A Nice, la troisième édition du festival Cinéroman a célébré le cinéma

Nice vient de célébrer le cinéma lors de la troisième édition de Cinéroman qui s’est tenue du 20 au 24 octobre. Créé en 2019 par Daniel Benoin, directeur du théâtre Anthéa d’Antibes, et son épouse Nathalie, ce festival met à l’honneur les films adaptés de romans. L’année dernière, la manifestation  avait dû être annulée en raison de la situation sanitaire. C’est dire si cette nouvelle édition était attendue, tant de la part du public que des équipes de films. Toutes les avant-première ont affiché complet au Pathé gare du Sud et les films en compétition ainsi que les master classes, débats ou lectures ont également attiré un très large public.

Un jury présidé par Nicolas Bedos

Pour ce nouveau rendez-vous du cinéma et de la littérature, il fallait un jury prestigieux et un président qui excelle dans ces deux domaines. Après Frédéric Beigbeder en 2019, Nicolas Bedos a donc semblé comme une évidence. Il connaît très bien la ville de Nice où il vient de tourner son nouveau long métrage, Mascarade, avec notamment Isabelle Adjani. Pour décerner le palmarès de cette troisième édition, il était entouré de quatre femmes et deux hommes : Danièle Thompson, Agnès Jaoui, Emmanuelle Devos, qui jouait en même temps au théâtre de Nice la pièce « L’heure bleue », Lou de Laâge à l’affiche en ce moment du  Bal des folles réalisé par Mélanie Laurent, adapté du roman à succès de Victoria Mas, le romancier David Foenkinos et le comédien pensionnaire de la Comédie-Française, Benjamin Lavernhe.

Des avant-premières prestigieuses

En plus des films en compétition présentés la plupart du temps par le réalisateur ou un comédien, le public avait la possibilité d’assister à plusieurs avant-premières. Pour célébrer la venue des équipes de films et des invités, le Pathé Gare du Sud avait tout prévu : tapis rouge, barrières derrière lesquelles le public pouvait voir passer les actrices, acteurs et réalisateurs, et photo call.

En 2019, Yvan Attal avait ouvert la première édition de Cinéroman avec son film Mon chien stupide. Il était de retour cette année avec Les choses humaines, adapté du roman de Karine Tuil. Il était accompagné de la jeune actrice Suzanne Jouannet qui crève l’écran en jeune fille, qui porte plainte pour viol contre le fils de la compagne de son père. Il y a fort à parier qu’elle figurera parmi les nommées des prochains César. Benjamin Lavernhe, membre du jury, fait également partie du casting, dans le rôle de l’avocat de l’accusé (Ben Attal). Un film fort et qui a le mérite d’être très fidèle au livre.

Pascal Elbé est venu présenter son nouveau film en tant que réalisateur, On est fait pour s’entendre. Une jolie comédie qui suit le parcours d’un professeur, un peu dans son monde, qui découvre qu’il est malentendant. Il va progressivement s’ouvrir aux autres. Pascal Elbé tient le premier rôle aux côtés de Sandrine Kiberlain, Emmanuelle Devos et Marthe Villalonga, à qui il a offert de belles scènes.

François Desagnat et Jean-Paul Rouve ont fait rire aux éclats les spectateurs du Pathé Gare du Sud lors de la projection du film Zaï Zaï Zaï Zaï, adapté de la BD de Fabcaro. Il vaut mieux en dire le moins possible sur cette comédie atypique, qui manie le comique de l’absurde avec dextérité. Certaines scènes sont particulièrement savoureuses. Jean-Paul Rouve est désopilant en acteur « de genre humoristique » devenu l’ennemi public numéro un. Autour de lui, Desagnat a fait appel à un excellent casting. Mention spéciale à Julie Depardieu qui incarne son épouse, et à Yolande Moreau, une commissaire à la retraite qui reprend du service pour traquer ce pauvre Fabrice (Jean-Paul Rouve), recherché dans toute la France.

 

Le roman En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut avait remporté un immense succès lors de sa sortie. Il a d’ailleurs été traduit en plusieurs langues. Les fans de ce couple fantasque et si attachant vu à travers les yeux de leur fils, attendaient avec impatience et avec une certaine crainte son adaptation au cinéma. Ils n’ont pas été déçus. Virginie Efira campe cette femme,  psychologiquement instable, qui croque la vie à pleine dents, entraînant avec elle son mari, fou amoureux d’elle, incarné brillamment par Romain Duris. Le jeune acteur qui interprète leur fils Gary fait ici ses premiers pas devant une caméra. On ne peut qu’être touché en le voyant si aimant et si désarmé face à la fantaisie de ses parents de cinéma.

Christophe Barratier, à qui l’on doit notamment Les choristes, a offert à Cinéroman la présentation en avant-première de son adaptation du Temps des secrets de Marcel Pagnol. Les films d’Yves Robert, La gloire de mon père et Le château de ma mère, ont marqué plusieurs générations. Dans la veine du réalisateur de ces deux premiers volets du récit de l’enfance de Marcel Pagnol, Barratier plante essentiellement son décor sur la colline du Garlaban, dans la bastide où le jeune Marcel, désormais en âge d’entrer en sixième, passe ses vacances avec ses parents (Mélanie Douey et Guillaume de Tonquédec) et son oncle et sa tante (Anne Charrier et François-Xavier Demaison).  La nature est toujours aussi belle et Marcel s’amuse avec son copain Lili à poser des pièges pour les lièvres et autres animaux. Le temps d’un été, il tombe amoureux d’une mystérieuse jeune fille et découvre que ses parents, comme tous les adultes, ont aussi des secrets. Le film, fidèle au livre,  a pour cadre la Provence et se déroule au début du siècle dernier mais il aborde des thématiques intemporelles qui séduiront, à coup sûr, le public et les jeunes  d’aujourd’hui.

Les spectateurs étaient venus très nombreux samedi pour assister à l’avant-première de Lui, le dernier film de Guillaume Canet. A moins que la raison principale n’ait été de voir Laetitia Casta, venue accompagner Guillaume Canet à Nice pour faire la promotion du film. Dans ce thriller que l’on pourrait qualifier de psychanalytique, il s’est confié le rôle d’un compositeur en mal d’inspiration et traversant une crise dans son couple (sa femme, c’est Virginie Efira), venu se ressourcer, seul, dans une maison de Belle Ile. Très vite, il semble habité par une voix, « Lui », son double, son autre Moi, qui convoque tour à tour sa femme, sa maîtresse (Laetitia Casta), son meilleur ami (Matthieu Kassovitz) et ses parents (Nathalie Baye et Patrick Chesnais). Le couple de cinéma a fait belle impression sur le tapis rouge. C’était, sans aucun doute, la soirée la plus glamour de cette édition.

Pour clôturer le festival, les organisateurs ont frappé fort avec la présentation en avant-première du nouveau film de Frédéric Tellier, Goliath, qui dénonce les dégâts provoqués par l’usage des pesticides dans l’agriculture : naissance de bébés sans bras, augmentation de cas de cancers parmi les agriculteurs. Un film intense qui fera à coup sûr parler de lui à sa sortie en mars. Gilles Lellouche incarne un avocat solitaire et combatif, aidé par son ex-compagne, journaliste d’investigation de l’AFP (Marie Gillain). Les deux comédiens avaient fait le déplacement, ainsi que Chloé Stéfani, qui joue la compagne d’une agricultrice décédée, avec beaucoup de pudeur. Elle a quelques scènes au début du film mais cette jeune femme, lassée de devoir mener des combats sans fin à l’issue incertaine, va rester dans l’esprit des spectateurs jusqu’à la fin.

De nombreux invités

Pendant cinq jours, de nombreux invités se sont succédé au Pathé Gare du Sud mais aussi au théâtre de l’Artistique ou à la cinémathèque. Charles Berling, Radu  Mihaileanu, Ivan Calbérac, Georges-Marc Benamou, Michel Boujenah ont ainsi fait des lectures ou ont donné des master classes. Le jury s’est livré à un passionnant débat autour de l’adaptation de la littérature au cinéma.

Sur le tapis rouge, chaque jour, on a pu compter sur les membres du jury, les équipes de films mais aussi sur la présence de nombreux acteurs, actrices, réalisateurs et écrivains venus voir les films : Samuel Le Bihan,Victoria Bedos, Gérard Jugnot, Jean-Baptiste Maunier, Nora Arnezeder, Joséphine Japy, Eric Fottorino, Michel Boujenah….

 

Le palmarès et Gérard Depardieu en invité surprise

Dimanche soir, avant la projection de Goliath, le jury a décerné cinq prix. Le président, Nicolas Bedos, a révélé le nom des lauréats, non sans humour, comme il en est coutumier.

Le prix du meilleur film adapté d’un roman a été attribué The Father de Florian Zeller. Un film bouleversant avec Anthony Hopkins atteint de la maladie d’Ahlzeimer, qui a remporté l’Oscar il y a quelques mois. Florian Zeller a dit son émotion de pouvoir enfin être sur scène pour recevoir un prix. Il a rappelé que c’était sur zoom qu’il avait tenu son discours de remerciements aux Oscar.

Guilaine Londez, qui était dans deux films en compétition (Benedetta et Le discours) a reçu le prix d’interprétation féminine des mains d’Agnès Jaoui. Ancienne élève de Daniel Benoin, elle a tenu à remercier l’homme de théâtre et organisateur passionné du festival.

Benjamin Lavernhe, qui faisait pourtant partie du jury, a été récompensé pour son rôle dans Le discours. Nicolas Bedos a affirmé que la décision avait été prise dans son dos. Sur scène, le pensionnaire de la Comédie Française a fait preuve de beaucoup d’humour et d’autodérision en recevant son prix. Un moment savoureux, à l’image du héros du discours pour lequel il a été récompensé.

Michel Boujenah a reçu le Prix coup de cœur Nice Côte d’Azur, récompensant une personnalité du cinéma ayant dans son travail une relation forte avec la ville de Nice.

Enfin, la remise des prix s’est clôturée avec le prix spécial du jury. Pour présenter le lauréat dont il a d’abord tu le nom, Nicolas Bedos a cité de nombreux titres de films adaptés de la littérature : Cyrano de Bergerac, le Colonel Chabert, Germinal, Les Illusions Perdues. Il n’était alors plus difficile de deviner son nom. Gérard Depardieu était là en chair et en os. Assis en haut de la salle, il a descendu les marches sous les applaudissements chaleureux du public chanceux qui avait pu obtenir une place pour la cérémonie. Il a pris la parole quelques minutes, précisant qu’il avait appris le cinéma dans les romans-photos. Avec un certain humour, il a dit qu’il avait bien aimé le confinement qui lui avait permis de voir des séries. Puis il a terminé en clamant son amour pour le public et le cinéma. « Ca fait du bien d’aimer », pour reprendre les mots du grand Depardieu.

Avec la présence de Depardieu, on ne pouvait rêver plus belle clôture. Cette troisième édition de Cinéroman a rencontré un très grand succès. Elle a fait un bien fou au moral et a prouvé que les salles de cinéma avaient encore de beaux jours devant elles. Ce sera toujours un immense plaisir de partager avec d’autres des émotions fortes devant un grand écran.

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