1984 de George Orwell dans une brillante mise en scène de Gaële Boghossian

Le théâtre Anthéa d’Antibes vient de présenter 1984 de George Orwell dans une mise en scène de Gaële Boghossian.  S’attaquer à un monument de la littérature était un pari particulièrement risqué que le collectif 8 a relevé avec brio.

1984, le chef d’œuvre de George Orwell

Publié en 1949, le roman de George Orwell décrit un monde divisé en trois superpuissances. La population est privée de libertés et elle est constamment surveillée par Big Brother, à travers des « télécrans ». La langue parlée, devenue la « novlangue », est vidée de son sens originel, pour mieux rendre les habitants soumis, sans contestation possible. Pourtant, l’un d’entre eux va se faire remarquer. Winston Smith, employé du Ministère de la Vérité, va avoir une liaison avec Julia, une jeune femme  travaillant à la Commission des romans où elle imprime des livres pour le compte du régime. Elle a des rêves de liberté qu’elle lui insuffle…Ce qui va entraîner son arrestation.

Une brillante mise en scène de Gaële Boghossian

Au lieu de suivre chronologiquement le roman, Gaële Boghossian a fait le choix de mettre en scène la dernière partie : arrêté, Winston (Damien Rémy) a été enfermé dans les caves du Ministères de l’Amour. Il est torturé par O’Brien (Paulo Correia), haut fonctionnaire du Parti, dont la fonction est de ramener sur le droit chemin ceux qui ont désobéi, au point de leur faire considérer comme vraie n’importe quelle affirmation. L’adaptation du Collectif 8 prend l’allure d’un long interrogatoire. Lorsque le rideau se lève, Winston a les bras et mains enchaînés. Il est privé de libertés ; il est humilié et progressivement il sera privé de pensées et intègrera celles imposées par le régime. Il est à terre, et s’agite parfois tel un pantin désarticulé tandis que O’Brien, dans sa tour aux airs de mirador, ne cesse de le questionner et le pousse dans ses retranchements jusqu’à ce qu’il rentre dans les rangs et trahisse Julia (Judith Rutkowski).

Le collectif 8 utilise souvent la vidéo dans ses mises en scène. Elle n’a jamais semblé autant efficace. Comme un quatrième personnage, bien plus qu’un décor, elle se fait glaçante et appuie avec force le propos d’Orwell qui nous met en garde contre la restriction des libertés, la surveillance, la manipulation de la pensée qui nous menacent. En voyant la pièce, la phrase que Gaële Boghossian a écrite dans ses notes d’intention prend alors tout son sens : « monter 1984 aujourd’hui est pour nous d’une nécessité artistique vitale ».

A propos Laurence

A lire aussi

“Première affaire” au cinéma : rencontre avec la réalisatrice Victoria Musiedlak et l’actrice Noée Abita

Mercredi 24 avril, sortira au cinéma “Première affaire”. Pour son premier long métrage, Victoria Musiedlak …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com