Le Prénom : interview des réalisateurs Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière

Chaque année, de nombreux couples qui deviennent parents  sont confrontés au choix du prénom de leur enfant. Garçon ou fille, accord ou conflit, un enfant c’est le début du bonheur, un prénom c’est le début des emmerdes. « Le Prénom » est un film en huit-clos, interprété par Patrick Bruel, Valérie Benguigui, Charles Berling, Judith Elzein et Guillaume  de Tonquédec, à voir sur grand écran dès le 25 avril 2012. Il est possible que cela vous fasse penser à une pièce de théâtre, et pour cause, il s’agit de l’adaptation de la pièce écrite par les réalisateurs et mise en scène par Bernard Murat. Après 250 représentations à Paris et le succès remporté, Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, amis et duo professionnel inséparable, sont venus nous présenter leur film et répondre à nos questions.

Charles Berling, Patrick Bruel, Judith Elzein, Valérie Benguigui et Guillaume de Tonquédec

Synopsis

« Vincent, la quarantaine triomphante, va être père pou la première fois. Invité à dîner chez Elisabeth et Pierre, sa sœur et son beau-frère, il retrouve Claude, un ami d’enfance. En attendant l’arrivée d’Anna, sa jeune épouse éternellement en retard, on le presse de questions sur sa future paternité dans la bonne humeur générale… Mais quand on demande à Vincent s’il a déjà choisi un prénom pour l’enfant à naître, sa réponse plonge la famille dans le chaos. »

Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte

Alexandre de la Patellière, vous êtes le fils d’un scénariste et metteur en scène, avez-vous toujours eu envie de faire du cinéma ?

AP : Tout à fait. Ma maman était aussi monteuse de film donc j’ai été élevé dans le cinéma, j’ai toujours baigné là-dedans et ai toujours eu envie d’être dans cet univers là. J’ai toujours eu en tête d’écrire, j’ai fait beaucoup de métiers différents pour gagner ma vie, assistant réalisateur, développeur de production mais toujours avec l’ambition d’écrire et de faire un film un jour. Cela me tenait particulièrement à cœur et c’est arrivé.

En revanche vous Matthieu, votre parcours ne semblait pas à priori vous destiner à la réalisation puisque vous avez étudié en histoire et en sciences politiques ?

MD : C’est exact, mais j’avais envie d’écrire. Aujourd’hui c’est plus simple parce qu’il y a plus d’école d’écriture et de cinéma, ce n’était pas le cas à l’époque. Je ne savais pas comment m’y prendre, j’ai commencé par des études de lettres, histoire et sciences politiques et quand j’ai terminé j’ai écrit et réalisé un court-métrage que j’ai présenté dans plusieurs festivals. Alain de Greef m’a repéré, à l’époque il s’occupait des programmes de Canal+ et je suis devenu auteur au sein de cette chaîne, puis j’ai rencontré Alexandre de la Patellière en faisant mon court-métrage qui travaillait dans un laboratoire, nous sommes devenus amis et avons commencé à travailler ensemble sur des projets de films.

Par rapport à votre film, préférez-vous les prénoms plutôt classiques et fréquents ou plutôt les prénoms originaux et rares ?

MD : Nous sommes tous les deux pères et avons donc donné des prénoms ! J’ai trois filles, qui s’appellent Bartholomée, Thadéo et Arthenus.
AP : Et moi j’ai deux filles qui s’appellent Neige et Cassiopée.

MD : L’histoire du film vient beaucoup de l’expérience personnelle et le film est dédié à nos enfants et à ceux qui ont fait des remarques à leur naissance car sans eux le film n’existerait pas.

AP : On a vécu effectivement le fait que quand on annonce un prénom d’un enfant qui va naître, cela déverrouille chez les gens quelque chose et tout le monde a un avis, ce qui est normal ! Souvent des gens qui ne se mêlent pas de la vie des autres d’un coup se permettent des commentaires.

MD : Le prénom c’est quelque chose de totalement intime, choisir le prénom de son enfant c’est une décision entre un homme et une femme. Souvent on le donne pour des raisons intimes, familiales, des références à des gens qu’on a connu, des héros de romans… Et quand on le choisi, cela devient la vitrine de cet enfant, cela lui est attaché. C’est une porte d’entrée incroyable vers l’intime et la famille.

Adapter l’œuvre théâtrale au cinéma est une manière pour vous de laisser une trace et de toucher un public plus large ?

MD : Oui, il y a un côté conte de fée dans cette histoire. Avec Alexandre nous avons écrit cette pièce pour nous et on avait envie d’aller plus loin, elle a été représentée à Paris. C’était incroyable et nous n’avions pas envie que cela s’arrête mais de rajouter des choses. Et puis il y avait un côté frustrant car nous avons de la famille et des gens en province qui souhaitaient voir la pièce mais c’était complet ! Nous sommes donc très heureux de pouvoir l’offrir aujourd’hui au cinéma et impatients de se glisser dans les salles de cinéma pour voir les réactions.

Quelles ont été vos influences ?

MD : C’est une question compliquée car il y a les influences objectives et les autres. On peut dire que l’on aime tel ou tel auteur mais est-ce que cela veut dire qu’il nous influence ? Nous on est influencés par la comédie italienne, la comédie américaine et la comédie française comme Les Bronzés, Le Père Noël est une Ordure. Quand on écrit on se dit pas « je vais écrire comme » mais on cherche à trouver son style et à creuser quelque chose que personne n’a fait. C’est très aléatoire. Certaines personnes en voyant le film pensent au Dîner de Cons !

AP : Il y a beaucoup de choses qui nous marquent en tant que spectateur comme les films de Woody Allen par exemple. Les influences sont forcément là et nombreuses mais elles sont très inconscientes.

Le tournage a duré dix semaines, n’était-ce pas lassant de tourner toujours dans le même lieu, le même décor ?

MD : J’y serai resté encore ! Effectivement beaucoup de personnes nous ont dit que nous allions vivre l’enfer, enfermés pendant dix semaines. Une équipe de cinéma c’est cinquante personnes, nous étions dans un appartement de 200m² sous des projecteurs toute la journée avec 35°c. Tout le monde pensait qu’on allait se taper dessus !

AP : Nous pourrions se poser la même question pour le spectateur puisqu’il est enfermé dans un huit-clos. Nous voulions rester en studio et nous pensions que le film devait fonctionner comme la pièce de théâtre c’est-à-dire en temps réel. Il y a une notion de voyage dans cette famille, c’est une odyssée où les gens se disputent, se raccommodent. Avoir le même décor ne signifie pas que l’on s’embête, du moins j’espère que les spectateurs n’auront pas ce sentiment !

MD : Nous avons regardé de nombreux films adaptés de pièces de théâtre pour voir ce qui fonctionnait bien ou moins bien et souvent les auteurs ont peur et créent des éléments supplémentaires, des flashbacks, des artifices. Je trouve que cela ralentit le récit parce qu’au fond ce qui intéresse et qui importe dans un film c’est que l’on a envie de savoir ce qui se passe juste après, que va répondre un personnage.

AP : Nous avons beaucoup réfléchi en amont du tournage, il y avait mille et une façons de filmer et de suivre les acteurs dans l’appartement, d’être plus ou moins près d’eux. Avec les déplacements il se passe toujours quelque chose.

MD : Pendant une semaine on a eu le luxe d’avoir le studio et le décor rien que pour nous et avec Alexandre nous avons joué tous les rôles nous-mêmes avant de travailler avec les acteurs.

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

MD : On a écrit un film très différent, un thriller psychologique qui est en projet pour l’année prochaine.

Avez-vous envie de travailler chacun de votre côté ?

MD : On a du mal ! On part en vacances ensemble, on a une vie professionnelle commune depuis dix ans. On a beaucoup de plaisir à travailler ensemble. Il faut trouver son épanouissement personnel et souvent les auteurs souffrent de leur solitude dans ce milieu. D’abord on écrit chacun de son côté puis on confronte nos idées. Le travail à deux demande une gymnastique particulière !

AP : On n’a jamais eu peur de ne pas être d’accord parce qu’il y a toujours un moment où on reconnaît sincèrement quand on trouve que l’autre a raison. Sur un plateau on est confronté à milles décisions par jour, de la couleur des rideaux à l’éclairage ! Quand on n’est pas d’accord on règle le problème assez vite, nous ne sommes pas dans un rapport d’égo.

Propos recueillis par J.T.

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