L’apocalypse des travailleurs : Valter Hugo Mãe (Métaillié)

“L’apocalypse des travailleurs” de Valter hugo Mae (aux éditions Métaillié) est un roman dérangeant par sa vérité implacable et rude, un roman qui s’apprécie par sa franchise et son humour froid : un roman vrai.

couv-apocalypseMaria da graça mène une vie de femme de ménage qui compte son argent, difficilement gagné, pour régler les factures. Elle n’a pas de distraction. Sa seule compagnie est quiteria, une amie de misère qui lutte pour des bonheurs éphémères. Ses deux femmes de ménage dépeignent leurs conditions et leurs visions de la vie et de leurs futurs paradis.

Valter Hugo Mãe arpente la société moderne à travers les regards francs et honnêtes de ces deux femmes, anti-héroïnes mais cependant héroïnes de la vie. Chaque personnage porte son malheur sur ses épaules mais toujours avec la volonté tenace d’inverser la tendance. Les solitudes se lient pour donner un sens à la vie.

Les dialogues internes entre Maria et Saint-Pierre reflètent son désir de botter les fesses aux idées reçues. Aucune majuscule n’apparait dans le roman comme dans le désir de gommer l’existence, comme si le fait de porter une majuscule rendait l’homme meilleur. Le lecteur désire attribuer cette majuscule à la vie. Il est à la fois chavirer par le désir de consoler ses femmes et par le désir de lutter à leurs côtés.

“elle voyait les étendoirs, tout en bas, pliant sous le poids du linge et disposés comme des filets qui ne seraient d’aucune utilité pour la sauver. elle voyait les étendoirs et hésitait parce qu’elle voulait mieux les regarder. et, tandis qu’elle était occupée à penser à sa mort, monsieur ferreira apparut sur la terrasse, arrivant des escaliers, un beau sourire sur son visage. et maria da graça, que rien n’étonnait plus, fut heureuse de le voir et l’accueillit…”

“C’était une saloperie d’homme plus maudit que tout ce qu’on pouvait imaginer. qu’il ait été aisé, ça on le savait, mais riche au point de se permettre de jouer avec l’argent, qu’il ait préféré se suicider plutôt qu’aider celle qui s’occupait de lui et de sa maison, cela dénotait un égoïsme que maria da graça ne pouvait pas pardonner. elle était là, accusée d’elle ne savait quoi, et pauvre, obligée d’accepter des heures de ménage dans des maisons éloignées les unes des autres, ce qui l’obligeait à marcher beaucoup et la faisait arriver fatiguée avant même de commencer le ménage. et se dire que le vieux aurait pu être pour elle un ami prêt à changer sa vie, pour ne plus penser à un amant, un aimé, cet homme pour qui elle aurait tout donné, qui ne lui avait rien donné, rigoureusement rien, de ce qu’il avait préféré jeter.”

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