictuel. A l’approche d’un heureux évènement, la future maman pousse Owen à la présenter à sa famille, avec qui le jeune homme semble entretenir une relation traumatisante… 

Le film s’ouvre sur un monologue de Owen (Adrien Grenier aka l’éternel Vincent Chase de la série Entourage) dont les premiers mots résument son mal être : “J’attendais la mort de mes parents pour avoir la force de me suicider. Mais je ne l’ai pas eu.”  Trash Fire s’annonce sombre mais non dénué d’un humour noir, puisqu’on découvre aussitôt que le jeune homme s’adresse à une psychologue qui s’est endormie. En un simple champ contre champ, Richard Bates Jr instaure la dynamique de son film : mieux vaut rire du malheur d’autrui surtout quand il est autobiographique.  A savoir que Trash Fire a été écrit par le réalisateur alors qu’il traversait une dépression. Cette introduction souligne avec malice que son oeuvre thérapeutique ne se limitera pas à un déversoir cathartique, mais sera bien aux services d’une véritable histoire néanmoins rongée par une souffrance prête à s’enflammer.

Richard Bates Jr dissémine son mal être dans tous les personnages. Owen est un looser frustré, alcoolique et colérique. Isabelle (Angela Trimbur) incarne le rejet de son amour propre. Un amour perdu auquel Owen se raccroche tout en le rejetant tel un enfant incapable d’exprimer ses émotions : “J’ai besoin d’une femme, pas d’une deuxième mère“, tel est son excuse pour se défendre d’être le seul responsable de l’échec de son couple. Quitte à s’auto-détruire autant le faire en bonne compagnie, mais Isabelle n’est pas dupe et refuse d’être l’auteure de la rupture pour une simple raison : “Je travaille sur mon amour propre avant de pouvoir m’enfuir”. Une ironie mordante qui unie ce couple dans la douleur jusque dans l’intimité, où les rapports sexuels sont consommés avec mépris : “Tu dures plus longtemps que d’habitude… qu’est ce qui t’arrives ? C’est parce que t’as arrêter de picoler ? La prochaine fois laves toi, tes couilles sentent mauvais” se lamente Isabelle en plein ébat.

Si l’espoir ne vient pas de l’amour, reste la religion. Une fuite en avant selon Owen qui pervertit la santé mentale des proches d’Isabelle, et dont sa famille souffre aussi. Le monde entier semble illuminé par ce gourou qui rend fou. A l’image de cette séquence surréaliste où Isabelle zappe à la télé et remarque que chaque chaîne est prise d’assaut par des prédicateurs religieux. Richard Bates Jr broie du noir avec un cynisme hilarant, au point qu’on en oublie l’origine de son film. Ce que son final ne tarde pas nous rappeler, comme un écho à la scène d’intro. La boucle est donc bouclée avec un champ contre champ où l’on passe du rire à l’effroi. Trash Fire est un vrai-faux testament d’un suicidé. Richard Bates Jr. est un farceur qui a repris goût à la vie, pour notre plus grand plaisir.

https://youtu.be/rGrp4Xikq_w

A propos Yohann.Marchand

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