Mercredi 28 décembre sortira « La Passagère », premier long métrage de la réalisatrice Héloïse Pelloquet avec Cécile de France, Félix Lefebvre et Grégoire Monsaingeon. Comme son titre l’indique, le film fait le portait d’une femme d’une quarantaine d’années, libre, indépendante, qui, telle une passagère, va d’un lieu à un autre, d’une vie à une autre, portée par ses passions et ses envies.
Avec « La Passagère », Héloïse Pelloquet offre sans doute son plus beau rôle à Cécile de France qui n’a jamais paru aussi solaire et déterminée. Elle incarne Chiara, une belge qui a quitté famille et amis pour s’installer en Bretagne. Elle vit sur une île, avec son mari, un marin pêcheur dont elle est très amoureuse. Pourtant, un jeune apprenti qu’elle vient d’embaucher vient remettre en question cet équilibre…. A partir d’une histoire finalement assez classique, la réalisatrice parvient à faire un film charnel, plein de sensibilité. Elle magnifie Cécile de France et ses deux amours dans le film : Félix Lefebvre et Grégoire Monsaingeon.
Cécile de France a présenté le film en avant-première dans les Alpes-Maritimes, d’abord à Cannes à l’occasion des Rencontres Cinématographiques, puis à Nice. Elle nous a longuement parlé de Chiara, cette femme de 45 ans libre et insaisissable. Un rôle magnifique.
France Net Infos : Pourquoi avez-vous eu envie d’interpréter Chiara ?
Cécile de France : J‘avais vu les précédents courts métrages d’Héloïse Pelloquet, que j’avais beaucoup aimés. Je pressentais que j’allais avoir en face de moi une réalisatrice avec un style et un point de vue. Quand elle m’a envoyé le scénario de « La Passagère », j’ai trouvé que les scènes d’amour étaient écrites de manière franche, joyeuse, charnelle, assumées complètement dans cette recherche de plaisir et de joie du personnage. Et puis, c’est peu courant d’offrir aux spectateurs une histoire d’amour comme celle-là où un jeune homme tombe amoureux d’une femme mûre dans un contexte de travail. Là, on est dans quelque chose de naturaliste de par la précision des gestes de son métier puisqu’elle est marin pêcheur.
France Net Infos : Le film montre avec précision les gestes des marins pêcheurs…
Cécile de France : Oui, il y avait cette volonté de montrer avec précision ces gestes. J’aime bien l’idée que l’expression corporelle soit mise en avant parce que je viens du théâtre. Ca m’intéresse d’exprimer des choses avec mon corps. Je suis assez à l’aise avec ça…Pour que les gestes soient crédibles, on a fait un stage tous les trois sur le bateau sur lequel on a tourné. Noël, qui est un marin pêcheur, nous a appris les vrais gestes à accomplir. On a péché pour de vrai. C’était assez stressant d’ailleurs ! C’est un métier très physique.
France Net Infos : Chiara est libre, passionnée. Certaines femmes vont s’identifier à elle…
Cécile de France : Lors des rencontres avec le public à l’issue des projections, il y a eu des femmes qui nous ont remerciés de montrer une héroïne qui prend sa vie en main et qui assume sa recherche de plaisir sans culpabiliser, en s’affranchissant de tout ce que la société nous impose. Certaines nous ont dit qu’on les avait empêché de faire ce dont elles avaient envie. Chiara, elle, n’en fait qu’à sa tête et ça fait du bien de voir quelqu’un comme ça ! Des femmes nous ont dit que, le temps du film, elles avaient vécu par procuration cette liberté-là. Et puis, Chiara n’est pas enfermée dans les diktats de la beauté. Elle est en tenue de travail, pas en talons aiguilles.
France Net Infos : Chiara est belge et elle a été acceptée par les habitant de l’île. Vous avez ce point commun avec elle…
Cécile de France : Sur ce point-là, oui, on se ressemble. Pour le film, il y avait un challenge : mettre un peu d’accent belge. C’était une vraie audace car il fallait arriver à bien le doser. Ca me permettait d’avoir une voix plus grave et d’avoir un côté plus bourru, plus brusque. C’est un personnage désobéissant et j’adore ça ! Sinon, Chiara est plutôt éloignée de moi finalement. Ce qui me plaît beaucoup, c’est de pouvoir créer un personnage. Si je fais juste ce que je suis, ça ne m’intéresse pas. Moi, je suis plutôt docile, dans la norme. J’essaie d’être polie ! Chiara est une héroïne romanesque donc je n’ai pas voulu me comparer à elle.
France Net Infos : Comment expliqueriez-vous le tire, « La passagère » ?
Cécile de France : J’aime bien me dire que Chiara est de passage et qu’elle n’appartient à personne, ni à un pays, ni à une famille, ni à un homme. Héloïse Pelloquet voulait un titre au féminin singulier. En recevant le scénario, j’ai flashé sur le titre !
France Net Infos : Le film montre aussi beaucoup la mer, la tempête…
Cécile de France : C’est vrai que la force de ces éléments a quelque chose de Romantique. L’être humain est minuscule face à ces éléments. C’était une volonté d’Héloïse. Dans les scènes où on est en mer ou dans la nature, il y avait une grande jouissance.
France Net Infos : Quels sont vos projets ?
Cécile de France : Je suis dans la série de Cédric Klapisch, « Salades grecques », qui reprend en tant que héros les enfants de Xavier et Wendy. Je suis la tata sympa. Je trouve que c’est très réussi ! Et puis, j’ai tourné récemment le film de Martin Provost qui porte un regard sur la vie de Pierre et Marthe Bonnard.
La Passagère d’Héloïse Pelloquet avec Cécile de France, Félix Lefebvre, Grégoire Monsaingeon…au cinéma le 28 décembre.