Bon, d’habitude, le lundi soir, je ne vais jamais au cinéma. Mais là, c’est les soldes… Alors je me force. Pourquoi les soldes, quel rapport avec le cinéma allez-vous me dire ? Eh bien parce que pendant les soldes, figurez-vous que le cinéma en bas de chez moi solde ses films. Eh oui, la chance ! Ils proposent des « contremarques » avec des places gratuites, des réductions, de places à moitié prix, etc…
Et moi, pas plus bête qu’une autre, je fais comme tout le monde, je fais les soldes…
Pour tout dire, le cinéma en bas de chez moi fait partie du groupe qui porte le nom d’une charcuterie bien française qui se tartine, se fait au foie ou de campagne, vous me suivez ? Bien… Donc, courant décembre, ils avaient arrosé à foison de contremarques, préparant le creux de la vague de début janvier. Ce qui me fait penser que pendant la période des soldes, on solde tout, même les films.Je bénéficiais donc d’une « contremarque » une place achetée = une place offerte et j’étais bien décidée à aller voir « la stratégie de la poussette », lorsque, arrivée au guichet, mon fils me glisse : maman, soyons fous, allons voir « un prince (presque) charmant.Venant d’un grand gaillard de 17 ans, qui a perdu 4 octaves en l’espace de 3 mois et qui chausse du 46, ça me paraissait un peu saugrenu, mais pourquoi pas. Après tout le romantisme se niche parfois là où on ne l’attend pas.. On tente !
Nous arrivons dans la salle, aussi grande que ma chambre à coucher, ou plutôt aussi petite.., on se serait senti à la maison, il n’y avait que nous ! Une salle vide comme ça, ça ne laissait présager rien de bon.. J’ai eu peur d’assister au navet de l’année.. Nous avons pris nos aises, changé six fois de place, pique-niqué jovialement, parlé fort. On s’est allongés dans nos fauteuils, mis les pieds sur les dossiers de devant, de toutes façons nous étions en bonne compagnie, la nôtre !Comme je ne m’étais pas du tout documentée sur le film, je croyais que c’était une comédie romantique américaine, j’étais toute excitée à l’idée de la découverte, et je n’ai pas été déçue.
D’abord, première surprise, film français produit par Europacorp, la maison de Luc Besson. J’étais ravie, il y aurait forcément la patte Besson et ça va se passer dans le sud de la France, comme tout ce que fait Besson en ce moment..Effectivement, le générique m’apprend que le scénario est de lui.Le film démarre en trombe avec un Vincent Perez déchaîné, à bord d’un bolide noir mat dernier cri, prenant le périph’ pour le circuit Paul Ricard.D’emblée, on rentre dans le film, le décor est planté, les personnages identifiés, l’histoire déterminée.
Un film comme je les aime, avec une histoire, une vraie qui présente un début, un milieu, une fin. Pas un hachis parmentier fait de flashbacks incompréhensibles, d’images inutiles sans musique ni sens, mais chargés lourdement de symboles, vous me suivez ?
Résumé du film
Bref, c’est l’histoire de Jean-Marc, ouais c’est pas un prénom terrible (tous les gens à qui il se présente lui disent ça…), Pdg sans foi ni loi, qui outrepasse tous ses droits… au code de la route, aux codes de l’humanité (il délocalise sans vergogne une petite entreprise familiale du sud de la France vers la Roumanie et fait perdre leur travail à 25 personnes sur un claquement de doigts, vive la Roumanie… Il se frotte les mains des bénéfices que vont lui rapporter la transaction, mais refuse de donner la pièce à un Rom qui nettoie son pare-brise à un feu rouge, vive la Roumanie ?).Sa fille se marie dans 2 jours dans le sud (tiens, qu’est-ce que je vous avais dit ??) mais une grève générale paralyse le pays (ah ses feignants de français, toujours à revendiquer..)
Commence alors pour lui un périple semé d’embûches pour rejoindre sa fille à temps pour la cérémonie. Ce voyage à travers la France va lui ouvrir les yeux sur sa vie, les priorités qu’il a données à sa vie, sur ses valeurs, sur lui tout simplement.La mise en scène est fluide, servie par une Vanina Gioccante très naturelle, toute en grâce et sourires, et un Vincent Perez bourru mais attachant, passant du rôle de réac de base centré sur lui-même, peu soucieux de l’environnement, des réalités économiques et de ses devoirs de papa, en un prince (presque) charmant.
Il troque sa Renault noire mat « 300 chevaux sous le capot » avec un réservoir à sec impossible à remplir à cause des grèves contre une petite ZOE électrique qu’il arrive à recharger tous les 200 km grâce à la générosité des gens qu’il rencontre : une famille de paysans à peine sortis du moyen-âge et un camp de gitans pour qui l’hospitalité est un art de vivre. Ah oui la générosité… l’hospitalité, des termes qu’il n’a plus employés depuis des années !Il apprend que le temps qu’on consacre à ses enfants n’a pas de prix et que seul l’amour mérite les sacrifices. Cette morale rappelle d’ailleurs celle du film de Clint Eastwood « Gran Torino » où un octogénaire raciste apprend à connaître et aimer une famille d’asiatiques, une sorte de métamorphose d’Ovide en plein XXIème siècle..
Vous l’aurez compris, cette histoire est remplie de bons sentiments, un peu trop d’ailleurs, c’est ce qu’on peut reprocher à ce film qui n’arrive pas à éviter certains clichés et écueils de la mièvrerie.Cela dit, la bande son est terriblement bien choisie, de la première à la dernière chanson.Et puis, c’est censé être un conte de fées, n’est-ce pas ? donc un peu de douceur, même si elle est écœurante parfois dans ce monde de brutes, ça ne peut pas faire de mal.Et surtout, pour un film en solde, deux places pour le prix d’une, ça valait vraiment le coup, surtout que j’ai eu le tarif étudiant grâce à la carte magique de mon fiston.. nanana…