La Cité des Sciences relie la Science et la Fiction

Scindé en son milieu le temps d’une exposition à la Cité des Sciences, la science-fiction est un genre littéraire et cinématographique majeur, dont les retombées semblent si importantes que l’inconscient collectif en a fait un amalgame amusant où la raison et l’imagination se rejoignent forcément, à un moment donné. Qu’importe si les vaisseaux spatiaux sont théoriquement impossibles, si les formes de vie extra-terrestre se résument dans les meilleurs cas à des bactéries au fond des océans de Titan, ou si l’intelligence artificielle n’en soit qu’à ses débuts. La science-fiction, véritable machine à fictionner la science et raisonner la démence, est un objet idéal pour une exposition dans un bâtiment orné d’une bulle métallique tout droit sortie du film avec Sharon Stone et Dustin Hoffman.

Il suffira de monter quelques escaliers pour accéder à un lieu excitant, où les vieux manuscrits du siècle dernier côtoient les affiches de séries Z américaines où la Lune est peuplée d’insectes géants. Une occasion rare de constater par ses propres yeux que depuis la nuit des temps, le ciel fascine et offre une piste de décollage naturelle pour l’esprit. Le parcours est tordu, arpente deux étages le long d’un chemin qui laisse penser que le but était de perdre les voyageurs, mais offre une diversité indéniable. C’est sans aucun doute la force de cette exposition : une soif de découvrir et faire découvrir, de proposer non seulement les classiques du genre – Alien, Star Trek, Star Wars – mais aussi d’offrir une place de choix à des œuvres passionnantes quoique plus confidentielles en territoire français – Battlestar Galactica, joyau télévisuel de science-fiction moderne. Les yeux sont illuminées par ces pièces de collection incroyables – costumes, extraits vidéos, maquettes, affiches – qui taquinent la nostalgie des plus grands et l’attention des enfants. Malheureusement, il faudra se contenter de ces trésors puisque les trop rares écritures proposées se contentent de citer sans creuser. Le fil conducteur, qui proposait de relier ou séparer la science et la fiction, est largement sous-exploité, et les nombreuses pièces à thèmes – les villes, les robots, les extra-terrestres, l’armée – n’offrent finalement pas les interrogations ludiques et didactiques attendues. Science et Fiction est une visite amusante pour la mémoire collective et individuelle, probablement l’occasion de découvrir quelques livres et films moins connus, mais elle échoue à construire un pont entre deux mondes qui resteront lointains lorsqu’en sortant, la réalité du ciel et du sol nous embrasse à nouveau, tandis que notre esprit vagabonde dans un ascenseur spatial, première étape d’un voyage rêvé.

Science et Fiction, à La Cité des Sciences, depuis le 21 octobre 2010 jusqu’au 31 juillet 2011.

http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expositions/science-et-fiction/