Lorsqu’on évoque Alphonse Daudet, on pense d’emblée à « La chèvre de Monsieur Seguin », ou encore à « La mule du pape », de savoureuses histoires racontées dans Les lettres de mon moulin. On ignore ou on oublie souvent que cet auteur du Sud de la France a aussi écrit Le Petit Chose, un roman autobiographique dans lequel il retrace son parcours rempli de difficultés et de désillusions, depuis son enfance familiale dans les Cévennes jusqu’à sa vie parisienne. La troupe des Collectionneurs, originaire de Saint-Paul-de-Vence, a eu la bonne idée de s’emparer de ce roman pour en faire un spectacle dynamique, plein de trouvailles, coloré et sensible. Il y a quelques mois, Le Petit Chose avait séduit le public du Théâtre Francis Gag de Nice, il vient de conquérir celui du théâtre Anthéa.
Sur scène, ils sont seulement cinq comédiens mais on dirait qu’ils sont bien davantage tant ils virevoltent et passent allègrement d’une scène à une autre ou d’un personnage à un autre. Daniel, qui n’est pas encore surnommé le Petit Chose grandit dans une famille aisée avec son frère aîné Jacques, qui a la mauvaise habitude d’avoir peur et de pleurer souvent. Malheureusement, l’entreprise familiale fait faillite et tous les quatre sont contraints de déménager à Lyon, puis de se disperser. C’est alors que Daniel doit voler de ses propres ailes, ce qui est loin d’être facile quand on est jeune, qu’on a des velléités d’écriture et qu’on est souvent raillé. C’est ce parcours et ses rencontres que nous donne à voir la troupe des Collectionneurs dans un rythme soutenu. On passe ainsi d’une salle de classe au décor d’une petite chambre parisienne, dans une mise en scène ambitieuse et énergique, soutenue par une musique entraînante et quelques anachronismes qui montrent combien l’enfance du Petit Chose peut être universelle et intemporelle.