Les nouveaux contes de la cité perdue de Richard Bohringer

Chacun veut vivre une partie de son rêve, créer son univers souvent utopique où les mots, les phrases et les livres ont une existence à part entière. Richard Bohringer décrit un nouveau monde basé sur l’entraide, le partage. Il condamne tous les travers de la nôtre qui se résume par le terme “profit”.

 

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Ces deux personnages, john et Paulo, se saoulent au café du “bout du monde” et créent leur monde sans trouble-faits. Juste la nature, les femmes et les bons mots règnent dans ce nouveau territoire. Un romancier perdu, fuyant sa propre existence rejoint un autre révolutionnaire qui n’a pas su imposer ses idées à l’ancien territoire. Les termes utilisés n’ont pas de demie-mesure. Les riches dominaient et tenaient en esclavage les pauvres dont le seul objectif est la rémunération. Il faut écraser son voisin, son collègue ou son ami pour se garantir une place au soleil dans un paradis fiscal. Les héros vivent dans un idéal mais gardent toujours un oeil critique sur leur ancien pays : la France. Ils vont participer à sa révolution mais de loin afin de préserver ce qu’ils construisent.

Richard Bohringer laisse une part importante à la littérature, à la difficulté d’inspiration (syndrome de la page blanche de Mallarmé). John est incapable d’écrire car il fuit son “hypothétique” talent, mais il persévère dans la création de son oeuvre grâce à son ami qui le soutient. Le lecteur comprend l’angoisse de l’écrivain : Écrire pour ne rien dire. L’auteur dédramatise la faculté de pouvoir aligner des mots afin de décrire une idée, un concept. La création de ce nouveau territoire est une page blanche que l’homme doit écrire avec sa propre existence.

Richard Bohringer utilise l’amitié comme ciment de cette nouvelle cité. Les phrases sont courtes, rapide comme les idées nouvelles. L’amour est violent, triste. Il est à la fois l’apogée d’une vie et à la fois une destruction. Ce roman se dévore, se boit jusqu’à l’ivresse.

Prenez le temps de déguster une bière avec ses deux acolytes au bistrot ” du bout du monde” et refaites votre monde !

 

Voici quelques citations tirées du roman :

 

” John s’était marié deux fois. Deux fois elles s’étaient barrées. Tout se barrait toujours dans la vie de Thierry. C’est pour cela qu’il s’appelait John.”

” La certitude venait du confort. Seule la pauvreté était compagne de l’incertitude. Le confort ne doute jamais.”

” Les plus beaux livres qu’il avait lus le rendaient plus fort. Il n’écrirait jamais comme Jack London. Voilà tout. Le plus dur était devant. De vivre sans génie. Pour la beauté des mots. Pour leur dire merci.”

” Paulo était un écrivain qui disait que dès que les mots étaient écrits, ils ne valaient plus rien sur terre. Ils devenaient célestes, une danse païenne qui dirait tout, qui dirait rien. Les mots saignent en silence à certaines heures de la nuit. Un silence hurlant. Écrivain. Il aurait voulu trouver un mot plus modeste. Érecteur, il aimait bien.”

” Rien n’appartenait à personne. Tout était à tout le monde dans une discipline librement consentie. Chacun travaillait pour l’autre. Une grande chaîne.”

” Cultivons notre bout de terre. Cessons de creuser son ventre et de boire son lait noir. Cachons-nous dans les bois. Soyons de ceux qui retrouvent la sagesse et perdent l’envie du trop-plein.”

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