La muse de Bernard Anton

Ben est un auteur franco-québécois, réputé pour sa poésie et ses engagements. Fervent défenseur de l’humanité, cet optimiste n’hésite pas à écrire pour dénoncer les vices de la société.

Outre son indignation face à la brutalité et le mépris pour la cause climatique, il s’inspire de la sagesse zen et des enseignements non violents. Profondément convaincu que l’Homme avec un grand « H » peut s’opposer à sa propre nature malsaine, Bernard Anton utilise l’Art pour transmettre ses idées sous la forme de haïkus et d’histoires. Ici, ce recueil de nouvelles et récits est vraiment accrocheur. Avec huit intrigues faciles à lire, l’auteur souhaite brasser différents sujets qui lui tiennent tant à cœur. Par ailleurs, l’une de ses « muses » se trouve être Brigitte Bardot, icône de la protection animale. Il lui a dédié l’ouvrage des Célébrades et un poème : Les Pétrolières dans les Lauriers pour l’Ukraine,  des livres que j’ai déjà découverts

La Muse, par Bernard Anton

Parmi les textes les plus marquants de ce recueil, le lecteur sera particulièrement touché par la générosité de Violette. Le livre est très rapide à lire, car il propose des récits brefs. Un dessin épuré à chaque début de nouvelle permet de mieux visualiser l’action. Cette illustration montre une silhouette attendant à ce qui ressemble à un abribus en plein hiver. Deux personnages âgés étudient, dont Mona et Violette, l’héroïne. Très altruiste, elle laisse transparaître son humanité : malheureusement, la pauvre Violette devient la cible d’un voyou… Le texte très poétique et d’une tristesse infinie, révolte et indigne. Pourtant, il s’agit bien là d’une scène peu anodine, qui pourrait se produire tous les jours. L’appât du gain brise des vies…

Un regard vers le passé

La plupart des personnages de Bernard Anton sont âgés. Ils entament des rétrospectives sur leurs existences teintées de regrets. À la recherche d’un frisson, d’une satisfaction, d’une ambition avant le rideau final. Par exemple, L’épouse de Gustave constitue la troisième nouvelle du recueil. Ce brave homme est issu d’une famille de forgerons, désormais à la retraite. Il cherche l’amour, jugeant ses nombreuses prétendantes… Jusqu’au jour où il croise la route de Sylviane, qu’il pense bien trop supérieure à lui. Alors, il envisage d’abord une aventure avec Alice, s’enlisant dans des relations où il n’est nullement respecté. Ces femmes se suivent et ne ressemblent pas. Comme le temps est compté, du fait de son vieil âge, il jette son révolu sur une autre… Mais les choses se compliquent, car le destin semble cruel avec Gustave : « Tant d’images me hantent, me rappellent l’heure dernière. » À l’aube de sa mort, aurait-il atteint la sagesse ? Est-il trop tard pour faire la rencontre de sa vie ?

Un recueil de nouvelles qui voyage

Tout comme les fables enseignent et transmettent une certaine « morale », les scènes dépeintes par Ben s’imprègnent bien de ce mécanisme. Les situations stressantes et les injustices décrites ont pour but d’alerter le lecteur. En ouvrant l’œil sur un monde multiple où chacun est différent, l’angle principal repose sur la tolérance et l’acceptation de l’autre. Il est communément admis que le voyage fait partie des façons de découvrir, de se remettre en question. Dans le recueil, le texte De Bruxelles à Florence se déroule en été 2017 et raconte les vacances en Europe du narrateur. Pendant ce voyage, il rencontre des personnages intéressants, discute de sujets divers et variés. Les descriptions des lieux sont fines, les dialogues se suivent… Malgré les obstacles de la vie et les retournements de situation désagréables, l’existence n’est ni noire ni blanche. Elle est un condensé des deux.

L’auteur croit en ses personnages

Voilà qui rappelle l’image du Yin et du Yang dans la religion zen. Ce symbole taoïste est un concept portant sur l’union d’énergies opposées, connectées. D’un côté la force féminine et l’autre masculine. Sans ce cycle, sans cet équilibre, rien ne peut perdurer. C’est d’ailleurs le choix de Bernard Anton : il ne sombre pas dans la caricature de ses personnages, mais croit volontiers en leur bonté profonde ou dans leur laide cruauté. Puisque Bernard Anton est poète, ses héros rédigent parfois des vers. Après tout, l’écriture consiste avant tout à proposer et présenter une part de soi… C’est pourquoi le recueil de La Muse offre une lecture engagée et éprouvante. Pour un artiste qui aime mettre l’accent sur la beauté de la nature, il convient aussi de ne pas se noyer dans l’idéalisme : i faut aussi dénoncer les bassesses de l’humanité. C’est dans une atmosphère souvent hivernale que le lecteur voyage, sans jamais s’arrêter très longtemps… Au cours de cette découverte, certains personnages suscitent une profonde empathie, tandis que d’autres révulsent. Sous un angle intergénérationnel, ce recueil original plaira même à ceux qui sont frileux, à l’idée de se lancer entre les pages d’un livre. En effet, la brièveté des récits et nouvelles permet à tout le monde de s’accorder un instant de littérature, en présence d’un poète écologiste, féministe et résolument généreux.

  • Date de publication : 15 septembre 2022
  • 162 pages
  • ISBN : 978-2-38417-605-2
  • EAN13 : 9782384176052
  • EAN PDF : 9782384176069
  • Editions l’Harmattan

A propos Mikael Buffard

A lire aussi

les-notes-rouges-Delcourt

Les notes rouges – Ed. Delcourt

Les notes rouges est un récit complet et bouleversant, de Nadia Nakhlé, paru aux éditions …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *