CULTURE & TOURISME – « FEMMES ARTISTES : PASSIONS, MUSES, MODELES »

A DECOUVRIR SUR LA ROUTE DE VOS VACANCES :

UNE EXPOSITION MILITANTE 

JUSQU’AU 19 AOÛT 2012 AU CHÂTEAU DE CHAMEROLLES

Affiche de l’exposition. Crédit JDB

Le Loiret, situé dans une région qui célèbre déjà bien la féminité, reçoit ainsi comme une évidence, une rétrospective consacrée aux femmes artistes, au Château de Chamerolles. Ce lieu même n’est pas tout à fait anodin puisqu’il invite à la « promenade des parfums », au fil des senteurs, de l’art du parfum et aussi de l’histoire de l’hygiène en France. Si l’aventurier que vous êtes continue son parcours, son regard s’arrêtera alentour sur ce qui est appelé la « cosmetic Valley [1]». Celle-ci accompagne le développement de grands noms du secteur du cosmétique comme Shisheido, Sephora, Gaultier, pour ne citer que ces derniers. Et dansla Grande Halle renovée et réouverte depuis un an et demi que les journalistes sont accueillis par Éric Doligé, Président du Conseil général du Loiret et Sylvie Buisson, la commissaire de cette exposition passionnante. France Net Infos était présent.

 Un art qui se conjugue au féminin certes, mais pas seulement…

 La scénographie soignée marque l’enjeu : sous les auspices des sigles féminin et masculin, comme pour souligner  la prégnance de l’indissociation du couple homme/femme dans la création artistique. C’est du premier étage dela Grande Halledu château que vous pourrez le mieux admirer cette mise en scène très visuelle. En totalité 65 artistes femmes et 53 artistes hommes se côtoient en illustration de quatre siècles d’histoire de l’art allant du XVIIème au XXème siècle, avec l’exposition de 200 œuvres  et 150 documents historiques.

 Sylvie Buisson confie : « C’est une exposition qui reste militante encore aujourd’hui, féministe sans pouvoir la réduire à ce terme, pour démontrer l’évolution du rapport homme/femme tout au long des époques, de l’Antiquité aux combats modernes du féminisme. C’est un sujet de mes sujets d’étude favoris, identifier l’artiste femme à travers son rapport à l’homme. Faire découvrir des artistes inconnus, des œuvres rares et peu montrées à un large public. »

 Suivant donc cette  feuille de route, deux années de recherches, de réflexion, de gestation en somme, ont été nécessaires à l’accouchement du projet qui s’offre au public jusqu’au 19 août.

 Des premiers combats… sous forme de revendication politique…

 Le mythe du premier couple. C’est par ce thème que débute l’aventure. Selon Sylvie Buisson, « le mythe jette le discrédit sur l’un ou l’autre de ses acteurs, les stigmatise, les condamne ou les encense selon les enjeux initiaux. Rien n’est définitif, mais les épisodes demeurent en mémoire et ressortent moulinés différemment et sans cesse repris aussi bien en art que dans les principes mêmes de la communication et la politique. »

 Avant le XVIIème siècle, une femme artiste devait se prévaloir de la protection et de l’enseignement d’un homme. Elles créaient à l’ombre des hommes, à quelques rares exceptions près. Aussi, impossible de considérer la place et l’œuvre des artistes femmes dans l’histoire sans s’interroger sur la place qui leur est dévolue dans la société.

 La première femme artiste à s’être illustrée à cette époque est la peintre belge Clara Peeters, au parcours exceptionnel : autodidacte et virtuose de la peinture. Son pinceau poétisait les objets du quotidien.

Mais ce n’est vraiment qu’au XIXème siècle, àla Belle Epoque, notamment grâce à l’inauguration du Salon officiel dès 1861, de la multiplication des salons mondains et de la vogue des académies de peinture comme les ateliers Julian et Colarossi, que commence la reconnaissance des artistes du genre féminin et leur développement.

Au fil du temps, les femmes sont de plus en plus nombreuses à y être acceptées. Ainsi Marie Bashkirtseff , Amélie Beaury-Saurel, Susan Durant, Rosa Bonheur, Madeleine Lemaire (la Madeleinede Proust), Louise Abéma, Camille Claudel ouvrent la voix et marqueront leur époque.

A l’aube du siècle, Eva Gonzales, Berthe Morisot et Mary Cassat se lancent à corps perdu dans l’aventure impressionniste.

 Aux faveurs du XXème siècle…

 

Jeanne Hébuterne – autoportrait

Un véritable tournant s’opère ici. Les courants artistiques modernes et avant-gardes sont favorables aux femmes. De Montmartre à Montparnasse, en passant par St Germain des Près, elles répondent présentes au postimpressionnisme, au cubisme, au fauvisme et au surréalisme. Se bousculent dans un élan de créativité Kiki de Montparnasse, Alice Halicka, Tamara de Lempicka, Natalia Gontcharova. Sans oublier  le bouleversement qu’apporte l’art contemporain grâce aux œuvres de Christo et de sa compagne Jeanne-Claude, qui emballent le monde. Ils ouvrent par conséquent l’art au grand public

Les deux guerres favorisent pareillement l’émancipation des femmes. Elles finissent par obtenir le droit de vote en 1945. Jouissant ainsi d’un meilleur statut social, rien ne semble pouvoir arrêter l’avidité de reconnaissance des femmes artistes.

Mais l’art ne serait pas l’art s’il ne se nourrissait pas du feu de la vie. Pour la commissaire de l’exposition : « Muses, les femmes le sont par essence. Modèles par naissance. Artistes, si leur passion égale leur sens de l’esthétique. La passion anime les femmes artistes.» Des couples légendaires vont marquer de leur empreinte plus ou moins tragiquement son histoire.

 Une mise en lumière de quelques passions de femme

Tableau de Marie Laurencin
Blanche HoschedéÉlève de Monet, elle est son modèle dès le plus jeune âge, car son père, mécène et collectionneur, fait partie de l’entourage proche du peintre des Nymphéas. Sa mère Alice entretient une liaison avec Monet. Après la mort de leurs époux respectifs, Alice et Monet semarient. Blanche, devenue l’élève du peintre impressionniste, apprend en regardant à

sa manière.

 

Camille ClaudelFemme libre avant l’heure, Camille Claudel (1864-1943) paya au prix fort une liberté volée à une société qui n’était pas prête à accueillir cette personnalité hors du commun. Élève, confidente, muse, modèle et maîtresse, elle fut tout cela pour Auguste Rodin. Elle travailla avec le sculpteur, inspirée de son œuvre, et fut également pour l’art du maître une source d’inspiration. Échanges artistiques, amoureux, elle projeta sa passion tumultueuse dans son art, produisant des œuvres difficiles et personnelles, accueillies de façon contrastée par la critique et le public, tandis que Rodin empruntait les marches de la gloire. Elle mourut dans la solitude, rongée par une névrose obsessionnelle qui la conduisit à détruire une partie de ses archives et de sa correspondance.
Marie LaurencinMarie Laurencin, la « Muse du Bateau-Lavoir », vit une histoire passionnelle et tumultueuse avec Guillaume Apollinaire, fréquente Picasso et le douanier Rousseau. Elle illustre les écrits des poètes de son temps, devient la portraitiste de la bourgeoisie intellectuelle et artistique.  Jeanne HébuterneJeanne Hébuterne, dans l’ombre de Modigliani, peint avec autant de passion qu’elle aime Amedeo Modigliani : à en perdre la raison. Lorsque le peintre décède, elle ne lui survit que deux jours, choisissant de mettre fin à sa vie, à l’âge de 22 ans. Fortement inspirée de l’œuvre de Modigliani, la peinture de Jeanne Hébuterne se révèle passionnée, angoissée et terriblement moderne.
Rotraut – Octopus

 Bien d’autres couplent mythiques seront au devant de la scène :

Niki de Saint Phalle, compagne de Jean Tinguely, Rotraut, muse et modèle d’Yves Klein, Kiki de Montparnasse et Fernand Léger, Alice Halicka et Foujita, Tamara de Lempicka et Zadkine, Natalia Gontcharova et Vlamick, Dora Maar, la terre et le feu de Picasso ou encore Jacqueline Lamba, l’air de l’eau et l’eau de l’air d’André Breton. Vous pouvez vous reporter au catalogue de l’exposition de Sylvie Buisson pour en savoir davantage sur ces couples d’artistes.

 Mais qui est Sylvie Buisson ?

Sylvie Buisson. Crédit Babelio

 Sylvie Buisson est historienne d’art et spécialiste des avant-gardes du XXème siècle à Paris.

Diplômée en Arts Plastiques en 1969, elle consacre ses premiers travaux au Théâtre Nô, voyageant fréquemment au Japon dès1975, collaborant en 1986 à une première exposition franco-japonaise, pour 6 musées, consacrée à l’artiste Léonard Foujita. Sur ses traces, elle recueille depuis trente ans témoignages et documents relatifs à Foujita qui lui permettent d’archiver aujourd’hui près de 4000 œuvres.

 Expert de Foujita, près l’union française des experts, depuis 1989, elle prépare aujourd’hui le quatrième volume du catalogue général de Foujita.

Par ailleurs, elle demeure administrateur du Musée du Montparnasse où elle était conservateur de 2002 à 2007. Elle y a réalisé en tant que commissaire d’expositions « Jean Cocteau », « Desnos, Foujita et Youki », « Elles de Montparnasse », «La Ruche», « Paris-Marseille » et « Voyage au cœur de l’Ecole de Paris », « Montparnasse déporté », « Foujita » …

Ses expositions ont voyagé non seulement au Japon mais aussi en Italie, en Espagne et en Hongrie.

 Vous l’aurez compris l’originalité de cette exposition réside d’une part dans son militantisme, et d’autre part dans une introspection dans les coulisses de l’art selon une insolite et double perspective : un regard croisé entre histoire et sociologie, entre la dualité, la compatibilité ou la complicité de deux sexes, qui se choisissent, s’affrontent pour mieux se sublimer.

 Demandez le catalogue de l’exposition Femmes artistes. Il contient de délicieuses précisions. Il est disponible au prix de 32 euros. Profitez donc de vos vacances ou d’un week-end pour visiter cette exposition. Après tout, Chilleurs-aux-Bois n’est qu’à 01h30 de voiture de Paris ! Foncez sans perdre une minute  sur les traces d’une histoire palpitante de l’évolution du rôle des femmes dans le milieu artistique. Et voyons si vous épouserez la vision d’Apollinaire qui a dit : « Les femmes apportent dans l’art comme une vision neuve et pleine d’allégresse de l’univers (…) Plus tard il viendra des femmes qui exploreront d’autres aspects féminins dans l’univers.»

 Pour finir votre aventure, restez dans un univers enchanteur en goutant au charme du château de Chamerolles, au gré des effluves des parfums de son exposition permanente, qui vous contera également l’histoire de l’hygiène en France.

 Chamerolles : un château Renaissance d’une heureuse singularité

Château de Chamerolles

 Le château de Chamerolles a été bâti à l’aube dela Renaissance, sur les ruines d’une forteresse médiévale datant du XIIème siècle. Lancelot 1er du Lac, chambellan de Louis XII, et dont le nom évoque bien sûr le héros chevaleresque du roman de Chrétien de Troyes, soucieux de posséder une demeure témoignant de son rang, fait reconstruire Chamerolles au début du XVIème siècle. C’est à lui que Chamerolles doit l’essentiel de sa configuration actuelle. Haut lieu du Protestantisme orléanais à l’époque de Lancelot II, Chamerolles reste dans la famille du Lac jusqu’à la fin du XVIIème siècle. Le château change ensuite plusieurs fois de propriétaires. Fortement endommagé pendant la seconde Guerre Mondiale puis laissé à l’abandon, il faut attendre 1987, pour que la ville de Paris le cède au Département du Loiret. Cinq années de travaux ont été nécessaires à sa restauration. Aménagée au sein de cette demeure seigneuriale,la Promenadedes parfums restitue avec poésie l’atmosphère qui y régnait à l’époque de ses occupants successifs, tout en dévoilant l’évolution de l’hygiène et de l’utilisation des parfums au fil des siècles. Le parc paysager et les jardins Renaissance reconstitués grâce à des archives anciennes viennent magnifier le cadre bucolique de ce site hors du temps.

 CHATEAU DE CHAMEROLLES – 45170 CHILLEURS -AUX- BOIS
Tel: 02.38.39.84.66 – Fax: 02.38.39.45.59
Email : chateau.chamerolles@cg45.fr

Le château est ouvert tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 17h sauf le mardi.

Fermeture le 25 décembre et tout le mois de janvier. Son site

Vidéo : La symphonie des parfums



[1] Comprend le Loiret (45), le Loir et Cher (41), l’Eure (27), Eure et Loir (28), Indre et Loir (37), les Yvelines (78) et le Val d’Oise (95)

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Un commentaire

  1. Très très beau château hormis la Promenade des parfums, à ne pas manquer, l’intérieur est aussi très étoffé riche en meubles et décorations.

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