Le Traitement, ou comment réécrire la vérité à New-York dans le XXème arrondissement

« Vous êtes venue à nous avec votre histoire, mais une fois que venez à nous avec votre histoire, cette histoire est aussi la nôtre. Parce que personne n’a une histoire rien qu’à lui ». L’avertissement, confié à l’héroïne accidentée de la pièce, semble aussi bien s’adresser au spectateur. Il est évidemment question de mise en abime dans Le Traitement, et plus encore de fenêtre sur le processus de création et du cruel miroir qui déforme la vérité pour y faire naître cette chose communément admise comme « art ». En soi, l’idée n’est pas plus excitante qu’originale – combien d’œuvres littéraires et cinématographiques populaires ont tenté de déconstruire la mécanique de la création ? –  et pourtant, les chemins empruntés par Le Traitement laissent pantois. Le plus souvent dans le bon sens du terme.

 

Dans un New-York qui aurait pu être celui d’une carte postale si les décors avaient été plus abondants – on saluera par conséquent la sobriété de la chose – un couple de scénaristes opportunistes, cyniques et calculateurs payent une jeune femme paumée, apparemment réchappée d’un mari légèrement timbré, afin qu’elle leur confie ses secrets pour qu’il en tire une « vraie » histoire. Plus tard, c’est au tour d’un auteur has been – brocanteur de pacotille à ses heures perdues – de rejoindre le cirque, et avec lui, l’histoire sordide d’un ménage à trois à laquelle il pense depuis un certain temps. Mais ces deux scénaristes charognards, corrompus jusqu’à la moelle par la dictature du spectacle, ne sont qu’une porte d’entrée. Rapidement, le récit s’élargit et offre une galerie de personnages étranges – généralement éclipsés par une délicieuse Mylène Larchevêque – à la limite du ridicule et à deux pas du burlesque détourné par l’utilisation d’une comédienne dans plusieurs rôles incongrus. Dans cette narration si tordue qu’il faudra finalement quitter la salle avec une amère impression d’inachevé – ou de mal terminé, au choix – c’est une somme d’instants en apesanteur qui restent en bouche. Situer l’espace scénarisé et soigner les arrières plans est souvent négligé, mais Béatrice Séchet s’est clairement amusé à peindre plusieurs dimensions dans sa pièce : une répétition hystérique en plein Central Park, une vieille femme adepte de scatologie et un chauffeur de « taxi » aveugle ponctuent ainsi Le Traitement en lui offrant de régulières bouffées d’air frais. Grâce à ces images décalées, l’affaire devient plus intrigante que fatigante. S’il ne fallait retenir qu’une image, ce serait ce moment de silence où une trottinette improvisée en taxi jaune tourne en rond et à l’aveuglette. Preuve que la magie du théâtre n’est pas morte, et qu’elle nécessite bien peu de choses.

 

Le Traitement

Mise en scène de Béatrice Séchet, avec Mylène Larchevêque, Claire Tatin, Raphael Greffe, Bruno Lagarde, Marc Alberto, Allan-Ricardo Ferreira & Flore Immel.

Dès la rentrée prochaine à l’espace Confluences, 190 boulevard de Charonne, 75020 Paris

 

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