FILLE PERDUE de Nabiel Kanan

La Boite à Bulles fête donc ses 10 ans. Cette petite maison d’édition indépendante crée par Vincent Henry a su s’imposer lentement et sûrement grâce à un catalogue riche en auteurs talentueux tels que Nancy Pena, Vanyda ou encore Simon Hureau pour ne citer qu’eux et dont les livres ont connu à la fois succès public et critique. C’est ce catalogue que l’éditeur décide de mettre en valeur pour cet anniversaire en remettant en avant une sélection d’ouvrages : une occasion idéale de découvrir ou de redécouvrir certains livres et certains auteurs, ici c’est une des toutes premières publications de la maison qui ressort avec toute nouvelle jaquette pour l’occasion, FILLE PERDUE (LOST GIRL en VO), un court roman graphique de l’anglais Nabiel Kanan.

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La préface de Jean Paul Jennequin souligne justement que Kanan est un auteur qui vient un peu de nulle part. En effet dans les années 90, la plupart des auteurs anglais ont fuit aux Etats Unis, débauchés par DC Comics, le grand Alan Moore en tête, où ils sont allés réinventer les histoires de super héros. Dans le paysage, Kanan est donc un peu tout seul avec ses histoires intimistes, inscrites dans une banalité du réel, qui le rapproche assez de ce qui se fait dans la BD nord-américaine, en tous cas dans sa branche la plus indé. FILLE PERDUE nous compte l’histoire d’une jeune adolescente, Beth, traînée par ses parents en vacances dans un camping au bord de la plage. Bronzage, baignade, excursions en famille sans grand intérêt, bref, l’ennui, quoi. Seulement, Beth va rencontrer une étrange jeune fille. Elle est plutôt vulgaire, pas très sympathique, provocante, imprévisible, bref, le contraire de Beth en apparence et entre fascination et répulsion, la simple rencontre de vacances va prendre une tournure imprévue.

 

 

On devine aisément sur quel terrain (connu) le récit veut nous entraîner, à la fois chronique réaliste et métaphore de la période de la fin de l’adolescence. On est d’abord dérouté par un graphisme assez âpre, un trait fin, tout en hachures (qui peuvent rappeler celles d’un autre anglais, Eddie Campbell), un peu froid, pas très séduisant au premier abord, et pourtant on est happé : la longue scène d’ouverture, qui occupe à elle toute seule prés du quart du livre et presque sans dialogue, est très réussie. Le sens du rythme et du découpage fait merveille, sans un mot, Kanan suggère le trouble et nous fait accéder au monde intérieur de son héroïne. Ce sont d’ailleurs les planches muettes qui sont souvent les plus réussies. Tout le récit fonctionne sur l’attente, l’ennui, la langueur et la suspension et c’est de là que le trouble advient. On pense parfois à l’atmosphère des romans de l’écrivaine américaine Laura Kasischke, même sentiment de l’imminence de la catastrophe comme symbole d’une étape à franchir, celle d’un pied à mettre dans le monde des adultes. 

 

FILLE PERDUE – Un tome chez La Boite à Bulles – Sorti en 2003, réédité en 2013

 

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