Entre chiens et loups : Une inversion de rôles déroutante !

John Aggs, et Ian Edington s’approprient le best seller de Malorie Blackman : Entre chiens et loups, pour en faire un roman graphique percutant, édité sous la collection BD Kids des Éditions Bayard/Milan.  L’histoire traite de l’amitié naissante entre deux êtres d’ethnies différentes, et de son évolution au fil des années, tourmentée par les aléas de la vie, dans un monde proche de ce que fût l’Apartheid en Afrique du Sud … Le tout avec des rôles ethniques inversés !

Entre chiens et loups © BD Kids
Entre chiens et loups © BD Kids

Le décor :

Maison familiale des Hadley … Callum, fils de Meggie la servante et Perséphone, fille des Hadley jouent naïvement dans le jardin, sans se douter qu’un événement insignifiant, va venir perturber toute leur existence …
Mme Jasmine Hadley considère pourtant Meggie Mc Gregor comme une de ses meilleures amies, l’absence régulière de son mari ne lui permettant pas d’avoir de discussions ou de confidences à faire régulièrement !
Mais lorsque Kamal Hadley décide ce jour là de rentrer, au bout d’un mois de disparition, ce n’est sûrement pas avec la joie de revoir Jasmine, mais plutôt avec des « remontrances » ; aussi honnêtement que possible, et sans voir le mal, Meggie répond aux questions de Monsieur … réponses qui ne semblent pas être les mêmes que celles données par Mme Hadley !
Celui ci, fou de rage, frappe sa femme avant d’initier une dispute puis disparaît à nouveau … Jasmine se sent « trahie » par Meggie, et décide, après 14 ans de loyaux services, de se passer de sa présence amicale et protectrice, en lui faisant quitter la maison !

Les deux familles vont devoir « composer » avec cette situation et tout ce qu’elle va entrainer dans leurs vies respectives, surtout celles de nos deux protagonistes principaux : Perséphone et Callum, les enfants inséparables …

Entre chiens et loups © BD Kids
Entre chiens et loups © BD Kids

C’est le début d’une longue descente aux enfers, que Ian Edington nous « narre » : un scénario parsemé de rage, d’injustice, de rancœur et de rancunes … Avec pour toile de fond l’amitié entre les deux jeunes enfants : Callum et Perséphone qui, au fil du temps, se transformera naturellement en un amour inconditionnel ! L’originalité de l’histoire réside principalement sur le fait que les deux familles qui se déchirent tout au long de l’oeuvre, sont issues de deux « milieux » différents :

Callum appartient aux « Nihils », une race de personne à la peau blanche, les opprimés subissant des discriminations sociales,  peuple qui ne peut rivaliser avec des personnes prônant leur supériorité ethnique : les « Primas », le teint sombre, s’attribuant le monopole des inventions passées et des évolutions de leur histoire ! Il alimente son récit par de petits détails qui échappent à vous et moi dans notre quotidien et qui pourtant font la « différence » : comme par exemple, la couleur des pansements …

Entre chiens et loups © BD Kids
Entre chiens et loups © BD Kids

Un sacré pied de nez à notre propre destin, nous rappelant les différentes périodes sombres sur le brassage ethnique pendant les guerres, sur les ghettos, l’Apartheid et bien d’autres horreurs dont j’oublie les noms … Cette inversion de rôles a pour but de faire entrer le lecteur dans une empathie totale avec les opprimés, et de leur permettre d’essayer de comprendre la naissance de pensées ou d’idées « déviantes » comme la création d’une espèce de « résistance » jusqu’au recrutement extrême, où la haine, finie par mener un des protagonistes vers le terrorisme …
Ce « switch » blanc/noir est d’autant plus accentué par l’ambiance donnée par les illustrations bicolores de John Aggs ; son chara-design oscille entre réalisme et « comics like », révélant son talent dans le secteur « webcomics » !

L’idée de reprendre et de dénoncer des faits passés mais toujours un peu d’actualité : racisme, terrorisme, ségrégation … et de les transposer en inversant les rôles, donne à cette bd : Entre chiens et loups, parue le 3 Novembre 2016 aux Éditions BD Kids, une profondeur à la fois bouleversante et émouvante, qui reste tristement similaire à notre réalité …
Les auteurs, ayant adaptés si intelligemment, le roman de Malorie Blackman, remplissent le contrat haut la main !
Ce roman graphique de qualité, à lire à partir de 12 ans en milieu scolaire ou à la maison, permettra d’aborder des thèmes difficiles, et mènera les lecteurs à une saine et belle  réflexion sur la tolérance …

A propos stef emma

Rat de laboratoire, BDphile, et couteau en second sur Le bon goût des choses ( végétarien, végétalien)

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