N’écoutez pas Mesdames – Comédie de Sacha Guitry avec Michel Sardou et Nicole Croisille, au Théâtre de la Michodière à partir du 12 septembre 2019.
N’ÉCOUTEZ PAS MESDAMES
Au Théâtre de la Michodière – Paris
À partir du 12 septembre 2019
Il y a quelques mois, Michel Sardou faisait ses adieux à la chanson. Pour autant, lorsqu’une comédie signée Sacha Guitry lui fait de l’oeil, le chanteur n’hésite pas remonter sur les planches pour faire le comédien. Il sera entouré de Nicole Croisille, Laurent Spielvogel, Lisa Martino et Patrick Raynal pour jouer cet imbroglio amoureux mis en scène par Nicolas Briançon.
Daniel découvre que sa femme n’est pas rentrée de la nuit pour la seconde fois… Dès lors qu’il soupçonne son épouse d’entretenir une liaison avec un autre homme, il envisage le divorce et finalement, la prie de s’en aller. Aussitôt Valentine, la première épouse de Daniel, accourt pour le reconquérir. L’intrigue se noue dans un chassé-croisé de malles pour se terminer dans un feu d’artifice de rebondissements !
SUR SCÈNE : Michel Sardou, Nicole Croisille, Laurent Spielvogel, Lisa Martino, Patrick Raynal, Jacques Marchand, Dorothée Deblaton, Eric Laugérias, Patrick Raynal
AUTEUR : Sacha Guitry
METTEUR EN SCÈNE : Nicolas Briançon
NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCÈNE, NICOLAS BRIANÇON :

Une des comédies les plus brillantes, drôles, fantasques du grand Sacha. Inépuisable charmeur et misogyne impénitent, on a tout dit de Guitry. Son intelligence, son invention, sa fantaisie et sa modernité. Mais a-t-on assez souligné sa lucidité, son intelligence qui lui font saisir son époque et ses évolutions. Il a 57 ans lorsqu’il écrit « N’écoutez pas Mesdames » un âge où la conscience du temps qui passe devient plus âpre. A-t-il appris des femmes au cours de ces années ? Que s’est-il passé depuis « Nono » ou « Faisons un rêve » ? C’est dans le fond ce que raconte la pièce. Bien sûr le personnage masculin nous livre avec cruauté et drôlerie son amertume, sa lassitude, son exaspération parfois vis-à-vis du sexe féminin et on aura du mal à défendre totalement la vision d’un Guitry féministe, mais comme toujours avec cet auteur, il est bon de ne pas trop se fier aux apparences. La pièce décrit également un homme qui assiste, dépassé, à l’émergence d’une génération de femmes qu’il ne comprend pas, parce que trop libre, ou trop intellectuelle ou qu’il comprend sans parvenir à l’aimer tout à fait. Une incompréhension d’une époque différente dont il ne maitrise ni les codes, ni le vocabulaire, ni la morale. Dans de nombreuses pièces de Guitry le personnage semble dominer la situation, la maitriser, en initier l’intrigue. Ici, il la subit. Elle lui échappe. Comme lui échappent ces femmes trop libres ou trop sophistiquées pour rester dans un cadre trop étroit. La symbolique du métier choisi pour son personnage principal (il est antiquaire), homme du passé qui cherche à préserver, à maintenir, alors que tout autour de lui évolue, bouge, avance, en dit long sur ce qui anime Guitry dans ce moment de sa vie. Au delà de la comédie brillante, il y a la un constat désabusé sur le temps qui passe, sur nos erreurs, sur le goût qui nous saisit parfois du passé toujours plus séduisant. Mais dans un effort de lucidité admirable, Guitry sait qu’il ne sert à rien de s’opposer au temps qui passe. Il en souffre, il le voit, il le comprend et il l’accepte. Il y a une nostalgie infinie sous le masque toujours drôle et brillant. Il y a la douleur des femmes qu’on ne séduira plus, des sourires qui ne s’adressent plus à vous, et comme un coup d’œil jeté par dessus son épaule vers le jeune homme qu’il a été, qui a aimé, qui a vécu, et qui a laissé la place à cet homme qui regarde maintenant l’avenir en sachant que rien ne sera plus comme avant. Guitry est un immense auteur.