La Grande Librairie rend hommage à Jim Harrison

Comme chaque semaine, François Busnel recevra sur France 5 les auteurs de l’actualité littéraire.

Au programme 4 invités : Jo Nesbø, auteur de polars nordiques pour Soleil de nuit, David Foenkinos pour son nouveau roman Le mystère Henry Pick, le peintre Gérard Fromanger qui évoquera la rétrospective que lui consacre le Centre Pompidou à Paris, et Marie Darrieussecq pour Etre ici est une splendeur.

la Grande LibrairieFrançois Busnel rendra également hommage au grand romancier américain Jim Harrison décédé en début de semaine.Jim Harrison aimait la France, et la France le lui rendait bien. C’est chez elle que son lectorat y était le plus fidèle et assidu. Certains des romans de l’auteur de Légendes d’automne paraissaient, d’abord traduits en français, et sortaient aux Etats-Unis plus tard.

Dans sa quête de l’absolu, il y avait à son programme la dive bouteille, ses trois heures de marche au quotidien, la pêche au quotidien, les forêts et les rivières, les ours et les chevaux auxquels ils parlaient, les repas gargantuesques, ses 10 cafés par jour et autant de cigarettes, ses obsessions spirituelles polythéistes, les femmes, la chair sainte, la quête mystique et érotique, les mystères et les coups durs de la vie, et l’écriture pour digérer tout ça.

Il avait commencé à se faire connaître au milieu des années 60 avec un recueil de poèmes, Plain song, où il faisait usage du ghazal, cette forme très raffinée de poésie arabe, parole amoureuse chantant la beauté féminine. Après un second livre de poésie « Lointains et Ghazals », il publie son premier roman, Wolf , en 1971, qui raconte le parcours d’un trentenaire abandonnant sa vie citadine dans le but de voir un loup dans la péninsule du Michigan pour y capter son instinct primaire.

Son deuxième roman, Un bon jour pour mourir, est un road trip avec en filigrane la naissance de la sensibilité écologique ; il dresse le portrait d’un trio de personnages un peu paumés qui prennent la route d’est en ouest à travers l’Amérique avec le projet de faire sauter un barrage pour s’élever contre la dévastation des sites naturels.

Les années de vache maigre seront difficiles pour le grand Jim, en mal de reconnaissance ; il lâche son métier d’enseignant à l’Université, trop restrictif, tombe en dépression, accumule les dettes, songe au suicide. Mais sa rencontre avec Jack Nicholson va le tirer de ce mauvais pas. En signe d’amitié, l’acteur devient son mécène. Une porte à Hollywood s’ouvre quand il publie son recueil de 3 novellas, Légendes d’automne, que la Warner Bros lui achète à prix d’or. Des années d’excès, de cocaïne, d’orgie s’ensuivront jusqu’à ce qu’un rêve heureux vienne, par une belle nuit claire, le délivrer en lui présentant Dalva, une femme d’une étincelante beauté. Elle sera le personnage de son prochain roman, Dalva. Saga spectaculaire de la grande Amérique, ce roman impose Jim Harrison comme l’un des plus grands romanciers de son temps. Dalva est une femme pleine de fougue et de liberté. Elle est de plus en plus habitée par le souvenir de Duane, un ex-amant et métis indien, rencontré à ses 16 ans, et ignorant alors qu’il était son demi-frère. De cette liaison naquit un fils auquel elle renonça. Rentrant dans le Nebraska pour retrouver ses traces, c’est son histoire personnelle et les secrets de famille qui vont déferler dans sa vie, mêlés à l’Histoire de l’Amérique dont les exactions et le génocide indien ont jeté une ombre lourde sur la culture américaine.

D’autres grands romans suivront, dont la suite de Dalva, La route du retour, et Big Jim ne s’arrêtera plus de produire. Un roman avait trouvé grâce chez les siens, De Marquette à Veracruz. Quand on lui demandait pourquoi cette œuvre-là et pas les autres, il répondait que les histoires de grands prédateurs fascinaient les Américains, et pour cause, leur Histoire en regorgeait.

Jim Harrison s’est éteint lundi 27 mars dans sa casita en Arizona, à 78 ans.Dans un futur idéal, on pourrait imaginer le Gouvernement Américain décréter ce jour, fête et gloire à l’un de leurs plus grands écrivains.De plus en plus de lecteurs découvriraient ainsi, entre autres créations, Dalva.

Et qui sait si dans les maternités, dans les années à venir, des parents baptiseraient leurs filles du prénom brésilien pour évoquer cette femme née d’un rêve éclairé ? Dalva, à partir de laquelle tous les secrets d’une mauvaise conscience américaine sont remontés, tous les refoulés dispersés aux quatre coins des grands espaces du Middle West nourri du retour fantôme de l’Amérindien.

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