Blacksad : Road-movie dans l’Amérique de la beat generation

Après trois ans d’attente, Le 5ème tome de la série Blacksad est paru en novembre 2013 et nous amène sur les mythiques routes américaines des années 50.

BlacksadJohn Blacksad se retrouve seul à La Nouvelle-Orléans après le départ de Weekly. Il est embauché pour un petit travail tranquille après une bonne action : amener la voiture d’un riche texan à bon port. Mais cette décision devient le point de départ d’une folle et meurtrière expédition. Blacksad se fait dérober la voiture par deux écrivains beatniks, Chad Lowell et Abe Greenberg. Suite à une querelle, Chad tue Abe et parvient à fuir en rejoignant un cirque. Blacksad se lance alors à sa poursuite accompagné de l’avocat de Chad. Ensemble, ils parcourent un long trajet, passant par le Texas, le Colorado, le Nouveau-Mexique avant un épilogue triste et sanglant à Chicago dans l’Illinois…

Pour le scénario, Juan Diaz Canales nous a concocté une histoire différente des tomes précédents, à une enquête policière « classique » avec une unité de lieu, il substitue un voyage, une expédition où Blacksad semble plus spectateur qu’acteur. Il observe cette beat generation qui a marqué les années 50, on pense à Kerouac (Chad écrit son roman sur un rouleau), Ginsberg ou Burroughs. Ce dernier ayant même droit à une référence directe avec le personnage de Billy Sorrows et son épreuve de tir. Le scénariste interroge ainsi la pulsion créatrice de l’artiste et développe son attachement pour les artistes maudits. C’est en effet une quasi-constante de Blacksad : mettre en scène des artistes coupables ou victimes de leur art.

Le dessin de Juanjo Guarnido reste simplement exceptionnel. La reconstitution des années 50 est plus que minutieuse et permet une immersion totale et les personnages sont toujours aussi bien mis en valeur. Le dessinateur poursuit dans cet album l’évolution de son trait qu’il avait entamée dans le tome 4, à savoir le passage de la plume au pinceau. Si le dessin perd en détail, notamment en ce qui concerne les arrière-plans, il y gagne pour ce qui est de la mise en scène et du cadrage. Ainsi  moins de détails et plus de suggestions permettent d’accaparer, de recentrer l’attention du lecteur sur le drame en train de se jouer, dans des scènes qui tiennent presque plus de la technique cinématographique que de la bande dessinée. La couleur dominante de cet album est cette fois le jaune, clôturant le cycle des couleurs primaires entamé avec les tomes 3 et 4.

Au final, dans cette histoire, il y a en parallèle deux voyages : celui de Chad, écrivain torturé qui n’assume pas son succès et celui de Blacksad qui lui n’assume pas ses échecs et pour qui ce voyage est une thérapie. C’est donc un album de transition qui met notre héros sur les rails pour un retour à New-York. La qualité de l’ensemble n’a rien à envier aux épisodes précédents et Blacksad reste l’une des meilleures séries de bande dessinée actuellement.

Présent au festival international de la bande dessinée d’Angoulême, Juanjo Guarnido a eu la gentillesse de nous accorder un long entretien dans lequel il revient sur sa relation à Blacksad, fournit des détails sur ce tome 5, parle de son dessin et de son évolution avant de conclure sur un point plus personnel et autre que la bande dessinée: son rapport à la musique.

 interview Juanjo Guarnido 

Le retour de Blacksad n’est pas prévu avant quelques années mais on sait déjà que la prochaine histoire se déroulera sur deux tomes dont les sorties seront rapprochées. Patience donc…

Hadrien Gandon

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