Le mouvement #MeToo va-t-il s’étendre aux chasseurs de tête ? Dans ce métier hétérogène, il semblerait que quelques acteurs très influents n’hésitent pas à se servir de leur entregent pour obtenir des faveurs de la part de candidates à des postes éminents. Ce sont aujourd’hui les accusations dont fait l’objet un chasseur de tête indépendant réputé de la place de Paris.
Deux victimes ont accepté de témoigner de façon anonyme pour faire la lumière sur les agissements de cette personnalité, qui sévit en toute impunité.
Le premier cas concerne une candidate à un poste, qui se rend à Paris pour un deuxième entretien, qui est alors programmé tard dans la journée. A la sortie, elle n’a plus le temps de prendre le dernier train et reste dormir dans la capitale. Le chasseur de têtes l’invite à dîner, ce qu’elle accepte en pensant que cela pourrait influencer sa décision. Au fur et à mesure de la soirée, l’homme se montre de plus en plus entreprenant et affiche clairement son intention. Ils terminent la soirée dans sa chambre d’hôtel et ce dernier ne donne ensuite plus aucune nouvelle. Une semaine plus tard, alors que la jeune femme relance par téléphone le cabinet, une collaboratrice lui indique brièvement que le poste est pourvu.
Le deuxième témoignage se déroule en 2018. La victime raconte avoir rencontré ce même chasseur de tête à plusieurs occasions lors de réunions professionnelles, et celui-ci l’a encouragée à candidater à des postes gérés par son cabinet et à orienter sa carrière tel un « agent », à l’affût de nouvelles opportunités. L’idée mûrit dans la tête de la jeune femme, qui accepte quelques temps plus tard un déjeuner dans un grand restaurant parisien. Même scénario, l’homme devient plus prévenant, et lui déclare qu’il peut faire comme défaire des carrières, un sous-entendu qu’elle interprète comme une menace. Elle accepte de le suivre à l’hôtel, et n’aura aucun contact avec lui après.
Les abus d’influence de quelques cabinets de chasseurs de tête avait été évoqués dans quelques article de presse récents, comme dans Cadres Dirigeants Magazine et Economie Matin. Par ailleurs, le compte Twitter @Melleconfinee évoquait dans ses tweets postés le 17 décembre 2020, une histoire équivalente qui lui serait arrivée avec un chasseur de tête parisien. Voir ici
Ces cas isolés ne doivent certes pas remettre en cause l’ensemble de la profession des chasseurs de tête. Mais en pleine époque #MeToo, il est plus que nécessaire de délivrer la parole de victimes, lorsque ces prédateurs – chasseurs utilisent leur position influente pour faire des avances sexuelles à une personne, ou tentent de faire licencier un cadre dirigeant. Les directions générales doivent plus que jamais se prémunir contre ces profils malintentionnés, et écouter ces courageuses dénonciations.
Farah Becheikh De Smet
Farah Becheikh De Smet, journaliste Freelance basée à Bruxelles, passée par l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information de Tunis ainsi que l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales à Paris, elle se passionne aussi bien pour l’économie et le management que pour la géopolitique.