Perturbant est un adjectif qui définit succinctement le récit de François Bizot. Cet auteur redéfinit notre vision du bourreau. Il lui donne une part d’humanité qui permet au lecteur de comprendre la dualité qui existe en l’homme. L’Homme peut-être capable du meilleur comme du pire.
François Bizot en est à son deuxième coup d’essai. Son premier récit s’intitule : Le portail. Il retrace les évènements subis par son auteur durant son enlèvement et son emprisonnement dans la campagne cambodgienne. Son deuxième récit donne des éléments supplémentaires de sa détention. Cet écrit est basé selon trois mouvements importants qui sont : dans un premier temps, le parcours de sa capture et les conditions de son incarcération; dans un deuxième temps, François Bizot retranscrit les modifications ou précisions apportées par Douch concernant son premier ouvrage et enfin, il recopie les questions/réponses durant le procès de son bourreau.
L’auteur ne fait pas le procès des Khmers rouges, il revient sur des évènements qui ont transformés, à vie, sa manière de comprendre l’homme. Ce récit se veut juste. Cet ethnologue français donne aussi une idée que l’esprit contraint sous la menace de mort garde en mémoire des informations qui lui convienne. Ces informations perdent parfois de leur véracité car la mémoire reste sélective et les souvenirs se transforment sous l’emprise du temps.
Voici quelques citations tirées du récit :
» Un geôlier khmer rouge, c’était le contraire de moi, mais c’était encore moi, jusque dans la décadence. »
« Il se trouvait doté du courage d’endurer toutes les peines, à la hauteur de ses remords, en son nom, en tant que repenti, et pour ses propres crimes. Pas pour ceux qu’on prête à nos représentations grossières, sous le masque desquelles chacun s’apprête à l’effigier en criant, afin de ne jamais voir celui qui est dans le rôle du monstre, avec sa physionomie d’être humain. »
» Qu’il me soit permis, en cette circonstance, d’évoquer la mémoire des prisonniers de M.13, dont le souvenir ne me quitte plus. »