Un meurtre non élucidé de plus de 70 ans qui a défrayé les chroniques, et donné lieu à de nombreuses spéculations. Le Label 619 dépoussière le mystère grâce à ce titre « A Short Story ». Sous forme d’enquête formidablement renseignée, ils rendent à la victime sa véritable identité, en épluchant sa vie, et pointant les trois derniers mois précédant son funeste destin.
L’histoire d’une jeune fille, Élisabeth Short, dont l’allure ne laissait personne indifférent. Et dont les rêves Hollywoodien, ont cru dépasser une rude réalité.
Un one shot troublant et passionnant disponible aux Éditions Rue de Sèvres, sous le Label 619 le 31 août 22.
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Le décor :
De sa naissance dans le Massachusetts à sa fin…
Entre reconstitution, de sa jeunesse au départ du cocon familial, on découvre, sous la plume de Run et de Florent Maudoux, la succession d’événements qui ont mené Élisabeth vers Hollywood. Chaque page s’orne de photos, d’esquisses relatives à la période de sa vie narrée. Issue d’un milieu modeste, Élisabeth Short, grandie entre une mère aimante, quatre sœurs, et un père, vétéran de la Première Guerre mondiale, trop peu présent à la maison. Mais en 1929, tandis que le jeudi noir frappe les Etats Unis, son père se volatilise brusquement. Laissant ses six femmes à leur sort.
Passionnée par le monde du spectacle, la petite Élisabeth, que ses amis comparent déjà à l’actrice du moment, se sent pousser des ailes. Malgré sa santé fragile, elle quitte le cocon familial à ses seize ans. Des rêves hollywoodiens plein la tête, qui la poussent inexorablement, vers sa propre fin.
Grâce aux documents déclassifiés du FBI, on découvre, à travers les témoignages et les courriers détaillés, une jeune fille au charme incroyable, dont les cheveux noirs et la peau blanche lui valent le surnom de « Dahlia Noir ». Véritable « papillon social », naïve, souriante. Un petit agneau perdu au milieu d’un Hollywood de 1940, agressif, et dangereux. Baigné par les organisations criminelles, la prostitution, la drogue, les casinos, les « bars de « déviants » … La transformant peu à peu, au fil de ses rencontres plutôt malchanceuses, en animal sauvage et peureux, qui use un peu trop du mensonge pour se protéger et protéger ceux qui ont cru en elle…
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Le point sur la BD :
Loin de la fascination meurtrière pour les cas non élucidés, le récit de Run et de Maudoux, aux Éditions Rue de Sèvres/ Label 619, force notre empathie, envers cette jeune fille au parcours chaotique. Mais que veulent dire les mots jeunes filles, femmes, à cette époque patriarcale, où elles n’existent qu’à travers un mari, un amant. Et où leurs droits ne se limitent encore qu’à leur beauté et à leurs atouts féminins ?
Bien entendu, toute cette reconstitution fascinante. Entre roman, esquisses, et bande dessinée. Oblige le lecteur à se plonger dans cette époque aux moeurs particuliers. Et surtout à essayer de comprendre cette petite vie meurtrie dans « A Short Story » qui précipite inexorablement Élisabeth vers sa fin.
La véritable histoire du dahlia noir est avant tout un hommage à la femme qu’elle fût. Et non à celle décrite jusque-là. Le tout est formidablement reproduit par les recherches assidues des auteurs et tout ces fabuleux graphismes : des styles vestimentaires aux décors… reproduits grâce aux photos d’époques.
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La conclusion :
Une reconstitution parfaite, témoin d’un travail acharné des auteurs par leurs recherches pointues. Et la publication entrecoupée des témoignages, des lettres, et des faits avérés relatant, en fin de lecture, les potentiels meurtriers. On reste complètement ému après avoir refermé ce « Short Story : la véritable histoire du Dahlia Noir ». Par le sort de cette beauté solaire et pure. Et de ce que Hollywood en fait au fil de ses déceptions et de ses échecs. Sa témérité entachée par son manque de discernement. Par ces choix trop peu réfléchis. Par des rêves un peu trop grands dans un endroit qui ne s’y prête pas. Une oeuvre fabuleuse, fascinante, troublante à retrouver aux Éditions Rue de Sèvres/Label 619.
Très belle article !