Les Editions Fidélité spécialisées dans la parution de livres spirituels et religieux, nous proposent le nouveau livre “que penser de … ? ISLAMISME” de Emilio Platti.
Après « L’islam, ennemi naturel ? », paru aux Editions du Cerf en 2006, Emilio Platti nous redonne a réfléchir avec son dernier ouvrage « Que penser de … ? l’islamisme ».
Emilio Platti, dominicain et théologien a commencé sa carrière d’islamologue à Molenbeeck, dans les années 60, dans un foyer de jeunes émigrés musulmans.
Professeur à Louvain, il enseigne également à l’Institut Catholique de Paris, et est membre de l’institut dominicain d’études orientales du Caire spécialisé dans la recherche sur l’islam.
Il s’intéresse plus particulièrement au rapport entre l’islam contemporain et la modernité. Dans une intéressante introduction, Emilio Platti nous explique que l’islamisme ou radicalisme musulman a pris naissance en Arabie et en Egypte mais aussi dans le sous-continent indien.
Cet islamisme est multiforme mais a des bases idéologiques assez claires, il lui est essentiel de revitaliser la communauté musulmane, longtemps obsédée par la modernité à l’occidentale, en rendant cette communauté homogène et en éliminant toute pluralité.Pour ce faire une violence extrême et un exclusivisme excessif qui n’est pas seulement anti-occidental, rejettent dans la mécréance non seulement les non-musulmans mais également les musulmans qui ont de l’islam une vision et une interprétation différentes.
Car tout est là, l’islam n’est pas un. De bonne heure il s’est diversifié en une pluralité étonnante de sectes et d’écoles, chacune se prétendant détentrice de la vérité révélée.
Si la communauté musulmane veut survivre à la crise actuelle elle devra intégrer la pluralité existante dans sa propre manière de penser.
Emilio Platti souligne un conflit entre deux tendances : l’une est modérée, enracinée dans la tradition, influencée par la pensée occidentale largement tributaire du courant soufi. L’autre est identitaire voire rétrograde, durement anti-occidentale, exclusiviste et violente. Celle-ci s’identifie à un mode de vie immuable régi par la Loi islamique la Sharî’a.
De nombreux mouvements militants radicaux se revendiquent de ces pratiques rigides, voulant imposer une société musulmane exclusive anéantissant purement et simplement toute diversité. Cette analyse nous amène a faire la différence entre islam et islamisme, une « école » serait modérée, parfois libérale, parfois mystique, vivant un pluralisme de fait, l’autre exclusiviste, prônant l’épuration et l’élimination physique.
Passant en revue les différents courants politico-religieux de l’islam : Sunnisme, Chiisme, Wahhabisme, ainsi que la confrérie des Frères Musulmans qui a une vision politique universaliste de l’Islam, l’auteur nous indique que l’islamisme a un objectif de retour à un état de droit divin tel qu’il a fonctionné au Moyen-Age.
Il oppose à cette volonté de ressusciter un monde provenant du passé, les « nouveaux penseurs de l’islam ».
L’un de ces penseurs, Mohammed Arkoun, intellectuel algérien qui s’inscrit dans la tradition des « lumières » françaises, historien de l’islam et philosophe, décédé en 2010, décrit comment les islamistes tiennent à leur système de pensée et d’action :
« Toute nouveauté est par définition une déviation, une modification inacceptable de ce qui a été fixé une fois pour toutes dans le passé.(…) Les gardiens suspendent ou bloquent la liberté d’interpréter la foi. (…) Ils prônent la force, et leur dogmatisme va jusqu’à tuer si on ne les suit pas. (…)
« La faiblesse majeure de l’islamisme c’est en effet de nier la consistance propre du créé, de l’histoire, de la culture humaine, de la pensée humaine, (…) car la culture est plurielle. (…) On a cimenté une certaine culture religieuse en l’attribuant à Dieu (…), de telle sorte que l’homme est écrasé sous une souveraineté divine qui lui enlève toute créativité même infime, alors que cette créativité est l’expression même de sa personnalité en tant que sujet. »
Ce livre intéressera toutes les personnes passionnées par l’actualité et soucieuses de comprendre la violence musulmane actuelle et ses racines historiques. Il est également essentiel dans le contexte du dialogue interreligieux.
La clarté de ce commentaire donne envie de lire ce livre dont le sujet très actuel pousse le lecteur à s’informer au delà des infos servies par les médias. Comprendre l’origine, les raisons d’une doctrine religieuse ou autre, n’est- ce-pas là un besoin vital ?
Sujet d actualité !
Merci