« Aimée » : le nouveau Julien Doré est pop romantique aussi écolo que décalé.

Nouvelles chansons  electro pop, voix murmurée comme chez Gainsbourg, la pop lumineuse envoûtante de Julien Doré nous interpelle cette fois sur les déréglements du monde.  

Quel beau chemin parcouru pour cet artiste sacré artiste masculin de l’année aux dernières Victoires de la Musique et qui affiche succès sur succès depuis la Nouvelle Star (2007).

Cinq albums plus tard, le chanteur est de retour pour occuper le terrain dans le paysage de la chanson grâce à l’excellence de 11 nouveaux titres. Enregistré dans les Cévennes,  cet opus feutré et aérien fait figure de soleil automnal au milieu de la production grisâtre actuel, entre pop bricolée et techno sombre des gens de sa génération. Julien Doré est un fou amoureux de chansons et cela se sent. Lui est obsédé par la magie, la beauté, l’émotion que procure l’écoute d’une chanson, tout autant que par les mots, le son et  la structure, en en mot, le concept d’un album. Si la romance reste le fil conducteur de l’album, le dérèglement du monde est désormais une préoccupation vitale chez Julien Doré qui structure ses titres autour des changements climatiques, environnementaux et sociétaux. Dès le premier morceau « La Fièvre » ca démarre au ¼ de tour quand il annonce « le monde a changé, il s’est déplacé quelques vertèbres. Il suffit d’un seul refrain, où tout est dit. Les reste de l’album est du même tonneau. Baptisé « Aimée » en hommage à sa grand-mère maternelle,cet album possède de nombreux atouts : des mots élégants et racés, des musiques pop dansantes mâtinées de nappes de claviers ouatés, de piano et guitares discrètes. Les arrangements synthpop sont de subtils clin d’oeil à son ami  Christophe disparu au printemps (« Barracouda », à Angèle « Kiki », « Ami ») autant de ritournelles mutines portées par sa voix douce et fragile, une voix qui souffle les mots comme des caresses. Ces constructions ludiques rappellent tantôt Alain Chamfort  (« Nous », « la Bise » ) tantôt  Louis Chedid « Waf » titre aux boites à rythmes chaloupées. On trouve aussi des morceaux  totalement décalés comme « Waf » justement où Julien Doré fait rimer « Amour et Pastaga » tout en faisant chanter ses deux chiens, Simone et Jean Marc. Tout aussi surprenant « Bla-bla-bla » avec  les rappers Caballero & JeanJass. Côté textes, les mots se fondent parfaitement aux mélodies avec une certaine pudeur qui caractérise l’univers dandy romantique de l’artiste comme  « La fièvre » et “Nous”. Beau tour de force que d’évoquer dans “kiki”,  le style de “Kilian M’Bape”. Sur «L’île au lendemain”, on retrouve l’excellente Clara Luciani  sur ce titre electro pop littéralement envoûtant, avec cette voix qui rappelle étrangement…. Françoise Hardi.

Vous l’aurez compris, ce nouvel essai confirme tout le bien que l’on savait déjà de Julien Doré, artiste désormais incontournable de la variété française. Nous en tout cas ici, on adore cette chanson moderne dans ce qu’elle a de plus romantique, glamour et décalée.

 

Jean-Christophe Mary

« Aimée » (Columbia Records)

 

1-La fièvre

2-Barracuda I

3-Kiki

4-La bise

5-Nous

6-L’île au lendemain

7-Ami

8-Bla-bla-bla

9-Waf

10-Lampedusa

11-Barracuda II

 

 

A propos jean-christophe.mary

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