Je viens de finir la lecture du beau roman d’Isabelle Mercier Les fleurs d’un même jardin, paru aux Editions Auteurs d’Aujourd’hui.
Après Dernières notes et Parfois les enfants pardonnent, Isabelle Mercier, riche d’une très belle expérience professionnelle d’infirmière, poursuit son introspection de la cellule familiale et nous propose, avec son dernier livre, l’étude tout en en demi-tons d’une fratrie de filles.
Madeleine, Sophie, Amélie et Héloïse , les filles Lassalle se retrouvent tous les ans dans la demeure familiale à l’occasion d’un week-end prolongé. Cette promesse faite à leur mère de se réunir malgré tout, semble de plus en plus difficile à tenir …
Chacune arrive avec son passif, ses imperfections, ses doutes, et la cohabitation va mettre en évidence voire exacerber les conflits larvés, les blessures accumulées pendant l’enfance et faire ressurgir de douloureux secrets de famille … mais pas seulement, car la promiscuité et le désoeuvrement peuvent conduire à de jolies mais surprenantes découvertes.
“Amélie se dirige aussitôt vers l’escalier en colimaçon en ayant pris soin de prendre une lampe torche avec elle. La pièce sent le renfermé et est encombrée de tout un tas de cartons, de vieux meubles et de malles en osier. Elle sourit, retrouvant la joie enfantine de partir à la recherche d’un trésor oublié ” (…)
Ce huit-clos familial me fait irrésistiblement penser à certains films de Claude Sautet, particulièrement à “Une histoire simple” …
… C’est une histoire de femmes, une vision douce amère d’une certaine bourgeoisie qui s’accroche à des repères désuets, c’est une forme de liberté acquise de haute lutte par des féministes aux victoires fondamentales, mais qui se heurte à l’incontournable problème du choix. “La liberté est choix” nous disait Jean-Paul Sartre, mais ce texte nous fait comprendre que ce n’est pas si simple …
Le libre arbitre s’oppose aux valeurs traditionnelles, l’assignation à une place, à un rôle précis, prend toute sa dimension dans ce roman qui nous fait réfléchir parce qu’il s’agit de femmes, de femmes apparemment libres mais prisonnières de leur histoire, du message vertueux transmis de façon subliminale par les parents … de ce carcan de bienséance qu’exige le discours familial et sans doute aussi, de leur propre parcours personnel.
Alors comment faire pour échapper à cette sujétion ? comment se parler … s’écouter et reprendre le contrôle de sa vie ? Etre ces fleurs d’un même jardin aux parfums différents mais si complémentaires …
… Mais voilà ma promenade est terminée, je referme la grille derrière moi … et vous laisse vous balader à votre tour dans les allées de la maison des Lassalle, vous reposer sur la terrasse en pierre de Bourgogne, je ne doute pas que votre séjour sera plein de surprises.
ETRES-FLEURS d’un même jardin d’où puiser ses racines, solides et profondes pour, à son tour, cultiver son propre jardin !
Merci. L’envie de balade est là.
Merci Cathy … bonne suite :)