En 1924, à Douarnenez, une poignée de sardinières entraîne une révolte et une grève nationale, afin d’améliorer leurs conditions de travail. Ne tenant plus qu’avec « Le chœur des sardinières », chantant pour se donner du courage, elles embarquent dans leur mouvement les marins, et même leur nouveau maire !
Une tranche historique Bretonne, en mémoire de ces sardinières, et de leur combat, pour une vie meilleure.
Une tranche historique Bretonne, en mémoire de ces sardinières, et de leur combat, pour une vie meilleure.
Histoire complète, à retrouver depuis le 16 janvier 25 aux Éditions Steinkis. (+14)

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Le décor :
1924, Finistère, ville de Douarnenez…
L’activité principale de la ville se compose de plus de 23 conserveries de sardines. Aussi, lorsqu’on naît à Douarnenez, notre destin est vite tracé : si tu es un homme, tu seras marin. Si tu es une fille, tu seras sardinière !!! Et les sardinières épousent des marins évidemment !
Tous les jours, c’est la même rengaine !
On entend crier : » Merc’hed d’ar fritur » (les filles à l’usine) ! Il faut courir pour prendre son poste, et attendre que les bateaux arrivent au port. Quelquefois, c’est rapide. D’autres fois, il faut attendre que la houle se calme pour permettre aux bateaux de s’approcher. Et, pourtant, ces femmes et jeunes filles de 12 ans, quand elles n’en ont pas 8 ne reçoivent pas la paye qui correspond !
Le travail est compliqué : les odeurs de friture, l’odeur du poisson… Entre autres, car les sardinières doivent s’abîmer les mains sur les poissons en les décortiquant. Mais, pour tenir le coup, on entend des chants bretons. La plupart, des cantiques. Sauf quand le vent tourne, lorsque les prix augmentent et que les villageois ne peuvent plus subvenir à leur besoin !! Il est temps de se révolter pour une augmentation, et une amélioration des conditions de travail !!

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Le point sur la BD :
Un morceau d’histoire de Douarnenez,
entre lutte ouvrière, politique. Mais surtout, une voix nouvelle pour les femmes, publiée aux Éditions Steinkis !! Après nous avoir proposé deux albums de voyage sur le Sénégal, Léah Touitou se penche sur la vie des sardinières des conserveries du Nord. À travers le récit de la vie de Mona, une jeune maman vivant avec son mari marin, un peu trop souvent au bistro du coin. Sa mère, dont on découvre le drame au fil de la lecture. Et sa jeune Soizig, qu’elle destine à l’éducation, mais, par manque d’argent, qui sera obligée de suivre la destinée de chaque fille/femme de Douarnenez.
De sages et « soumises » au Patronat,
l’autrice raconte cette révolte de quelques mois, à l’aide d’un maire communiste, et de cette solidarité entre travailleurs de la mer. Les dialogues sont appréciables, avec un vocabulaire populaire, le chœur de ces sardinières s’exprimant par le chant. Et toutes ces expressions bien bretonnes, nous plongeant totalement dans l’ambiance de ce parcours du combattant. On baigne dans la culture, la vie même, avec ses drames, ses aléas, les difficultés à être entendues en tant que femme. Tout un parcours de vie auquel le lecteur reste accroché, comme si ce combat était le sien. On aime les représentations graphiques de Max Lewko, entre peintures réalistes, et illustrations colorées en fonction de la situation, en dégradé de pastels.

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La conclusion :
Un récit choral, féministe, biographique et historique, dans lequel on plonge avec ces protagonistes, et ces expressions bien bretonnes. Le chœur des sardinières aux Éditions Steinkis, nous apprend une lutte main dans la main, avec plusieurs corps de métier, mais surtout en chantant !!!
En fin de lecture, on retrouve la chronologie des événements, la médiagraphie, mais également un lexique précis de chaque expression bretonne lue. Un petit hommage, et un grand rappel de ce que peut être, un mouvement solidaire pour faire bouger les choses !!!