Si aujourd’hui je prends la plume, c’est pour faire un peu hommage à un livre que j’ai trouvé bouleversant. Une histoire qui me touche un peu plus qu’à l’habitude. C’est dans le silence que j’ai commencé ce livre et dans le bruit que je l’ai fini, à ma manière je rendais presque hommage à Frédéric Deban sans le faire exprès. Muré dans le silence complet suite à une brusque surdité le jour de ses 50 ans, le 18 décembre 2014, la vie de Frédéric Deban bascule. « Vos gueules les acouphènes, je n’entends plus la mer » est ainsi le récit de son histoire publiée aux éditions Guy Trédaniel.
Après une fête, peut être trop arrosée, Frédéric Deban se réveille sans un son. Il n’entend plus rien. Il ne comprend pas au préalable ce qui lui arrive. Mais les jours passent, les nuits aussi et Frédéric Deban finit par se trouver de « nouveaux amis », pas si amis que ça puisqu’ils se sont invités sans sa permission. Bruyants. Dérangeants. Des amis qui lui tapent sur le système et qui ressemble à s’y méprendre à une chaudière qui tourne sans arrêt en plein hiver dans la montagne. Les acouphènes seront alors son quotidien. En plus de cette surdité. Un quotidien plein de tourmente et de remise en questions.
Dans ce livre, Frédéric Deban souhaite surtout témoigner par une plume poétique son parcours, comment les acouphènes l’ont brisé, mais surtout comment il réussit à avoir encore à un peu d’espoir, même s’il a pensé à plusieurs reprises à quitter ce monde qui l’a dès la naissance mal accueilli. Il se livre un peu plus à chaque page, on finit par y voir un homme comme un autre, et non plus l’acteur révélé par une série, un homme qui se bat un peu plus chaque jour contre les acouphènes, contre « sa surdité naissante », un combat que beaucoup d’autres personnes dans le monde vivent. Un peu comme le porte parole de tous ces sourds qui ne peuvent pas dire haut et fort ce qu’ils pensent. Un peu comme toutes ces personnes « handicapées », sourdes, dont on ne reconnaît pas le handicap. Un choc entre le monde de maintenant et le monde dans lequel il est à présent plongé. Une maladie qui au départ aurait pu être soignée si elle avait été détectée mais qui finalement lui a fait perdre son oreille gauche et ne lui a laissé que 20% d’audition dans la droite. « Bienvenue dans le monde des sourds et des malentendants ».
« Vos gueules les acouphènes, je n’entends plus la mer » est à la fois un énorme « cri » contre ces acouphènes qui lui ôte le silence dont il était emprisonné mais est aussi un formidable livre pour se battre, Frédéric Deban est alors devenu le symbole d’une communauté encore trop mal écoutée, celle des sourds et des malentendants. Un livre témoignage qui nous force alors à vivre chaque jour plus intensément mais aussi qui nous bouleverse et nous force alors à comprendre un peu plus ces ennemis invisibles que sont les acouphènes. A lire de toute urgence, sans modération.