Benoît Dubuisson a propos du bonheur : Interview

Benoît Dubuisson, écrivain, chanteur lyrique et professeur de mathématiques, est l’auteur de “A propos du bonheur”. Il n’est plus l’homme extravagant et nonchalant qu’il était au moment de l’écriture de cet ouvrage, en 2005. C’est aujourd’hui un homme qui se dit tragique et tourmenté. Cela à cause du suicide de sa soeur il y a deux ans, événement qui a bouleversé sa vie. Mais Benoît Dubuisson ne renonce pas à la quête du bonheur, essentielle dans la vie d’un homme. Rencontre.

Benoît Dubuisson


Dans à propos “A propos du bonheur” vous abordez 23 thèmes en 62 pages. Pourquoi avoir fait aussi court?

“J’ai opté pour un essai assez court parce que déjà je l’ai écrit en deux semaines. C’était sur un coup de révolte, voyant les conflits qui existaient dans ma famille, notamment les relations avec mon père. J’ai classé en différent chapitres tout ce que j’ai pu expérimenté.On peut avoir l’impression que c’est un  éparpillement d’idées. C’est d’ailleurs la grande critique qu’on m’a faite. C’est brut de décoffrage mais c’est quand même fouillé. J’ai fini par la mort pour montrer qu’il y a un début et une fin.”

Quel est le but du livre, autre que votre révolte?
“C’est de pousser le lecteur à se révolter contre sa propre torpeur, parce que finalement tout le monde a ses conflits internes et ses bonheurs personnels. Comme je l’ai vécu vraiment, je me suis dit que c’était possible d’oublier le tragique de la vie. Il y a toutes les thérapies du monde maintenant pour oublier, pour rebondir. C’est pour cela que j’évoque aussi le courage dans le bouquin. J’ai envie de dire ‘Allez-y, soyez heureux malgré tout’.”

Faut-il être festif, voire épicurien pour être heureux?

“Ce n’est pas obligatoire, mais c’est mieux d’être festif, c’est plus facile pour être heureux. Le jouisseur ou l’épicurien c’est celui qui vit sa vie sans se poser l’ombre d’une question. J’aborde d’ailleurs le thème de l’orgueil dans le livre. On a le droit de vivre selon ses plaisirs, malgré les critiques des gens autour. Mais ce n’est pas l’orgueil au niveau prétention ni égoïsme. Pour un vrai jouisseur c’est très important de penser à soi. Mais aujourd’hui je ne suis plus comme ça. Je suis quelqu’un d’hyper tourmenté.”

Vous êtes tourmenté depuis le suicide de votre sœur il y a deux ans. Est-il possible de faire le deuil, et surtout peut-on être heureux après un tel drame?
“Oui, c’est tout à fait possible, mais il faut parcourir un long chemin. Cela s’appelle la résilience. Ça revient sans cesse. Ma sœur je la voyais tous les jours. Ma sœur c’était mon pilier. Il faut apprendre à se reconstruire. A l’époque de l’écriture du livre j’étais heureux, maintenant je suis plus tragique. Avant j’avais une extravagance assez insolente, une fierté énorme et beaucoup d’éloquence. maintenant j’ai tout perdu mais ça va sûrement revenir.”

Et justement aujourd’hui que faites-vous pour ne plus être tragique?
“Je fais une analyse psychanalyste. Je fais un travail sur moi, mes conflits personnels. J’ai besoin d’évacuer un peu. Ce n’est pas tellement en parlant avec ses potes qu’on règle les problèmes. Plus on se plaint, plus on se complait dans la plainte et plus on y pense, plus on gamberge. Tandis que le psy, il compatit et il est à l’écoute. C’est pour cela que je dis toujours de ne pas se plaindre.”

Vous avez écrit “On ne pourrait calculer les instants de notre vie où le bonheur passe et repasse en s’évanouissant.” Ce n’est donc pas possible d’être tout le temps heureux?
“Le bonheur, c’est fugitif. Pour goûter au bonheur, il faut goûter au malheur. Il faut connaitre le grand malheur pour connaitre le grand bonheur. Il faut savoir rebondir. Avant d’écrire ce livre, j’ai été troublé, j’étais un enfant précoce, hyperactif. Mais tout d’un coup, je me suis senti l’âme légère, et ça m’a donné envie d’écrire le livre.”

Vous abordez le thème de l’humour et des amis. Rendre les autres heureux rend heureux?
“On s’oublie quand on fait rire les autres. Quand j’étais avec ma sœur, je la faisais rire, j’oubliais mes conflits internes et ça me rendait heureux. On se sent léger, juste en faisant rire quelqu’un. Maintenant je suis plus aussi luron, je suis très très sérieux.”

Alors peut-on être heureux quand on est seul, sans proches ni amis?
“J’ai côtoyé un ermite, enfin quelqu’un qui s’était extirpé de la société. Il pratiquait la méditation. J’ai jamais vu un mec aussi détendu, aussi heureux, comme quoi… Évidemment, je pense qu’on a besoin de personnes à qui parler. Mais par exemple, moi, dans ma tête, ça tourne très vite, je gamberge tout le temps. Du coup, même si je suis entouré, je suis seul. Je n’ai jamais été aussi heureux que lorsque je vivais seul, en chambre de bonne à Paris, avec mes livres et ma musique. Mais il ne faut pas oublier que le rire est communicatif.”

Vous avez écrit “En deux mots, être amoureux, c’est jubiler.” C’est donc la plus belle forme de bonheur?
“Au début oui, Si vous avez lu “L’amour dure trois ans” de Beigbeder, vous savez ce que je veux dire. (Sourire) Le coup de foudre, c’est un vrai moment d’extase extraordinaire, de jubilation interne. Tout le corps est en vibration. Aujourd’hui, avec tous les divorces, on peut se dire que ça ne rime à rien, mais le bonheur d’être amoureux n’est pas forcément éphémère. Je vois autour de moi des couples qui durent depuis des années et ils sont encore là, à se tenir par la main. Mais généralement ce n’est pas à Paris, mais en province. C’est pour ça que j’ai abordé le thème de génie provincial, ils sont plus naturels.”

Vous parlez justement des femmes parisiennes en disant “Les jeunes filles dans cette ville manquent cruellement de naturel. Elles peuvent être […] des langues de vipère crachant leur venin […].” C’est un jugement un peu dur, non?
“Ça, c’est du vécu avec plusieurs femmes. J’ai oublié depuis, je n’y pense plus. J’ai eu tellement d’opportunités quand j’étais jeune. Mais ça se cassait tout le temps la tête pour des choses superficielles. Une femme libérée, épanouie et sans démons, à notre époque, c’est rare. Après, ce que j’ai écrit c’est du vécu, ce n’est pas une règle générale. Je ne suis sûrement pas tomber sur les bonnes. (Sourires)”

Sur votre profil sur biobble.com, vous répondiez que votre premier vœu serait de trouver l’âme sœur. C’est toujours le cas?
“Ça reste toujours un vœu et ça le restera jusqu’à ce que je la trouve. Je reste au fond de moi un grand romantique, prêt à pleurer. Mon deuxième vœu serait d’oublier pour profiter de la vie.”

Vous avez des projets en tête?
“Beaucoup de personnes m’ont dit que l’essai “A propos du bonheur” avait de la valeur, donc je pense que si je le retravaille, je pourrais en faire vraiment quelque chose. C’est donc éventuellement un projet.
Mon dernier ouvrage c’est “Écrits d’un jeune homme inspiré”, une série d’article que j’ai écrit en free-lance. Je pense qu’ils ont de la valeur.”

Un sondage Ipsos d’avril dernier a montré que 84% des français étaient plutôt ou tout à fait heureux. Et cela majoritairement grâce à la gastronomie et la musique. Qu’en pensez-vous?
“La cuisine française est réputée dans le monde entier alors ça ne m’étonne pas. Et la musique je trouve ça encore plus normal. La musique, ça se passe de mots. Classique ou rock, la musique on l’écoute et on jubile. C’est énorme en tous cas 84%! Pour augmenter ce pourcentage, il faudrait peut-être ralentir la société de consommation, redevenir simple et soi-même.”

“A propos du bonheur” de Benoît Dubuisson édité par la société des écrivains.

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