“Arrête avec tes mensonges” au cinéma : rencontre avec Jérémy Gillet et Julien De Saint Jean

Avec « Arrête avec tes mensonges », le réalisateur Olivier Peyon a réussi une adaptation bouleversante du roman autobiographique de Philippe Besson paru en 2017, dans lequel il raconte l’amour de jeunesse – celui qui marque à tout jamais – d’un célèbre romancier. Le réalisateur a fait le choix d’alterner les scènes du présent (avec Guillaume de Tonquédec et Victor Belmondo) et celles du passé, dans les années 80, révélant ainsi deux acteurs talentueux. Jérémy Gillet, que l’on a déjà vu récemment dans la série « Mytho » interprète l’auteur Stéphane Belcourt, lorsqu’il était lycéen, fils d’instituteur, timide et studieux, passionné de littérature. Julien De Saint Jean est Thomas, fils de paysan, à la fois rebelle et mystérieux. Ces deux adolescents, pourtant très différents, vont vivre une histoire d’amour clandestine, mais, pendant l’été qui suit le bac, Thomas disparaît de la vie de Stéphane, laissant ce dernier dans l’incompréhension. Toute sa vie, cet amour de jeunesse au goût d’inachevé va profondément le marquer. Devenu un auteur à succès, il sera incapable de retomber amoureux.

A l’occasion du festival Cinéroman où le film avait été présenté en avant-première, nous avions rencontré Jérémy Gillet et Julien De Saint Jean. Ils nous avaient parlé de leurs personnages et du tournage de ce film qui, incontestablement, marquera un tournant dans leurs carrières.

France Net Infos : Comment vous-êtes vous retrouvés sur ce projet ?

Jérémy Gillet : Pour le casting, j’ai envoyé une vidéo et, quelques semaines après, j’ai été appelé pour passer un deuxième tour avec Julien. C’est là qu’on a rencontré le réalisateur Olivier Peyon. Dès le début, on a eu de très bons rapports avec lui. On a eu le sentiment de travailler ensemble plutôt que de travailler pour lui.

Julien de Saint Jean : On a eu beaucoup de chance parce qu’il y a eu environ trois-quatre mois entre nos premiers essais et la validation du projet, ce qui nous a permis de nous rencontrer dans la vie et d’être amis. Quand on a commencé à tourner, il y avait déjà une symbiose entre nous, donc tout nous a semblé naturel. Le premier jour de tournage, on a commencé par des scènes d’intimité. Ca nous a décomplexés ! Je pense qu’on a réussi à créer quelque chose de fort, comme nos deux personnages, grâce à cette amitié qui était née entre nous avant le tournage.

France Net Infos : Connaissiez-vous le livre de Philippe Besson ? L’aviez-vous lu ?

Jérémy Gillet : J’en avais entendu parler mais je ne l’avais pas lu. Je l’ai fait quand j’ai passé le casting. Quand j’ai lu le scénario, je me suis mis à pleurer. C’était la première fois que ça m’arrivait!

France Net Infos : Le thème de l’homosexualité a souvent été traité au cinéma. En montrant la rencontre entre un homme et le fils de son amour de jeunesse, Olivier Peyon l’aborde de manière différente…

Jérémy Gillet : Oui, Olivier Peyon voulait valoriser cette partie-là qui était relativement mineure dans le roman. Il voulait qu’elle soit la trame principale et que l’histoire de nos deux personnages, dans les années 80, arrive dans un deuxième temps.

France Net Infos : Le film parle aussi du déterminisme social. Thomas, qui est fils de paysans, a conscience que son ami va partir et que lui va devoir rester à la campagne…

Jérémy Gillet : Exactement. Le film parle de comment on peut s’échapper des conditions qui nous sont imposées à la naissance. C’est aussi ce qui est très beau dans le film. Nos deux personnages sont issus de milieux différents. Stéphane vient d’une famille plutôt aisée donc il ne se pose pas trop de questions. Thomas, au contraire, vit avec plus de difficultés son homosexualité.

Julien de Saint Jean : Dès le départ, Thomas savait que Stéphane partirait et réussirait et que lui, il ne bougerait jamais. A 17 ans, il était déjà piégé par ses racines, par sa famille, par les obligations sociétales. Le livre et le film le montrent très bien et questionnent aussi sur la façon dont on peut rater ou réussir sa vie.

France Net Infos : Avez-vous ressenti une pression à interpréter Philippe Besson plus jeune et l’homme qui a marqué sa vie ?

Jérémy Gillet : Forcément, il y avait une pression mais j’ai essayé de m’en détacher le plus possible, d’autant plus que Philippe Besson l’avait fait lui-même en appelant son personnage Stéphane et non pas Philippe. J’ai beaucoup plus pensé à la ressemblance entre Guillaume de Tonquédec et moi.

Julien de Saint Jean : J’avais tellement été ému par le livre que je ne voulais pas « détruire » la vision que les lecteurs avaient de ce personnage. Un jour, Olivier Peyon m’a avoué que je n’étais pas son premier choix pour le rôle de Thomas. Au départ, il voulait un garçon plus grand, plus musclé. Du coup, j’avais un peu ce syndrome de l’imposteur et je me disais que quelqu’un d’autre aurait sans douté fait mieux que moi. Au début, j’étais tout le temps en train de regarder le livre. En discutant avec Olivier et avec Jérémy, j’ai réussi à m’en détacher et à passer à autre chose.

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