Festival Nuits Carrées d’Antibes : rencontre avec Peter Von Poehl

Le Festival des Nuits Carrées d’Antibes n’avait pas pu se tenir en 2020, en raison de la crise sanitaire. Il a eu lieu cette année du 25 au 27 juin, non pas au Fort Carré comme d’habitude mais sur l’esplanade du Pré aux pêcheurs, à l’entrée de la vieille ville. Le public était au rendez-vous, ravi de pouvoir de nouveau assister à des concerts, en plein air.  C’est le chanteur suédois Peter Von Poehl qui a ouvert cette nouvelle édition vendredi soir. Quelques heures avant qu’il ne monte sur scène, nous avons eu la chance de le rencontrer à l’hôtel La Villa. Dans un français impeccable (il est en France depuis 1998), il nous a accordé une longue interview. Il nous a notamment parlé de son nouvel album, Memories from Saint-Forget, sorti le 2 juin, qu’il a composé dans un village des Yvelines, durant le premier confinement. Le soir, seul sur scène, accompagné de sa guitare et d’un harmonica, il l’a fait découvrir aux spectateurs des Nuits Carrés, conquis par ses mélodies au charme poétique.

France Net Infos : Vous devez être ravi de retrouver le public sur scène ?

Peter Von Poehl : Plus que ravi ! Ca m’a beaucoup manqué pendant cette période de ne pas faire de concerts ! Toute la question est là : est-ce que la musique existe s’il n’y a pas d’oreilles pour l’entendre ?

France Net Infos : Après des concerts ou même sur les réseaux sociaux, qu’est-ce que cela vous fait de recevoir des messages bienveillants et de remerciements ? Certains de vos fans disent de vos mélodies qu’elles accompagnent leurs vies…

Peter Von Poehl : Je suis touché. Tout ça me fait dire que faire de la musique n’est pas inutile et a donc un véritable sens !

France Net Infos : Cet album a été composé dans des conditions particulières, à la campagne, pendant le confinement…

Peter Von Poehl : Je n’avais pas prévu d’enregistrer à ce moment-là. Dès janvier, les commandes que j’avais ont commencé à s’annuler. Début mars, avec ma famille, on s’est débrouillés pour quitter Paris. Par chance, on a pu louer une maison dans la vallée de la Chevreuse. J’ai embarqué mon studio d’enregistrement et j’ai pu m’installer dans la cabane du jardin que le propriétaire m’avait gentiment prêtée. J’ai enregistré la plupart de la musique là-bas. J’ai aussi pu faire des séances à distance avec des musiciens en Suède parce que là-bas, il n’y avait pas de confinement. Quand on écoute attentivement l’album, on entend le chant des oiseaux !

France Net Infos : Faire de la musique était essentiel pour vous à ce moment-là ?

Peter Von Poehl : C’était un instinct de survie ! Pourtant au départ, ça n’était pas évident. Il a fallu que je m’organise. Je me levais très tôt. Je travaillais à l’aube, avant que ma famille se réveille. C’était un moment joyeux pour moi, cet enregistrement.

France Net Infos : Comment vous est venue l’inspiration pour écrire les chansons de cet album ?

Peter Von Poehl : Je me suis rendu compte que dans le processus d’écriture, il y a le fait de faire la cuisine ! Pendant ce confinement, j’étais chargé de faire les repas et je me suis dit que ce temps était comme celui que je passe à mon piano ou devant la table de mixage. C’est le même processus de création.

France Net Infos : La pochette de l’album avec des photos de vous dans un jardin rend bien compte de cette ambiance…

Peter Von Poehl : Je m’étais dit que ça pouvait faire sens de faire des photos à Saint-Forget, là où on avait vécu. La photographe, qui n’habitait pas loin, est venue et a pris plusieurs photos de moi à l’intérieur et à l’extérieur. Elle travaille sur argentique et lorsqu’elle m’a envoyé une photo de ses clichés, en train de sécher sur une plaque, je me suis dit que c’était la pochette ! Ces chansons sont un peu comme ça pour moi !Comme des photos de vacances que l’on met sur son frigo… Elles accompagnent cette période, tels des polaroids ! Le titre de l’album reprend aussi cette idée : « Memories from Saint-Forget ». Je ne peux pas m’empêcher de faire ce jeu de mots…

France Net Infos :  Vous avez composé aussi de nombreuses musiques de films….

Peter Von Poehl : Ces derniers temps, je suis allé vers des univers différents mais j’aimerais bien faire à nouveau des musiques de films. Il faut que j’arrive à trouver le temps et le bon film ! J’ai travaillé sur des films très différents. Le premier pour lequel j’ai composé était un film de genre lituanien en 2011. Après j’ai fait des films d’auteurs français, italien, suédois… J’ai aussi pas mal travaillé pour la danse. En tant que musicien, j’ai la chance de pouvoir travailler dans plusieurs univers, que ce soit le cinéma ou la danse.

France Net Infos : Comment composez-vous quand il s’agit d’une musique de film ?

Peter Von Poehl : Ce qui est important c’est quand la musique fait partie du film autant que le scénario et les acteurs par exemple. On doit réfléchir à la musique dès le départ. Mes expériences de cinéma les plus réussies sont celles où ça s’est passé de cette façon. Pareil pour la danse. J’ai travaillé sur plusieurs spectacles de la compagnie Héla Fattoumi,Eric Lamoureux. Je venais sur les premières répétitions avec une guitare et j’enregistrais….Au cinéma, on voit à l’image si la musique fonctionne ou pas ! C’est assez mystérieux. Avec la musique, quand ça fonctionne, les images deviennent meilleures ! Récemment, j’ai regardé Fenêtre sur cour avec mon fils de dix ans, la musique est très importante. Une grande partie de la narration passe par le son.

France Net Infos : Avez-vous des projets avec votre épouse Marie Modiano ?

Peter Von Poehl : Oui tout à fait. On cherche toujours des excuses pour travailler ensemble ! Là, on va faire un projet en Italie, qui se jouera dans une des villas mythiques de Capri  : ce sera une sorte de spiritisme musical !

Peter Von Poehl sera en tournée tout l’été et jusqu’en novembre en France. En attendant de le retrouver sur scène, il faut écouter son magnifique album « Memories from Saint-Forget ».

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