Festival de Cannes J11 : Stallone attire les foules, Virginie Efira séduit et Kechiche fait scandale

Vendredi, pour le dernier jour de la compétition, les festivaliers ont été mis à rude épreuve avec Mektoub, my love : Intermezzo, le dernier film d’Abdellatif Kechiche. Finalement il n’aura pas duré 4 heures comme annoncé initialement, mais « que » 3h30. Il fait suite à Mektoub, my love Canto Uno sorti l’année dernière. C’était l’un des meilleurs films de 2018, lumineux, évoquant la jeunesse et l’expression de ses désirs le temps d’un été dans les années 90.

Intermezzo commence, sans générique, sur la plage de Sète. Les personnages que l’on avait appris à connaître, Ophélie, Céline, Tony et les autres se baignent et discutent de tout et de rien. Les garçons viennent de faire la connaissance de Marie, une parisienne de 18 ans en vacances, et l’introduisent dans le groupe. Ceux qui ont vu le premier volet sont rassurés, en se disant qu’Intermezzo aura la même grâce. Seulement, passées ces premières minutes sur la plage, Kechiche nous emmène en discothèque avec ses personnages pendant presque toute la suite du film. Les filles dansent, se déhanchent sur des poles dances dans des positions très suggestives, parlent (un peu) et boivent. Marie, la nouvelle venue, se sent de plus en plus à l’aise dans le groupe. L’alcool et la musique aidant, tout le monde se rapproche de tout le monde. Kechiche filme ces corps qui bougent et surtout les fesses de ses jeunes actrices qui se trémoussent. La musique techno des années 90, très forte, nous donne l’impression d’être avec les personnages, en  boîte, mais dans une position de voyeur. Le spectateur voit devant lui des corps qui vibrent, des jeunes qui s’amusent, qui profitent de la vie. Les scènes s’étirent, presque en temps réel. Au bout de 2h30, Ophélie, qui va se marier dans moins d’un mois avec un militaire resté en Irak, va dans les toilettes avec Aimé, un copain de la bande. Et là, spectateurs pris en otage que nous sommes, nous assistons à une scène digne d’un film porno de plus de dix minutes. Puis, c’est le retour sur la piste de danse avec cette musique entêtante et ces fesses, toujours filmés en gros plans, qui se trémoussent.

Le film a été projeté deux fois : à 22h la veille et le lendemain à 8h30. Tous ceux qui l’ont vu et qui sont restés jusqu’au bout de la projection, sont sortis dans le même état, épuisés, avec la sensation d’avoir passé trois heures en boîte. Kechiche s’en est expliqué en conférence de presse : il a voulu faire vivre une expérience aux spectateurs. C’est le moins que l’on puisse dire. Il a filmé ce qui le fait vibrer, les corps, la musique. Il est loin d’avoir emporté l’adhésion des festivaliers. Beaucoup ont été choqués, exaspérés. Comme son titre l’indique Intermezzo est un intermède. Il reviendra avec un troisième volet avec une narration plus académique.

Après cette « expérience » proposée par Kechiche, les festivaliers et le jury se sont détendus avec le dernier film du réalisateur palestinien Elia Suleiman, It must be heaven. Derrière et devant l’écran, ES (comme il se fait appeler dans le film) fuit la Palestine à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil. Il se rend à Paris le 14 juillet, où il voit des tanks circuler en ville puis il va à New York, le jour d’Haloween. Avec Suleiman, on est en plein cinéma de l’absurde. Pas d’esbrouffe, pas d’effets appuyés. Il conserve du début à la fin cette mine patibulaire, en restant la plupart du temps muet. On pense à Tati, à Buster Keaton. De belles références pour ce conte burlesque qui  explore l’identité et le sentiment d’appartenance à un pays.

Enfin, la compétition s’est achevée avec le film de Justine Triet, Sibyl, qui nous a permis d’assister encore une fois à une belle montée des marches avec Virginie Efira, Niels Schneider, Adèles Exarchopoulos, Gaspard Ulliel, Laure Calamy. Justine Triet avait enchanté la semaine de la critique il y a deux ans avec Victoria. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, elle a retrouvé Virginie Efira pour incarner son personnage prinicipal. Sibyl est psy. Elle décide d’interrompre son métier pour se consacrer à l’écriture de son roman. Mais une nouvelle patiente va arriver dans sa vie. Une comédienne (Adèle Exarchopoulos), effondrée car elle est enceinte et ne sait pas quelle décision prendre, d’autant plus qu’Igor (Gaspard Ulliel) est lui aussi comédien et en couple avec la réalisatrice du film qu’ils sont en train de tourner. Cette nouvelle patiente va bouleverser la vie de Sibyl et réveiller des sentiments, des souvenirs douloureux de sa propre vie. Le film est construit sur plusieurs mises en abyme : la psychanalyse de la psy, le tournage d’un film dans un film. Ces strates se superposent, donnant différents éclairages de la personnalité de Sibyl. Virginie Efira est magnfique et prouve une fois encore qu’elle est une actrice capable de passer de la légèreté à la gravité en peu de temps.

En dehors des films projetés, la Croisette n’avait d’yeux vendredi que pour Sylvester Stallone. Il fallait savoir patienter plusieurs heures pour assister à la « conversation » qui était organisée dans la salle Debussy. Avec Didier Allouch, il est revenu sur sa carrière, sur les films qui ont fait sa renommée, Rambo, Rocky. Le public a pu poser quelques questions. Le soir, cerise sur le gâteau, il a monté les marches pour présenter quelques minutes de Rambo V : Last Blood d’Adrian Grunberg.

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