Sami Bouajila se donne de la peine pour incarner un dialogue imaginaire entre un père jadis ouvrier immigré et un fils devenu SDF. Le texte d’Émilie Frèche est certes touchant par sa brutalité sociale, mais l’ensemble manque d’émotions. On a du mal à s’immerger dans ce monologue aride qui expose les affres d’un déracinement culturel.
Un Prince s’entend comme un portrait à charge contre les politiques d’intégration sans une ligne directrice claire dans ses propos. La justesse d’interprétation de Sami Bouajila est de facto freinée par une absence d’empathie. Ce va-et-vient temporel devient alors trop démonstratif.
La mise en scène de Marie-Christine Orry est empêtrée dans un rythme enlevé. Sami Bouajila est donc contraint de débiter le texte sans la moindre respiration. Les ellipses temporelles sont abruptes, bien qu’accompagner d’intermèdes musicaux. La forme est trop scolaire pour emporter le spectateur. Elle se contente hélas de surligner un texte difficile à cerner.
Un Prince aurait mérité un meilleur traitement à la hauteur du jeu de Sami Bouajila.
Un Prince
La Comédie des Champs-Élysées, jusqu’au 31 mars