“38°5 Quai des Orfèvres” au cinéma : rencontre avec le réalisateur Benjamin Lehrer et les comédiennes Caroline Anglade et Carine Ribert

Pour bien démarrer l’été, pourquoi ne pas aller au cinéma voir une bonne comédie française ? « 38°5 Quai des orfèvres », le premier long-métrage de Benjamin Lehrer est le film tout trouvé. On rit souvent tant les séquences et les répliques savoureuses s’enchaînent, dans un rythme très maîtrisé.

L’histoire : depuis quelques jours, un tueur en série, surnommé le Vers Solitaire sème des alexandrins sur des scènes de crime. Il est temps d’agir et de démasquer l’assassin. L’enquête est confiée à une nouvelle recrue, Clarisse Sterling (à ne pas confondre avec Clarisse Starling du « Silence des agneaux », comme elle s’applique à le répéter), sous la supervision du célèbre commissaire Keller, qui ne perd pas une occasion de passer à la télévision.

Pour son premier long-métrage, Benjamin Lehrer a multiplié les références. On reconnaîtra immédiatement « Le silence des agneaux » mais aussi « Qui a tué Pamela Rose ? » et « La Cité de la Peur ». Le film est dans la veine de ces comédies françaises devenues cultes : audacieux, loufoque, parodique, décalé. Le duo Caroline Anglade-Didier Bourdon fonctionne à merveille. Si le film nous fait tant rire, c’est aussi grâce à eux.

Plusieurs mois avant sa sortie, « 38°5 Quai des Orfèvres » a été présenté au dernier festival de la comédie de Monte-Carlo. C’est à cette occasion que nous avons rencontré le réalisateur Benjamin Lehrer, Carine Ribert qui interprète une policière spécialiste de l’informatique et Caroline Anglade, l’enquêtrice de choc de cette comédie jubilatoire.

France Net Infos : « 38°5 Quai des Orfèvres » est une comédie policière, comme on en voit peu au cinéma en ce moment…

Benjamin Lehrer : Je voulais une trame de film policier et y mettre par-dessus une couche d’absurde et de dérision comme le faisaient très bien les « Monty Python » ou les films « Y-a-t’il un pilote.. ? ». En France, souvent, un seul personnage est absurde et tous les autres sont dans le réel. L’idée, pour le film, était précisément d’inverser : il fallait qu’on ait l’impression que le personnage incarné par Caroline Anglade soit dans le réel et que tous les autres soient dans un monde absurde mais qui leur convienne bien. Petit à petit, on découvre qu’elle aussi a des failles.

France Net Infos : D’où vous est venue cette idée de tueur en série qui sème des vers sur ses scènes de crime ?

Benjamin Lehrer : Je suis féru de polars et de thrillers. Dans ces films, le serial killer a toujours un mode opératoire universel. En lisant des histoires à mes enfants le soir, je me suis rendu compte que tous les contes et comptines sont faits pour exorciser des peurs et racontent des histoires horribles. On les chante pourtant tous de façon très légère. C’est de là qu’est venue cette idée pour le tueur en série de mon film. En plus, c’était facile de laisser des indices dans la narration, que les spectateurs pouvaient facilement décrypter.

France Net Infos : Pourquoi avoir voulu faire référence au « Silence des Agneaux » en appelant votre enquêtrice Clarisse Sterling ?

Benjamin Lehrer : Dans « Le Silence des Agneaux », elle s’appelait Clarisse Starling. Evidemment, c’est un film que j’aime beaucoup. Il y a d’ailleurs plein de références dans « 38°5 Quai des Orfèvres ». J’avais envie de les assumer pleinement en allant jusqu’à appeler l’enquêtrice de mon film de cette façon. Tout le monde lui pose la question. Je voulais montrer comment les autres personnages réagissaient par rapport au sien. C’était aussi une façon de montrer une gradation dans l’absurdité.

France Net Infos : Carine, votre personnage est une spécialiste de l’informatique….

Carine Ribert : C’est le genre de personnages incontournable qu’on voit beaucoup en ce moment à la télé dans les séries policières. On l’identifie facilement avec ses grosses lunettes !

France Net Infos : En voyant le film, on sent un vrai plaisir de jeu de la part des comédiens…

Caroline Anglade : Devoir jouer au premier degré des situations complètement décalées sans essayer d’être drôle était vraiment très jouissif ! Sur le plateau, on était aussi tous spectateurs des autres comédiens. C’était agréable à la fois de jouer et de voir jouer les copains !

France Net Infos : La comédie est souvent considérée comme un genre mineur. C’est très difficile de faire rire.

Caroline Anglade : Oui, la comédie est souvent mise à mal alors qu’il est plus facile de faire pleurer que de faire rire. Dans une comédie, il y a une question de rythme, une justesse de jeu. C’est compliqué : la magie opère ou pas.

France Net Infos : Avez-vous laissé la place à l’improvisation ?

Benjamin Lehrer : Il y en a eu peu mais j’ai gardé dans le film toutes celles qui ont été faites, notamment la scène du piano. Tous les comédiens adhéraient à la vision du film et à leurs personnages. C’est pour cette raison que dès qu’il amenaient quelque chose, je le gardais !

France Net Infos : Tourner avec Didier Bourdon doit être impressionnant…

Carine Ribert : Le premier jour où il est arrivé sur le plateau, on était tous très émus. C’était hallucinant de se dire qu’on allait tourner avec Didier Bourdon. On a grandi avec lui et avec les Inconnus ! Il est généreux, humain, simple, accessible et surtout très professionnel. Il était très impliqué dans le film. On s’est tout de suite dit qu’on n’était pas là pour rigoler mais pour travailler !

Benjamin Lehrer : Je pense aussi qu’il retrouvait un peu la dérision et l’absurde qu’il y avait dans les Inconnus. Le film est très imprégné de leur culture. Il y a d’ailleurs des clins d’oeil à certains de leurs sketches. Les Inconnus ont posé les bases dans la tête de tout le monde sur cet univers absurde. Ils sont un peu nos Monty Python !

« 38°5 Quai des Orfèvres » de Benjamin Lehrer avec Didier Bourdon, Caroline Anglade, Carine Ribert, Pascal Demolon, Artus, Frédérique Bel… au cinéma depuis le 21 juin.

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