“Toni, en famille” au cinéma : rencontre avec Camille Cottin et Nathan Ambrosioni

Mercredi sortira au cinéma “Toni, en famille”, le deuxième film de Nathan Ambrosioni. Cinq ans après le très réussi “Les drapeaux de papier”, le jeune réalisateur de 24 ans fait le portrait de Toni, une quadragénaire mère célibataire de cinq enfants. A 20 ans, elle a été une star de la chanson et son unique tube continue à passer à la radio. Plus de vingt ans plus tard, ses enfants sont désormais tous des adolescents et ses deux aînés s’apprêtent à quitter la maison pour faire leurs études. Toni se retrouve alors à un moment charnière de sa vie, qui va l’amener à se questionner sur son avenir et sur ses envies… Que fera-t-elle quand tous ses enfants seront partis ? C’est à Camille Cottin que Nathan Ambrosioni a confié le rôle de Toni. La comédienne porte le film sur ses épaules. Mère aimante, conciliante, parfois dépassée par les événements, désireuse de prendre sa liberté… La comédienne incarne avec beaucoup de justesse toutes les facettes de cette femme à laquelle on ne peut que s’attacher voire s’identifier parfois.

Le cinéma français et international regorge de films sur la famille et sur la figure maternelle mais Nathan Ambrosioni parvient à se détacher de ces références qui auraient pu être pesantes. Il a réussi un film plein d’humanité, souvent touchant, qui a le mérite de faire exister chacun des personnages. Même si Toni est le personnage principal, chacun de ses cinq enfants a sa place, avec sa personnalité, ses défauts, ses qualités.

Après le festival d’Angoulême, Nathan Ambrosioni ne pouvait pas ne pas venir sur la Côte d’Azur. Originaire de Grasse (c’est d’ailleurs là qu’habitent Toni et ses enfants dans le film), il avait à coeur de présenter son deuxième film à ses proches et au public azuréen. Accompagné de Camille Cottin, il s’est d’abord rendu à Mouans Sartoux, au cinéma où il allait régulièrement lorsqu’il était adolescent, puis à Nice, au Pathé Gare du Sud. C’est à l’hôtel Beau Rivage que nous les avons rencontrés, avant qu’ils n’aillent présenter le film au public.

France Net Infos : Avez-vous écrit le film en pensant à Camille ?

Nathan Ambrosioni : Oui, je l’ai écrit en ayant Camille en tête. Je la suis depuis le début de sa carrière. J’avais conscience que ce serait compliqué qu’elle accepte le rôle mais en écrivant le scénario, c’était assez réjouissant. Je l’imaginais déjà en train de jouer certaines scènes ! J’ai eu la chance que le scénario lui parvienne et qu’elle accepte de faire le film.

France Net Infos : Comment avez-vous réagi lorsque Nathan vous a proposé le rôle de Toni ?

Camille Cottin : avant de lire le scénario, mon agent et le producteur m’avaient dit que film parlait d’une mère de cinq enfants qui avait envie de reprendre ses études et que le réalisateur avait 22 ans ! J’étais déjà excitée et très curieuse avant même d’avoir le scénario en main. Après, en le lisant, j’ai trouvé qu’il était très différent de ce à quoi on pouvait s’attendre. Le regard que Toni porte sur son passé de chanteuse était plutôt inattendu. Ce qui m’a le plus touchée, c’est tout ce que le scénario raconte sur la famille, indépendamment des dialogues. Quel que soit son âge, on peut s’identifier aussi bien aux enfants qu’à Toni elle-même.

France Net Infos : Toni est une ancienne star de la chanson. Elle a fait un tube qui a cartonné. On vous entend chanter dans le film. C’est un exercice qui vous a plu ?

Camille Cottin : c’était un grand plaisir ! J’étais très contente parce que j’adore chanter. J’adorerais jouer dans une comédie musicale. Nathan est très mélomane et il avait une idée très précise de ce qu’il voulait. La séance d’enregistrement a été très agréable.

Nathan Ambrosioni : Camille s’est beaucoup investie dans cette chanson. Elle a pris des cours de chant.

France Net Infos : Beaucoup de femmes peuvent s’identifier à Toni. Elle a envie de trouver sa place dans la société, de ne pas être qu’une mère de famille aux yeux des gens…

Camille Cottin : la quarantaine est un vrai tournant pour plein de gens. On est à mi-chemin de la vie et on se dit que tout est encore possible. Toni est dans ce cas et elle se trouve en plus confrontée aux choix de vie de ses ados. Sa fille veut faire une carrière artistique, ce qui éveille des souvenirs en elle. Ils vont sûrement tous faire des études alors qu’elle, à leur âge, elle n’y a pas eu accès. Elle incarne bien ce moment de remise en question, ce désir de redonner du sens à son existence.

France Net Infos : Comment vous est venue l’idée de faire un film sur une mère élevant seule ses cinq enfants ?

Nathan Ambrosioni : J’ai une mère et j’ai des amis qui ont des mères aussi ! En fait, j’ai eu accès à beaucoup de représentations de la féminité au cinéma. Je pense que j’ai construit ma cinéphilie au moment où les rôles féminins étaient de plus en plus complexes. Avec Toni, j’ai essayé de faire preuve d’empathie, de voir ce qui pouvait me rapprocher d’elle. Quand j’ai fini mon premier film, j’ai dû, m’inscrire sur Parcoursup. Comme Toni, j’étais à un moment de ma vie où il fallait prendre des décisions très importantes. Je trouve qu’il y a pas mal de choses qui me rapprochent de Toni. J’avais très envie de la connaître. C’est aussi dans cette perspective que j’ai écrit ce film : pour mieux connaître Toni.

France Net Infos : Quelles sont les références qui vous ont nourri pour écrire le film ?

Nathan Ambrosioni : Il y en a beaucoup. Je pense notamment aux films de Greta Gerwig, de Noah Baumbach, de Richard Linklater, ceux de Kore-Eda et notamment “Une affaire de famille”.

France Net Infos : Ce qui fait l’une des qualités du film, c’est que chacun des enfants de Toni parvient à exister dans le film…

Nathan Ambrosioni : dans la première version du film que j’avais écrite, on les suivait indépendamment du personnage de Toni. Même si ces scènes ne sont plus dans le film, elles ont permis de comprendre ce qu’ils ressentaient individuellement. Après, il y a eu un travail d’élagage. Le but, c’était de rester avec Toni pendant tout le film mais de garder en tête ce qu’ils avaient vécu pour comprendre leurs trajectoires. Toni est le personnage principal mais je ne voulais pas qu’ils soient pas considérés uniquement comme étant ses enfants. A travers eux, je voulais aussi parler de mes amis d’une façon tendre, dans la beauté de leur adolescence. Toni se prend des coups de leurs parts mais au fil du film, ils évoluent vers l’acceptation, vers la tendresse.

France Net Infos : Les comédiens qui interprètent les enfants sont formidables…

Camille Cottin : Lors de la première lecture, quand je les ai rencontrés, j’étais tellement émue que j’ai pleuré ! J’ai été surprise par cette émotion qui m’a submergée. Ils sont brillants. Ils ont été des partenaires de jeu qui m’ont beaucoup portée.

France Net Infos : Le film a été tourné dans la région, dans des lieux que vous connaissez très bien…

Nathan Ambrosioni : Je suis fier de revenir ici pour présenter “Toni, en famille”. Tous les lieux qui sont dans le film sont des lieux que j’ai beaucoup côtoyés. J’ai imaginé l’histoire en les ayant en tête. On a tourné dans mon collège et dans mon lycée ! J’étais content qu’on trouve à Grasse la maison de plain-pied dans laquelle vivent Toni et ses enfants. C’est une région que j’aime beaucoup. C’est important que le cinéma français ne soit pas associé qu’à Paris. On peut vivre les mêmes choses à Paris et en province !

“Toni, en famille” de Nathan Ambrosioni avec Camille Cottin, Léa Lopez, Thomas Gioria, Louise Labèque…

 

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