Le conflit ukrainien ne s’arrête pas à Poutine

UkraineJusqu’où ira le conflit ukrainien alors que les combats se sont intensifiés samedi dans l’est de l’Ukraine et alors qu’un cessez-le-feu est attendu dans la nuit du 14 au 15 février à minuit ? Qui sont les responsables de ce conflit ? Les médias ne cessent de relater les faits en marquant bien que pour une majorité, le grand méchant se nomme Vladimir Poutine. Le grand méchant loup, c’est lui ! Comme si le conflit ukrainien ne dépendait que de lui. Comme s’il en était à l’origine. Or il n’en est rien. Certes le président russe n’est pas tout rose, et notamment en matière de liberté de la presse. Mais réduire le conflit ukrainien à la Russie est plutôt simpliste. C’est pourtant ce que font la plupart des médias.

Quel grand média évoque par exemple les fascistes présents dans le conflit ? Hier, vendredi 13 février, Dmitry Yarosh, député ukrainien et leader du parti Secteur droit, parti d’extrême droite, a déclaré sur sa page Facebook, que son mouvement rejetait l’accord de paix de Minsk et que ses unités paramilitaires continueront les combats dans l’est de l’Ukraine. Le leader ultranationaliste a d’ailleurs déclaré que les accords de Minsk sont contraires à la constitution de l’Ukraine et que les citoyens ukrainiens ne sont donc pas obligés de les respecter. Il va encore plus loin en affirmant que si l’armée régulière reçoit l’ordre de cessez-le-feu et de retirer ses armements lourds de la ligne de front, les bataillons composés de membres de Secteur Droit se “réservent le droit de continuer la guerre”.

On comprend à lire les propos du député ukrainien, que la réunion de cette semaine à Minsk entre Angela Merkel, François Hollande, Vladimir Poutine et le président ukrainien Petro Porochenko ne peut être une assurance pour une paix durable. Pour revenir à Dmitry Yarosh, il est important de rappeler que la Russie a lancé dès mars 2014, des poursuites à son encontre après avoir appelé publiquement au terrorisme et à l’extrémisme. Il appelait dans ses discours les forces anti-russes à se livrer à des actes extrémistes et à répandre la terreur sur le territoire russe. Il fait d’ailleurs l’objet d’un mandat d’arrêt international auprès d’Interpol depuis le 25 juillet 2014. On peut donc s’étonner qu’il est été malgré tout cela, élu député le 26 octobre 2014.

Il est facile de prendre connaissance du programme géopolotique de Yarosh, notamment sur Wikipédia : Faire exploser les gazoducs pour obliger les russes à les défendre – Faire une couverture ultra médiatique sur les évènements pour faire passer la Russie, comme l’ennemi principal (cette pression médiatique, je l’évoquai ci-dessus) – Obliger à couper les gazoducs à destination de l’Europe – Obliger l’Europe à résilier ses contrats avec la Russie – Isoler la Russie et obliger les Etats à choisir leur camp, Etats-Unis, Chine, Russie ou Union Européenne, d’où un risque de conflit mondial – Substituer un contrat avec les Etats-Unis permettant de trouver un débouché pour son gaz de schiste, le vendre plus cher puisque l’Europe est demandeur et y trouver un argument de plus à la nécessité du traité transatlantique. Tiens, qui dit traité transatlantique dit Etats-Unis. On voit que les Etats-Unis ont donc aussi quelques intérêts dans ce conflit.

Etonnant, l’ancien premier ministre italien Mario Monti a d’ailleurs accusé lundi dernier sur la chaîne italienne, La7, les Etats-Unis et certains pays européens d’inciter à la guerre en Europe. Selon Monsieur Monti, les Etats-Unis manipulent les pays européens et instrumentalisent l’Otan en vue de “défendre leurs intérêts internationaux”. On a d’ailleurs appris aujourd’hui et notamment via le journal Le Point, et via le journal allemand “Bild am Sonntag”, que 400 mercenaires américains d’une entreprise américaine aident les troupes ukrainennes contre les pro-russes. Ce qui signifie que ces derniers ont les mêmes objectifs que le mouvement de Dmitry Yarosh, leader d’un parti d’extrême droite et membre du Tryzub, organisation paramilitaire se revendiquant proche du 3ème Reich.

Si on va plus loin, on apprend que les Etats-Unis financent depuis 1991, des groupes politiques pro-européens en Ukraine par l’intermédiaire d’ONG comme la Fondation Carnegie, organisation non gouvernementale dédiée au développement de la coopération interétatique et à la promotion des intérêts des Etats-Unis sur la scène internationale. Etonnant non ? Le commandement européen des Etats-Unis a même précisé récemment qu’il s’apprêtait à envoyer des hommes en Ukraine pour former les soldats de la Garde Nationale ukrainienne qui comprend des néo-nazis qui avaient déjà été formé par l’OTAN.

La crise ukrainienne a débuté le 21 novembre 2013 suite à la décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer l’accord d’association avec l’Union européenne. Ce qui était au départ un conflit interne entre ceux qui souhaitaient se rapprocher de l’Europe et ceux qui souhaitaient se rapprocher de la Russie, a pris une tournure internationale et n’est pas près de s’arrêter. Quelque soit la suite des prochains accords, l’Ukraine restera divisée. De plus, son Président, Petro Porochenko, élu le 25 mai 2014, bien qu’élu avec 54 % des suffrages, ne représente pas l’ensemble du pays, ce qui n’est pas pour améliorer les choses. Le Donbass, situé à la frontière Russe n’avait en effet pas participé au vote par peur d’aller voter, et par manque ou absence d’urnes et de bulletins.

A quelques heures d’un cessez-le-feu très attendu, nous pouvons voir que les choses ne se réduisent pas à Vladimir Poutine, et qu’il serait bon de clarifier la situation dans le Donbass, lieu de conflits depuis plus d’un an. Malheureusement, Merkel et Hollande paraissent bien petits face à toutes ces stratégies géopolitiques, qui pourrissent le monde.

Si en France, peu de médias évoquent la présence de néo-nazis en Ukraine, la vidéo ci-dessous diffusée par la BBC suite à l’enquête du reporter Gabriel Gatehouse, sur les liens entre le nouveau gouvernement et les néo-nazis, fait réfléchir…

Prendre parti est difficile dans un conflit aussi compliqué, mais se ranger du côté des nazis est la pire des choses.

 

 

A propos Guillaume Joubert

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2 commentaires

  1. Éric Fontaine

    Guillaume, force est de constater que ce conflit n’est pas qu’une abnégation de l’histoire, comme tu avais l’air d’y croire. Aujourd’hui l’Ukraine est meurtrie sous les bombes russes, cela est voulu par Poutine. Lui-même parlait de ces nazis criminels, faisant l’impasse sur un peuple résolument tourné vers notre Europe…On est loin de cette minorité fasciste que tu as notifié. Peut-être le futur te fera changer de vision, car la démocratie est bafouée par le maître du Kremlin, à ce jour !

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