Il y a un an que cela lui trottait dans la tête : faire un livre album avec des chansons aux thèmes différents. Sanseverino s’est mis à lire beaucoup de livres pour trouver une histoire à adapter en musique. Il tombe alors d’accord avec lui-même sur le choix du livre « Papillon », le célèbre récit autobiographique d’Henri Charrière qui se passe dans le bagne de la Guyane française. Cela donne un livre-album remarquable aux couleurs et aux textes chatoyants.
« Je fais une chanson mais dès que cela devient redondant, j’arrête ».
Le projet d’adaptation de l’histoire de Papillon en album n’est pas encore terminé que Sanseverino, demande l’autorisation à Robert Laffont qui accepte. Du bouquin, il a gardé les noms des villes, les « topos » de l’histoire. Une fois l’album fini, il le fait écouter à la maison de disques et demande à son voisin et ami Sylvain, d’en réaliser la pochette et les vignettes dans un style de BD. La maison de disques lui propose carrément de faire une bande-dessinée .
Pour Sanseverino qui avait lu le livre une dizaine de fois, c’était un « bouquin de secours » quand il avait une panne de livre. Le héros pour lui ? Un genre de « Breton ardéchois », une « tête brûlée » qui tente l’évasion. Pour Sanseverino, il est innocent. Sa seule erreur a été de prendre les jurés pour « des c… ». Pour le scénario, c’est Cécile Richard qui s’y colle. Elle écrit depuis toujours. Passionnée par le projet, et par Stef (alias Sanseverino), elle décide de faire une adaptation de l’adaptation de son chéri. Et ça marche ! Le trio réussit en quelques mois une œuvre réaliste, époustouflante au niveau du graphisme et du scénario bien pesé. On plonge dans l’univers de ce Papillon qui était un peu timoré, du goût du trio, dans la version cinématographique mais que l’on retrouve ici, dans une authenticité un peu « parisienne à la cool » mais surtout déconnecté de la réalité dans lequel il vit, en héros qui la survole. Un Papillon qui accepte beaucoup en s’accrochant à son rêve. Pour le dessinateur, la difficulté était d’intégrer le personnage du chanteur dans la BD. Et c’est réussi ! Dans le livre, Sanseverino est le héros qui raconte son histoire. Apparaissant comme le futur du héros, qui rebondit sur sa réalité. Douze chansons nous font cheminer dans l’histoire du bagnard.
« Un mélange de moi et de Willy Deville »
Pour Sanseverino et sa compagne, Cécile Richard, il leur fallait trouver un éditeur. Sylvain connaissait La Boîte à Bulles et leur a proposé le projet avec succès. Le graphiste s’est régalé : « quand on travaille avec des amis, il n’y a pas d’ego, on peut se dire les choses ». Issu de l’école des Arts décoratifs de Strasbourg, Sylvain Dorange s’est fait remarquer avec sa BD « Les Promeneurs du Temps » aux éditions Poivre & Sel. Il brocarde également l’actualité pour le magazine en ligne Rue 89. Pour ce travail, Sylvain a travaillé sur 7 pages de story-board par jour. Ce fan de Dodo et Ben Radis et de Marjane Satrapi a un style bien à lui. Il a pu se sentir gêné, au début, d’être un proche de son sujet mais au final le résultat a plu à tout le monde. Le chanteur s’y est trouvé « plus mince » et a contesté la forme des têtes de guitare mais ne dément pas le talent du graphiste : « Sylvain, c’est l’illustrateur parfait ! ». Sanseverino a grandi avec le Journal de Mickey et a pour cousin, Jean Fuchs de Hara Kiri. Nul doute que la BD était pour lui une évidence pour se glisser dans la peau d’un héros, un peu contestataire, un peu « grande gueule », un peu rebelle, un peu lui en fait.
Sortie : le 6 janvier
Nombre d’exemplaires : 5 000