C’est un chef-d’œuvre. Il n’y a rien d’autre à dire. Ce qualificatif résume tout. Il résume le courage de dire l’indicible, les pensées les plus secrètes qui habitent souvent quelques uns d’entre nous. Dire ce que personne n’oserait dire au sujet de l’être détesté, est une revanche. Dans Belle et Bête, Marcela Iacub fait exploser la notion de « politiquement correct ». Elle raconte. Elle passe aux aveux et au peigne fin ses réflexions confidentielles au bénéfice de son héro de chair et d’os : l’affreux cochon. Ce personnage mi-réel, mi-fantasme, place le livre qui renferme ses élucubrations, au rang d’anthologie de la poésie couplée à un essai philosophique de qualité.
Une démarche immorale au service du texte
Certes il y a les faits, odieux, salaces que l’on ne connait que trop. Mais ils ne sont qu’un prétexte ici à la grande littérature. L’obscénité du procédé d’investigation de l’auteure, cachait bel et bien une plume. Sa verve dévaste tout sur son passage, ne laissant au lecteur que cette impression de confession épistolaire superbe de sincérité où la fantaisie triomphe avec brio. Une œuvre singulière mettant en scène la part d’homme et de bête qui cohabitent en chacun de nous et la perversion de celui qui n’a pas su dompter cette dernière. A lire pour ne pas mourir idiot.
Belle et Bête, Marcela Iacub, éditions Stock, 120 pages.
Sandra Monteforte Gardent