Un cercle de lecteurs autour d’une poêlée de châtaignes de Jean-Pierre Otte

Intéressant, captivant : voici les mots qui me viennent à l’esprit à la lecture de ce roman. C’est une bouffée d’oxygène qui remet le lecteur à sa place dans le monde de la littérature.

 

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Jean-Pierre Otte est très connu pour ses livres relatant la quête amoureuse de la faune et de la flore. Ce dernier roman s’attarde sur l’amour livresque. Jean-Pierre Otte est invité par Mehdi à rencontrer un cercle de lecteurs passionnés. L’écrivain se trouve face à ses lecteurs, à leur manière de penser, de vivre la littérature. Le narrateur lie avec élégance l’amour des écrits au régal des papilles. Chaque rencontre se solde par un repas accompagné de vins. Jean-Pierre Otte décrit des personnages différents (avocat, professeur d’espagnol, jardinier, aventurier, écrivain désoeuvré…) apportant leurs visions personnelles et leurs interprétations de la littérature. Chaque lecteur donne son opinion avec ses références littéraires, certains aiment les auteurs classiques tels que Ovide, Homère, d’autres vouent un culte à Julien Gracq, d’autres se retrouvent dans des grands découvreurs de contrées lointaines.

Différents sujets sont abordés comme comment devient-on écrivain ? ou quelle est la place de la religion dans la littérature ? ou doit-on transposer une utopie romanesque à notre monde?.. Chaque personnage a un trait de caractère lié à ses lectures.L’écrivain doit savoir accepter la critique car il est conscient que ses écrits peuvent déranger son  lecteur.

Les dialogues sont fantastiques, la beauté des phrases et la qualité des mots justes, appropriés rendent cette lecture vivante. Les protagonistes ne fanfaronnent pas sur leur qualité de lecteur, ils restent humbles devant les écrits. Chaque auteur cité possède son propre chapitre, un développement d’idées. Ce n’est pas une liste austère d’auteurs que chacun aurait lu.

Chaque oeuvre répertoriée, vous, chers Lecteurs, vous serez tentés de les lire. Ce roman est à glisser dans votre sac pour une pause ensoleillée dans le maquis, sous un auvent ou accompagné d’une poignée de châtaignes et d’un petit coteau du Layon. Ce roman est un régal pour les sens.

 

Voici quelques citations tirées du roman:

” Dans ce cercle, qui réunissait une quinzaine de membres, on échangeait des livres, des avis sur des livres, on partageait ses expériences livresques et récitait à l’occasion certains extraits marquants à voix haute.”

” C’est dire aussi – à mes yeux – l’importance du courant qui nous traverse quand tout le reste, en dehors de ce que l’on nomme faussement l’inspiration, n’est que travail d’orfèvre, patient ou emporté, précisions, rythmes et musiques, ricochet de voyelles et mouvement de consonnes.”

” […] Eliane m’a prêté certains de vos ouvrages et je tiens à vous dire que j’ai trouvé vos livres assez insupportables. Surtout ceux que vous avez consacrés aux rites amoureux du monde animal. Je n’ai pas assez d’adjectifs pour vous dire combien je trouve haïssable de prêter des sentiments aux animaux. Il y a des limites à ne pas franchir, et vous les franchissez avec une audace déraisonnable.Vous ne manquez pas d’une certaine qualité d’écriture; à mes yeux, c’est pire encore ; car, enfin, tout ce talent me semble développé à mauvais escient.”

” L’écrivain est un lieu où les choses se passent sous les apparences. Un lieu de fermentation, de réflexion, de transformation. Ce que l’écrivain produit, comme le vin, ne s’adresse pas à la seule réalité économique, politique, sociale ou sportive, mais à l’être tout entier dans ses réalités permanentes les plus complémentaires. L’écrivain comme le viticulteur travaille aussi bien à susciter l’ivresse qu’à rendre habitable ce monde et à rendre habitable cet univers particulier que nous portons, diversement, chacun en nous-même.”

” Ce n’est donc pas toujours, dit Maylis, revenant à sa première idée, la grande littérature qui nous fait évoluer, mais celle, quelle qu’elle soit, avec laquelle nous sommes en phase à un moment donné.C’est tantôt une histoire ou une intrigue, tantôt un personnage ou une atmosphère particulière qui contient une clé de notre moi, qui se donne comme un passe-partout, un diapason, un fil d’Ariane dans ce qu’Octavio Paz nommait le Labyrinthe de la solitude.”

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