Le théâtre Anthéa a accueilli G.R.O.O.V.E, le spectacle déambulatoire de Bintou Dembélé

G.R.O.O.V.E avait ouvert le Festival d’Avignon en juillet dernier. Après Paris et le Centre Pompidou, le spectacle déambulatoire de la chorégraphe Bintou Dembélé a été accueilli au théâtre Anthéa d’Antibes. Pendant près de trois heures, le public a été convié à parcourir tous les espaces du théâtre pour assister à des performances où s’entremêlent danse, chant, musique et vidéo.

C’est sur le parvis du théâtre qu’a débuté la soirée. Chaque spectateur muni d’un bracelet de couleur est invité à rejoindre son groupe, facilement repérable grâce aux drapeaux tenus par des hôtesses. Tous les groupes assisteront aux mêmes performances mais dans un ordre différent. Ils ne se croiseront qu’à la fin, dans la salle Audiberti, pour un final éblouissant et étourdissant, où les spectateurs seront invités à rejoindre les danseurs sur scène.

L’hôtesse nous a prévenus d’emblée : notre groupe commence par la performance la plus brutale, susceptible de heurter les sensibilités. En effet, après être passés par l’entrée des artistes, nous arrivons dans l’obscurité sur un plateau qui semble, au premier abord, vide. Il faut quelques instants pour se rendre compte qu’un homme gît à terre, au fond. Il est bientôt rejoint par des femmes et des hommes, qui l’encerclent en silence. Seul résonne le bruit des flashs incessants.  Les spectateurs sont invités à s’asseoir par terre, comme des témoins de cette veillée funèbre. L’homme est ensuite traîné, jusqu’à une sorte de bûcher fait de néons lumineux. Du plafond descendent ensuite plusieurs rangées de cintres portant des vêtements, privés d’êtres humains pour les porter. Le tableau est d’autant plus fort qu’on ne peut s’empêcher de penser à la triste actualité. Difficile d’oublier cette première performance pendant le reste du spectacle.

C’est en silence que nous quittons le plateau pour rejoindre la longue rampe du théâtre qui nous conduira, en cortège,  jusqu’à la terrasse du 5e étage. Là, une autre performance nous attend, mêlant cette fois le chant et la danse. Majestueuse, Célia Kaméni pénètre dans un cercle de lumière, et nous envoûte avec sa voix chaude et puissante.

La déambulation se poursuit dans la salle Pierre Vaneck où sont projetés des courts métrages évoquant notamment les danses de rue des basses castes de l’Inde.

Puis, tout le monde se retrouve dans la salle Audiberti pour un final en apothéose. Les danseurs interprètent avec fougue des extraits de la chorégraphie sur “Les Indes Galantes” de Rameau que Bintou Dembélé avait créée pour l’Opéra de Paris en 2019. La danse urbaine côtoie le baroque. Les genres s’entremêlent et les barrières sautent. Les spectateurs n’ont pas besoin de se faire prier longtemps par les danseurs pour les rejoindre sur scène. La soirée a duré trois heures mais le temps a semblé suspendu. Loin de se contredire, dans un spectacle protéiforme, les arts et les genres se sont côtoyés et entremêlés, offrant au public un moment de partage unique et intense.

A propos Laurence

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