Une histoire tragique et un combat de longue halène. Le 16 mars 2016, l’acteur Daniel Auteuil incarnera André Bamberski, dans le dernier film du réalisateur Vincent Garenq, Au nom de ma fille. Déjà connu pour ses films de société inspirés du réel, comme l’an dernier l’Enquête (affaire Clearstream) ou encore Présumé coupable (affaire d’Outreau), Vincent Garenq nous plonge avec brio au cœur du combat d’un père pour sa fille, pour que justice lui soit rendue.
Un drame à l’allure de Polar
Tout commence entre arrestation et flashback. C’est une intrigue, questionnante, bien menée, construite. Les éléments se mettent en place peu à peu. Les poils se hérissent par moments, frissons glaçants parfois, on évoque l’horreur, mais c’est surtout Kafka et son procès que ce film nous rappelle. C’est l’homme seul face au fonctionnement ou plutôt aux dysfonctionnements de la justice institutionnelle. Lui, André Bamberski interprété par Daniel Auteuil, toute petite chose, minuscule, cherche comment activer les rouages de la grande institution judiciaire, et déploie une énergie considérable. Quels recours ? Pugnacité, persévérance, dignité, ne jamais laisser tomber… 30 ans de procès, “Au nom de ma fille” rendus avec tout l’art du cinéma. Un combat qui ressemble à la force de l’amour d’un père pour sa fille, Kalinka.
Quelle justice, quel cinéma ?
Tout l’art du réalisateur semble être encore une fois de questionner le propos juridique. Zèle abusif pour présumé coupable, laxisme dans au nom de ma fille. Justice humaine, bureaucratique, corporatiste ; Justice subordonnée au nationalisme ; Justice existes-tu sans la volonté humaine ? Lundi 15 février, en conférence de presse à Toulouse, Vincent Garenq déclarait pourtant “ce n’est pas tant de l’aspect judicaire, que de l’aspect tiré de faits réels, dont j’ai besoin […] mais on y met toujours de soi, on imagine ce qu’on ferait en tant que père, etc.” C’est le portrait de l’homme qui interpelle donc avant tout le réalisateur et l’inspire entre fiction et réalité. Cet homme, le vrai, pas Daniel Auteuil, André Bamberski, était également présent. Pour lui, l’un de mérites du film est d’aborder, sans pathos inutile, à travers un fait concret, les difficultés face à l’institution juridique. ” La justice ce n’est que ce qui ressort de l’humanité de chacun des juges ou de chacun des procureurs. Est-ce qu’ils sont impartiaux, est-ce qu’ils sont compétents, est-ce qu’ils sont consciencieux ?” déclarait-il. Si le film Au nom de ma fille sort le 16 mars prochain, pour lui et l’association qui le soutient, l’histoire n’est pas terminée.
Eugénie Baylac
La bande annonce